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Les 7 pรฉchรฉs capitaux du catholicisme

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Les 7 pรฉchรฉs capitaux : liste et dรฉfinitions. Comment interprรฉter les 7 pรฉchรฉs capitaux ? Que reprรฉsentent-ils ?

Les pรฉchรฉs capitaux ont รฉtรฉ listรฉs pour la premiรจre fois par Evrage le Pontique, moine ascรฉtique du IVรจme siรจcle aprรจs J-C.

Dans son ouvrage Antirrheticos, Evrage fait รฉtat de 8 pensรฉes entรชtantes, difficilement contrรดlables, qui empรชchent de rencontrer Dieu. Selon lui, cette activitรฉ automatique du mental constitue une vรฉritable maladie spirituelle, et tout doit รชtre fait pour la canaliser et la vaincre.

Evrage divise l’รขme en trois parties : l’intellect (partie saine), la partie concupiscible (dรฉsir de possession et de jouissance), et la partie irascible (sentiments dus ร  la frustration).

La thรจse d’Evrage a รฉtรฉ reprise par Jean Cassien (moine provenรงal) puis par le pape Grรฉgoire Ier (รฉlu en 590) : ce dernier fait รฉtat de 7 pรฉchรฉs capitaux.

Au XIIIรจme siรจcle, Saint Thomas d’Aquin (1225-1274) fait sienne la nomenclature des pรฉchรฉs capitaux (cf. son ouvrage La Somme thรฉologique, Prima secundae, question 84), et la rend cรฉlรจbre pour longtemps. La Contre-Rรฉforme l’utilisera de maniรจre immodรฉrรฉe.

Les 7 pรฉchรฉs capitaux sont, selon Thomas d’Aquin :

  1. l’orgueil,
  2. l’avarice,
  3. la luxure,
  4. l’envie,
  5. la gourmandise,
  6. la colรจre,
  7. la paresse.

Les pรฉchรฉs capitaux sont trรจs prรฉsents, encore aujourd’hui, dans les arts et la culture populaire.

Entrons dans la dรฉfinition des 7 pรฉchรฉs capitaux.

Les 7 pรฉchรฉs capitaux : interprรฉtation.

Un pรฉchรฉ est dit capital par rรฉfรฉrence ร  la “tรชte” (capita) : ce sont les pรฉchรฉs de “tรชte de liste”, donc susceptibles d’en entraรฎner d’autres, et notamment de provoquer les actes les plus graves, tels les pรฉchรฉs mortels (meurtre, adultรจre…).

Les 7 pรฉchรฉs capitaux sont des vices, des dรฉfauts susceptibles d’รชtre prรฉsents chez tous les รชtres humains, et qu’il s’agit de maรฎtriser et de rรฉduire.

Pour Saint Thomas d’Aquin, le pรฉchรฉ vient du dรฉsir du bien passager, alors que la vertu vient du dรฉsir du bien immuable. Il n’รฉtablit pas de hiรฉrarchie entre les pรฉchรฉs, car tous proviennent du mal, donc du dรฉsordre : cette absence d’ordre interdit tout classement. Mais le thรฉologien affirme par ailleurs que l’orgueil est le roi de tous les vices.

Voici la liste des 7 pรฉchรฉs capitaux et leur interprรฉtation.

1) L’orgueil : premier des 7 pรฉchรฉs capitaux.

Lโ€™orgueil consiste ร  s’attribuer des qualitรฉs qui sont en fait des qualitรฉs divines. L’orgueil est, selon Saint Thomas d’Aquin, le “dรฉsir de sa propre prรฉรฉminence” (ou de sa propre supรฉrioritรฉ), mais aussi “le mรฉpris de Dieu” et le fait de ne pas se soumettre ร  sa loi.

Dรป ร  l’ego et ร  l’ignorance, l’orgueil est donc un dรฉcentrage, un refus de reconnaรฎtre les lois cosmiques : un comportement qui rappelle Adam et Eve croquant du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

C’est, au mรชme titre que l’avarice, un pรฉchรฉ qui constitue la source d’autres pรฉchรฉs.

  • Nom latin : superbia
  • Nature : concupiscible
  • Synonyme : vaine gloire, apostasie (reniement de la foi), ambition
  • Vertus contraires : foi, charitรฉ (amour pour Dieu et pour les autres), prudence.

2) L’avarice.

Lโ€™avarice a le sens de cupiditรฉ : c’est un attachement excessif ร  l’argent et aux richesses, se traduisant par une accumulation de biens matรฉriels, voire un accaparement.

Pour Saint Thomas d’Aquin, l’avarice est un “dรฉsir immodรฉrรฉ des richesses”, “une recherche dรฉrรฉglรฉe des biens corruptibles”. L’avarice s’oppose ร  la vertu de la libรฉralitรฉ.

Selon Thomas, l’avarice est la “racine” concrรจte de la plupart des autres pรฉchรฉs, mais peut plus rarement dรฉcouler d’autres pรฉchรฉs tels l’ambition ou la gourmandise.

En psychologie, l’avarice est une perversion de l’instinct de conservation qui se traduit par une accumulation d’argent et de valeurs matรฉrielles.

  • Nom latin : avaritia
  • Nature : concupiscible
  • Synonyme : cupiditรฉ
  • Vertu contraire : libรฉralitรฉ, justice, charitรฉ.

3) La luxure.

La luxure est la recherche du plaisir sexuel et de la jouissance. Contrairement ร  l’orgueil et ร  l’avarice, c’est un vice visible, qui se traduit par des actes concrets. C’est pour Saint Thomas d’Aquin le vice le plus vil.

La luxure est aussi le plaisir de possรฉder l’autre, de se servir de lui pour assouvir ses propres envies ou instincts.

  • Nom latin : luxuria, fornicatio
  • Nature : concupiscible
  • Synonyme : dรฉbauche
  • Vertu contraire : chastetรฉ, tempรฉrance.

4) L’envie.

Ce pรฉchรฉ capital ne figure pas dans la liste d’Evrage ; il a รฉtรฉ introduit par le pape Grรฉgoire Ier.

Lโ€™envie est un sentiment nรฉgatif ressenti face ร  la possession d’un bien ou d’une qualitรฉ par autrui. C’est aussi la volontรฉ de s’approprier ces choses par tous les moyens : l’envie mรจne au ressentiment, ร  la haine, ร  la colรจre et ร  l’agressivitรฉ.

L’envie s’accompagne de tristesse, de tourment et de jalousie au sens commun du terme.

  • Nom latin : invidia
  • Nature : irascible
  • Synonyme : convoitise, tristesse, dรฉception, rancune, amertume
  • Vertus contraires : espรฉrance, tempรฉrance, force, gratitude.

5) La gourmandise.

La gourmandise ou gloutonnerie est un dรฉsir immodรฉrรฉ d’aliments pour soi-mรชme.

C’est un dรฉfaut visible qui, dans son mรฉcanisme, ressemble beaucoup ร  la luxure. Il rappelle directement le pรฉchรฉ originel, ร  savoir Adam et Eve croquant du fruit dรฉfendu. A ce titre, la gourmandise est liรฉe ร ย l’orgueil et ร  la dรฉsobรฉissance.

  • Nom latin : gula
  • Nature : concupiscible
  • Synonyme : gloutonnerie, goinfrerie
  • Vertus contraires : modรฉration, tempรฉrance.

6) La colรจre.

La colรจre est la plus puissante des passions. Elle conduit ร  des excรจs en paroles et en actes : violence, meurtre, insulte, vengeance, etc.

La colรจre nait de l’envie et s’accompagne de haine.

  • Nom latin : ira
  • Nature : irascible
  • Synonyme : haine
  • Vertu contraire : tempรฉrance.

7) La paresse.

La paresse, anciennement appelรฉe acรฉdie, est une sorte de dรฉcouragement qui atteint principalement les moines. Elle se double de paresse morale et se traduit par un relรขchement de la pratique monastique ou ascรฉtique.

  • Nom latin : acedia
  • Nature : irascible
  • Synonyme : acรฉdie, tristesse, ennui
  • Vertu contraire : force d’รขme, foi, espรฉrance.

Des 7 pรฉchรฉs capitaux aux 7 vertus catholiques.

Les 7 pรฉchรฉs capitaux peuvent รชtre mis en rapport avec les 7 vertus catholiques, qui trouvent leur source directement dans la Bible.

Ces 7 vertus se dรฉcomposent en 3 vertus thรฉologales (d’ordre divin) et 4 vertus cardinales (d’ordre humain).

Les 3 vertus thรฉologales figurent dans laย Premiรจre รฉpรฎtre aux Corinthiens (13, 13)ย duย Nouveau Testament ; ce sont :

  • la foi (adhรฉsion ferme aux vรฉritรฉs divines),
  • l’espรฉrance (confiance profonde en la grรขce de Dieu et en la vie รฉternelle),
  • la charitรฉ (amour dรฉsintรฉressรฉ pour Dieu et pour les autres ; mais aussi amour de Dieu pour le monde et pour l’humanitรฉ).

Quant aux 4 vertus cardinales, elles sont citรฉes dans la Sagesse de Salomon, livre de lโ€™Ancien Testamentย ; ce sont :

  • la prudence (rรฉflexion patiente, discernement),
  • la tempรฉrance (maรฎtrise de soi, contrรดle des passions, mesure),
  • la force (courage, force d’รขme, rรฉsistance aux vices et ร  la peur),
  • et la justice (morale, impartialitรฉ, รฉquitรฉ).

Lire aussi notre article sur les 3 vertus thรฉologales et les 4 vertus cardinales.

Le pรฉchรฉ dans les autres traditions spirituelles.

Dans le bouddhisme, il existe Trois poisons, qui ne sont pas des pรฉchรฉs ร  proprement parler, mais les racines objectives de l’illusion et de la souffrance. Ces poisons sont :

  • l’ignorance : moteur du dรฉsir, de la volontรฉ et du rejet, l’ignorance est la mรฉconnaissance de la vรฉritable nature des choses (vacuitรฉ, non-soi, interdรฉpendance, impermanence…),
  • la soif : c’est l’aviditรฉ, le dรฉsir, l’attachement, autant d’รฉlรฉments qui causent la souffrance,
  • l’aversion : elle recouvre la haine de l’autre ainsi que la colรจre.

En franc-maรงonnerie, on rencontre aussi trois vices qui sont associรฉs aux “trois mauvais compagnons” : il s’agit de l’ignorance, du fanatisme et de l’ambition.

Modif. le 8 dรฉcembre 2020

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