Le symbolisme du chien : interprétation. Quelle est sa signification profonde ? Qu’évoque le chien dans la mythologie ou en psychologie ? Quel présage ?
Le chien est un loup qui a été domestiqué par l’homme il y a plusieurs dizaines de milliers d’années. Il est un compagnon fidèle, un gardien zélé et un précieux auxiliaire de travail. Toujours prêt, il est reconnu pour son dévouement envers son maître.
Cependant, le chien est régulièrement jugé impur, avide voire dangereux. Errant en quête de nourriture, jamais rassasié, mangeur de cadavres, s’adonnant à une sexualité débridée, urinant partout, il représente les instincts les plus incontrôlables.
Néanmoins, le chien a du flair, il ressent les choses, devance son maître et ouvre la voie, ce qui lui donne une haute valeur spirituelle. Notons que contrairement au chat, le chien peut être dressé, éduqué ; son instinct est donc canalisable.
Dans la mythologie et la culture populaire, le symbolisme du chien apparaît en lien avec :
- les forces terrestres et souterraines, animales, instinctives et invisibles,
- l’inconscient ou l’inconnu,
- l’intuition,
- la mort et les Enfers,
- le rôle de psychopompe, pour le passage des âmes vers l’autre monde,
- le rôle de guide, de messager ou d’intercesseur.
Selon les cas, le chien est vu comme l’obstacle qui empêche de sortir du monde de la matière, ou comme le guide qui mène l’homme vers une autre réalité. De manière générale, par sa richesse symbolique, le chien éclaire le fonctionnement de l’âme humaine.
Tentons d’approfondir le symbolisme du chien.
Le symbolisme du chien dans la mythologie
Dans l’Egypte ancienne, Anubis est le dieu funéraire, passeur d’âmes, maître des nécropoles, représenté sous la forme d’un grand chien noir ou d’un homme à tête de canidé. Anubis accueille les défunts, momifie les corps, purifie les cœurs des turpitudes terrestres et les pèse pour les évaluer. Le choix du chien pour représenter Anubis est peut-être dû au fait que les chiens du désert rôdaient dans les cimetières et déterraient les corps. A noter qu’Anubis passe aussi pour le rassembleur des membres d’Osiris dans la célèbre légende, ce qui fait de lui le maître de la momification.
Dans la mythologie grecque, Cerbère est le chien d’Hadès, le maître des Enfers. Il est le chien monstrueux à plusieurs têtes qui garde l’entrée des Enfers. Il possède une queue de dragon et un dos hérissé de têtes de serpent. Il interdit l’entrée aux vivants et la sortie aux défunts. Cerbère symbolise la terreur de la mort, mais aussi l’enfer intérieur, l’esprit du mal. Héraclès réussira cependant à le maîtriser et Orphée parviendra à le charmer avec sa lyre, symbole de la spiritualité.
De même, dans la mythologie nordique, Garm est le chien enchaîné à la caverne Gnipahellir, gardant l’entrée vers le monde des morts.
Dans les civilisations précolombiennes, on élevait des chiens destinés à accompagner les morts dans le territoire de l’au-delà, le Mictlan. La race des xolos, chiens nus du Mexique, voit son nom issu de Xolotl, le dieu aztèque des morts.
Dans d’autres mythologies, le chien est présenté sous les traits du héros pyrogène, conquérant ou voleur de feu, en lien avec le symbolisme de l’étincelle, image de l’intuition, de la conscience et de la vie.
Le symbolisme du chien : interprétation
Nous l’avons vu, dans beaucoup de traditions, le chien est un intercesseur, un passeur d’âme. Mais son symbolisme peut aussi être abordé à travers la fidélité, le flair, la protection, la fécondité ou encore l’impureté.
Le symbolisme du chien : la fidélité
Le chien est d’abord un compagnon : proche de l’homme, il l’assiste dans toutes les circonstances, partageant ses joies et ses peines. Il est l’incarnation de l’amitié fidèle, du dévouement et de la constance dans l’engagement. Il n’écoute jamais sa propre souffrance et ne pleure que lorsqu’il a perdu son maître.
Au Japon, le chien Hachikō est connu pour avoir attendu quotidiennement, pendant près de dix ans, son maître à la gare de Shibuya, alors que ce dernier était décédé.
Le flair
Particulièrement développé, le flair du chien lui permet de s’orienter et de trouver le bon chemin. C’est ainsi que le chien joue le rôle de guide et d’éclaireur.
Son flair lui permet en particulier de trouver ce qui était caché et de déjouer les apparences, ce qui comporte un sens spirituel évident. A ce titre, et dans nombre de légendes, le chien est en capacité de prévenir le danger, de lutter contre le mensonge, de confondre les coupables, de lire dans la profondeur des âmes ou encore de détecter les maladies.
Le flair du chien est synonyme de clairvoyance voire de divination, ce qui a conduit dans un sens plus négatif à l’associer à la sorcellerie.
Le gardien et le protecteur
Le symbolisme du chien est très lié à la garde, à la vigilance et à la protection, en lien notamment avec son aboiement qui le distingue du loup. Sur certains emblèmes chrétiens, le chien qui crache du feu protège la maison de Dieu.
La symbolique du chien dans le chamanisme reflète la même idée, celle d’un esprit protecteur qui garde les portes du monde spirituel. Mais le chien garde aussi la porte des Enfers, comme nous l’avons vu plus haut avec Cerbère. Ainsi, en tant que gardien, le chien incarne autant la protection que l’obstacle qui empêche tout progrès sur soi-même.
L’impureté
Le chien évoque la saleté, la négligence et l’incurie. Le chien errant est toujours pouilleux, il ne se toilette pas, contrairement au chat. Il transmet l’une des pires maladies : la rage.
Dans la Bible, le chien est synonyme d’impureté ; il est assimilé à la violence, à la méchanceté et à la folie des hommes :
Comme le chien retourne à son vomi, l’insensé revient à ses folies.
Proverbes, 26, 11
Il en est de même dans l’Islam, qui voit dans le chien ce qu’il y a de plus vil. On dit qu’il faut laver sept fois le récipient dans lequel le chien a bu. Les chiens noirs sont associés au diable. Mais les textes sacrés évoquent aussi le côté positif de l’animal, en particulier dans le cadre de la chasse ou de la course, les lévriers étant considérés comme purs dans l’Islam.
Dans la philosophie antique, le cynisme (du grec ancien kuon : « chien ») est un mode de vie contestataire qui imite celui du chien, libre, simple et authentique. Les chiens vont où ils veulent, n’ont pas à se vêtir, mordent ceux qui les importunent, urinent et se reproduisent n’importe où. Ils suivent leur instinct, se contentent de ce qu’ils ont, sans se poser de question.
Le principal représentant de ce courant philosophique était Diogène le cynique qui vivait dans un tonneau au milieu des chiens. Diogène prônait le dénuement, la raison, la spontanéité, l’humilité, le rejet des conventions, du conformisme et du pouvoir en place.
Aujourd’hui, le syndrome de Diogène désigne un trouble du comportement conduisant à des conditions de vie insalubres.
L’instinct et le mal
Lorsqu’il n’a pas de maître, le chien symbolise l’errance, l’individu livré à lui-même et à ses instincts voraces, sans morale et sans avenir. Il symbolise le mal, l’âme errante, non-éveillée, prisonnière de la matière et de l’animalité.
Le chien présente l’image d’un condamné voué à manger les restes avariés, à dormir dehors et à être maltraité. Il incarne alors le bouc émissaire, le responsable désigné de tous les malheurs de la société.
Enfin, la symbolique du chien dans les rêves recoupe les mêmes idées : compagnie favorable, intuition, instinct, errance…
Le symbolisme du chien en franc-maçonnerie
En franc-maçonnerie, le chien apparaît dans la légende du neuvième degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Appartenant à un inconnu, le chien guide les maîtres chargés de trouver le mauvais compagnon coupable du meurtre d’Hiram, le chef architecte. Il représente les pulsions animales et la soif de vengeance, mais aussi l’intuition qui guide ceux qui évoluent sur le chemin de la vérité.
Le symbolisme du chien en alchimie
En alchimie spirituelle, le chien dévoré par le loup évoque une opération de purification, qui peut être rapprochée du serpent qui se dévore lui-même (Ouroboros). C’est le sage qui se purifie lui-même en déclenchant plusieurs fois sa mort pour renaître meilleur, afin d’accéder à la Connaissance.
Conclusion
Le chien possède un symbolisme ambigu : animal civilisé, respecté pour son travail, pour sa fidélité, pour sa capacité d’alerte et de protection, il est cependant rejeté lorsqu’il est sauvage, en particulier du fait de son impureté et de sa dangerosité.
Le chien joue un rôle positif lorsqu’il assiste l’homme dans ses tâches domestiques, agricoles ou civiles. En tant que chien de berger, il montre la voie. En tant que chien de chasse, il aide à repousser les forces obscures de la forêt. En tant que chien policier, il traque et démasque les criminels. Mais lorsqu’il est lui-même sauvage, il se rapproche de son ancêtre le loup et se retrouve accusé des pires maux.
Au final, le chien représente la partie de nous qui a besoin d’être connue, contrôlée, apprivoisée. Le chien est à l’image de l’homme, à la fois sauvage et civilisé…
Quelques expressions et citations sur le symbolisme du chien :
- entre chien et loup : à l’heure où l’on ne peut plus distinguer les choses,
- un caractère de chien,
- avoir du chien (en parlant d’une femme),
- tel maître tel chien,
- traiter quelqu’un comme un chien,
- une vie de chien,
- Les chiens aboient, la caravane passe (proverbe arabe).
Voir aussi :
Qu’est-ce que la spiritualité ? Quel est le but à atteindre ? En quoi consiste la méthode spirituelle ? Quel lien avec la philosophie ?
Ce livre numérique pdf (216 pages) aborde les notions essentielles de la spiritualité à travers 65 textes
Modif. le 20 juin 2024