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L’idolâtrie en religion et philosophie : définition

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L’idolâtrie en religion et philosophie : définition. Quels sont les péchés liés à l’idolâtrie ? Quelles sont les différentes formes d’idolâtrie ?

L’idolâtrie, c’est préférer le visible à l’invisible.
Bloy

L’idolâtrie (du grec eidololatria : « image d’adoration ») est la pratique qui consiste à vénérer une idole plutôt que le dieu qu’elle représente. L’idole est donc ici la représentation d’une divinité sous la forme d’une image, d’un symbole, d’une statue, d’un objet, d’un astre ou encore d’un personnage imaginaire ou réel.

Par extension, l’idolatrie est la déification d’un objet, d’un animal ou d’une personne, par exemple le Soleil, un guide, un prophète, le feu, la pluie, le lion, Zeus, l’or, un joueur de football, etc.

La définition de l’idolâtrie fait écho :

  • au paganisme : les cultes païens polythéistes de l’Antiquité sont considérés comme idolâtres par les Chrétiens, de même que certains cultes monothéistes, par exemple le monothéisme solaire,
  • au fétichisme, pratique qui consiste à attribuer à certains objets déifiés une puissance magique,
  • à la superstition, qui est la manière d’expliquer le monde par des causes irrationnelles, fausses ou fantaisistes,
  • au fanatisme, à l’intégrisme ou au fondamentalisme, phénomènes religieux marqués par l’excès et l’aveuglement.

Les religions monothéistes considèrent l’idolâtrie comme une corruption et un péché. Elles y voient illusion, ignorance et obscurantisme.

Sur le plan philosophique, l’idolâtrie peut désigner la tendance à vouer un culte à un mot, une idée, un texte ou un auteur, en le prenant pour la vérité.

Tentons une définition de l’idolâtrie en religion et philosophie.

Dans l’Ancien Testament, le culte du veau d’or est l’exemple même de l’idolâtrie.

L’épisode du veau d’or apparaît alors que les Hébreux, sortis d’Egypte, marchent vers la Terre promise. Guidés par Moïse, ils se rendent au pied du mont Sinaï. Moïse entreprend de gravir la montagne, mais ne revient pas. Inquiets, réunis autour d’Aaron, les Israélites conçoivent alors une idole sous la forme d’un veau en métal fait avec les bijoux des femmes. Ils bâtissent un autel devant lui, le fêtent et lui font des offrandes. Lorsque Moïse redescend de la montagne, il réalise la corruption de son peuple et brise les tables de la Loi qu’il vient de recevoir de Dieu (Exode 32).

Le veau d’or représente ici le dieu des biens matériels qui se substitue au dieu de l’esprit. Il renvoie à la tentation de diviniser les désirs humains et de s’adonner à la superstition. Or le deuxième des 10 commandements interdit formellement l’idolâtrie.

Le rejet de l’idolâtrie dans le christianisme repose sur l’idée que Dieu ne peut avoir de forme ni de nom : Dieu est invisible, et aucune idole ne peut traduire sa présence et encore moins son essence.

La querelle des iconoclastes éclate au VIIIe siècle dans l’Empire byzantin, entre partisans des icônes et ceux qui les rejettent. Pour les premiers, le Verbe s’est fait chair : Jésus peut donc être représenté. Pour les seconds, cela constitue un péché d’idolâtrie.

La crise prend fin en 843 : les icônes sont autorisées mais doivent être produites selon des principes rigoureux. La vénération ne doit pas concerner la représentation matérielle mais le « prototype », autrement dit l’entité représentée, dont l’image fixe la présence.

Les protestants, quant à eux, refusent toute représentation religieuse, comme dans l’Islam.

Le fait de lire les écritures saintes dans leur sens littéral pourrait constituer une autre forme d’idolâtrie. En effet, le littéralisme consiste à prendre le texte pour Dieu lui-même.

Idolâtrer un texte sans le comprendre, c’est ne plus chercher à savoir qui est Dieu : c’est renoncer à la quête de sa présence.

L’Islam interdit la représentation de Dieu et des prophètes. Le chirk est le péché qui consiste à associer dieu à un objet ou un individu : c’est un péché majeur, impardonnable. Ce qui explique que l’art sacré musulman s’en tienne le plus souvent aux représentations géométriques et à la calligraphie.

Selon les monothéismes, l’idolâtrie rassemble toutes les passions humaines. Vénérer un objet et le prendre pour Dieu, c’est verser dans le plaisir, la jouissance, la paresse, l’orgueil, l’ignorance, l’erreur et l’illusion. L’idolâtrie favorise en outre le commerce des idoles, donc la cupidité.

Lire aussi notre article sur les 7 péchés capitaux

Pratiquer l’idolâtrie, c’est s’éloigner de Dieu en lui substituant des éléments qui relèvent non pas de l’esprit, mais de la matière. C’est donc se soumettre à cette dernière. C’est aussi préférer le partiel et l’éphémère à l’absolu et à l’éternel.

En philosophie, l’idolâtrie peut désigner la tendance à vénérer certains mots, concepts, expressions, valeurs, textes, déclarations, personnages célèbres ou auteurs, et à considérer qu’ils représentent l’expression d’une vérité indépassable. On parle d’idolâtrie conceptuelle, de fétichisme des mots, de mots-totem, etc.

L’idolâtrie renvoie alors à une forme de sectarisme ou de certitude malsaine. Elle s’oppose à la raison et au doute qui permettent de progresser. Elle marque un arrêt dans la réflexion.

La franc-maçonnerie fait appel à l’étude des symboles pour tenter d’approcher la vérité. Mais ces symboles ne doivent pas être pris pour la vérité elle-même. C’est précisément ce qui est rappelé dans les sentences du 4ème degré du Rite écossais ancien et accepté :

Ainsi, en franc-maçonnerie, les symboles sont un moyen d’accéder à l’indicible, jamais une fin en soi.

Faux culte, fausse croyance, l’idolâtrie est illusion et attachement.

L’individu reste figé dans ses certitudes : il ne réfléchit plus au mystère divin, ne cherche plus à connaître ce qui le dépasse, ne s’ouvre plus au monde, ne progresse plus. Se plaçant sous la protection illusoire des idoles, pensant détenir la vérité, il s’en éloigne constamment.

L’idolâtrie réduit au lieu d’ouvrir, enferme au lieu d’éveiller. Le culte des idoles s’attache à la forme et aux apparences plutôt qu’à l’esprit. En s’intéressant aux manifestations partielles, matérielles et éphémères, les pratiques idolâtres ferment le chemin de l’absolu et de l’universel.

Au final, l’idolâtrie est le signe d’une confusion de l’esprit. L’illusion s’installe, la conscience se ferme, le lien entre Dieu et l’homme se coupe, la Lumière spirituelle s’efface.

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Modif. le 5 avril 2024

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