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Le symbolisme de la lumière

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Le symbolisme de la lumière : signification. Comment interpréter la lumière sur le plan spirituel ? Que symbolisent la source de la lumière et le rayon ?

Objet de nombreux cultes, la lumière possède un symbolisme riche et relativement accessible, intimement lié à celui du feu, du soleil et de la lune (à ce titre, notons que la lumière du soleil est directe et immédiate, alors que la lumière de la lune est réfléchie).

Expression d’une puissance supérieure, issue d’un centre ou d’une source primordiale, la lumière crée, éclaire, ordonne, clarifie. Mais sa force peut être aveuglante. A l’inverse, elle peut dans certains cas s’éclipser, ou rencontrer des obstacles qui empêchent la dissolution des ténèbres.

La première caractéristique de la lumière est son côté abstrait : la lumière est au-delà de la forme, elle est impalpable ; elle est donc de nature typiquement spirituelle, par opposition avec la matière qui est, elle, opaque, amalgamée.

Mais la lumière éclaire la matière : elle explique le monde, elle permet de comprendre les choses physiques. Elle entretient donc un rapport étroit avec le domaine du concret : elle est un pont entre matière et esprit.

Dans son sens le plus profond, la lumière est celle de l’intuition et de la conscience qui s’ouvre. Nous avons ici un chemin qui mène à l’illumination : c’est l’accès à la Connaissance, à la vérité, c’est l’entrée dans la vie véritable.

Entrons dans le symbolisme de la lumière.

Le symbolisme de la lumière et des ténèbres.

La lumière s’oppose à l’obscurité et aux ténèbres. Une première analyse consisterait à associer ces termes au chaos et à l’ordre :

  • l’obscurité serait la matière désordonnée : voilà le chaos primordial de la matière,
  • la lumière serait au contraire le monde ordonné sous l’action du Principe supérieur (l’esprit divin, le plan divin, la force masculine fécondante, la semence céleste…).

Nous aurions donc deux énergies cosmiques fondamentales, l’une négative, l’autre positive.

La séparation de ces deux énergies rappelle le Fiat lux de la Genèse : « que la lumière soit, et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres ».

Mais cette analyse a tendance à séparer artificiellement matière et esprit : elle privilégie une approche transcendantale au détriment d’une approche immanente. Autrement dit, elle rejette l’idée selon laquelle la matière pourrait contenir son principe organisateur en elle-même.

Nous privilégierons une autre analyse, qui consiste à se placer au niveau du psychisme humain. Ainsi :

  • les ténèbres seraient le désordre mental, l’incapacité à voir l’ordre et la perfection du monde,
  • à l’inverse, la lumière serait celle de la conscience éclairée, c’est-à-dire la reconnaissance de l’ordre universel éternel, et l’acceptation de cet ordre.

Les ténèbres seraient donc désordre intérieur, oubli, incompréhension ou incapacité à voir ; cette obscurité causerait souffrance mentale et troubles dans les rapports humains.

La lumière serait au contraire le souvenir de l’ordre cosmique, la reconnaissance des lois qui régissent l’univers, ou tout simplement l’acceptation des choses telles qu’elles sont.

La lumière : notre lien au monde.

En nous reliant au monde, la lumière nous libère. Cette idée de lien est centrale dans le symbolisme de la lumière, et renvoie directement à l’étymologie du mot « religion » (en latin religare : « relier »).

La lumière constitue un pont mental qui nous raccroche au monde tel qu’il est, dont nous faisons partie, et par conséquent nous raccroche à notre être véritable.

La lumière est donc un réalignement, un retour au monde. C’est le souvenir et l’acceptation de notre nature, de notre condition ainsi que de nos origines : nous sommes issus d’un enchainement de causes qui plongent leurs racines dans la nuit des temps. Voilà le souvenir de la grande source, cause primordiale de laquelle tout découle, de laquelle nous sommes directement issus.

Voilà donc la réalité qui se dévoile : nous sommes les enfants du cosmos. Dire cela, c’est se laisser traverser par la lumière du monde.

Le symbolisme du rayon de lumière.

Le rayon de lumière symbolise le pont entre le Tout (Dieu, le cosmos ou encore la Nature dans son ensemble) et l’âme humaine, ce qui rend possible le réalignement, le recentrage.

Le rayon descend du Tout pour se poser sur l’Homme : il peut être associé au Verbe divin (les textes sacrés), au logos, à la parole cosmique, à la vérité. Il constitue le rappel de notre nature profonde : nous ne sommes pas des êtres séparés du monde, mais des créatures du monde, évoluant au coeur du monde.

Mais la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue. Ce verset du prologue de l’Evangile selon Saint-Jean pointe la résistance de l’homme, son ignorance, son incapacité à reconnaître l’évidence que nous sommes Un.

Pourtant la lumière est partout présente, elle irrigue et relie toute chose. A ce titre, elle rappelle le cinquième élément : l’éther, ou Quintessence alchimique.

Lire aussi notre article : la lumière luit dans les ténèbres, interprétation.

Le Royaume de lumière.

Nous l’avons évoqué plus haut, les ténèbres représentent les obstacles sur le chemin de la compréhension : il s’agit en premier lieu de notre ego, qui nous fait croire que nous sommes des êtres séparés, autonomes et libres. L’ego déréglé mène à l’orgueil, à l’aveuglement et au triomphe des préjugés. Ce monde de mensonge et de mort rappelle les Enfers, de la même manière que l’ego évoque Satan.

Au contraire, le dépassement de l’ego permet de nous ouvrir à la conscience du Tout, dans une logique de réconciliation avec le monde, avec les autres et avec notre destin.

Un Royaume de lumière s’ouvre alors à nous : un espace de paix, de sérénité, de bonheur et d’immortalité, baigné par la grande loi d’Unité et d’Amour. C’est le Royaume de Dieu dont parle Jésus : un espace qui est « au-dedans de nous » (Luc 17, 21).

Dans ce Royaume, l’homme se tient parfaitement centré par rapport à l’axe du monde, c’est-à-dire la loi cosmique, ou tout simplement Dieu. A ce titre, rappelons que l’origine du mot Dieu est « la lumière » (lire notre article dédié).

Le symbolisme de la lumière : la vie.

Au sens spirituel comme sur le plan biologique, la lumière est souvent associée à la vie.

Citons le prologue de l’Evangile de Jean : Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. (…) En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.

Vivre vraiment, c’est accueillir la lumière cosmique en soi, c’est-à-dire reconnaître sa véritable nature, non-séparée. C’est ouvrir sa conscience pour revenir au Tout.

Nous retrouvons ici les caractéristiques du « Royaume » : la paix, la sérénité, la confiance, l’espérance.

La lumière : la voie.

Le rayon de lumière divine montre le chemin : suivre la direction de ce rayon, c’est remonter vers la source. C’est marcher vers Un-le-Tout, vers Dieu, c’est devenir un enfant de Dieu. C’est fusionner avec la lumière primitive.

A ce titre, Dieu est d’abord la voie à suivre, ce qui n’est pas sans rappeler le tao du taoïsme (la grande mère, la source, la Voie).

Paradoxalement, la lumière peut donc être un retour vers les ténèbres : un retour à l’origine de toute chose, à la source oubliée, au tao. Cette voie est celle de la résolution de la dualité, de la reconstitution de l’unité première.

Ainsi est-il dit :
le chemin vers la lumière paraît sombre,
le chemin qui avance semble reculer.

Tao Te King, 41

Le symbolisme de la lumière en franc-maçonnerie.

Le symbolisme de la lumière est central en franc-maçonnerie.

La lumière symbolise la renaissance initiatique, la progression vers de nouveaux niveaux de conscience. L’initié est celui qui, ayant traversé les épreuves, ôte le bandeau pour recevoir la lumière.

Par ailleurs, les « trois grandes lumières » de la franc-maçonnerie sont le Volume de la loi Sacrée (la Bible), le compas et l’équerre.

Enfin, les travaux durent de midi à minuit, signe d’une aspiration de la lumière extérieure vers l’intérieur.

Lire notre article sur le symbolisme de la lumière en franc-maçonnerie.

Conclusion sur le symbolisme de la lumière.

La lumière ne peut être comprise qu’avec la sagesse de l’ombre.

Au final, on aurait tort d’opposer la lumière aux ténèbres : ce dualisme serait une impasse.

La dualité lumière-ténèbres doit être dépassée, d’une part parce que les ténèbres génèrent la lumière, et d’autre part parce que la lumière éclaire les ténèbres, permet de les comprendre.

Ainsi, les ténèbres peuvent être assimilées à la non-conscience de l’ordre, alors même que cet ordre est partout présent dans la manifestation. Un ordre qui peut être appelé Amour.

La perception de la matière opaque et ténébreuse correspond sans doute à une conception du monde marquée par nos instincts, notre ego et nos blocages. L’être éveillé, lui, ne fait plus de différence entre matière et lumière.

Au final, le pouvoir mutuel de la lumière et des ténèbres montre que nous parlons en fait d’une même réalité, absolue et éternelle.

Lire aussi Tao Te King 27 : incarner la lumière.

Modif. le 19 mai 2022

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