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La lumière luit dans les ténèbres : interprétation

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La lumière luit dans les ténèbres : interprétation. Que signifie cette phrase du prologue de l’Evangile selon Saint-Jean ? Que symbolise la lumière et que représentent les ténèbres ?

Le prologue de l’Evangile selon Saint-Jean dit :

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement en Dieu.
Tout par lui a été fait, et sans lui n’a été fait rien de ce qui existe.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes,
Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.
(…) La lumière, la vraie, celle qui éclaire tout homme, venait dans le monde.
Il (le Verbe) était dans le monde, et le monde par lui a été fait, et le monde ne l’a pas connu.
Il vint chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.
Mais quant à tous ceux qui l’ont reçu, Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom,
Qui non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu sont nés.

Le symbolisme de la lumière et des ténèbres est très présent dans le christianisme, mais aussi dans d’autres religions ou courants spirituels, en particulier la franc-maçonnerie.

Imaginons une bougie posée au centre d’une grotte ou d’une pièce sombre. La lumière représente ce qui surgit du noir et provoque la dissipation des ténèbres.

La lumière est donc une source, voire une sorte de « résurgence ». La flamme de la bougie est petite, mais son pouvoir est immense : par sa seule présence, elle réussit à chasser l’obscurité.

La lumière permet aussi de voir ce qui était jusqu’alors invisible : elle est conscience. Selon le prologue de Saint-Jean, cette lumière est le Verbe, Dieu, le commencement, ou encore la vie.

Nous allons voir qu’elle cache un symbolisme plus riche encore.

Tentons d’interpréter la phrase « la lumière luit dans les ténèbres ».

Lire aussi notre article sur le symbolisme de la lumière.

La lumière luit dans les ténèbres : interprétation, explication.

La lumière luit dans les ténèbres peut évoquer un point central, comme le centre d’une sphère : c’est le point de convergence, le « milieu » de tout, et sans doute l’objectif vers lequel il faut tendre.

Les rayons de lumière montrent le chemin qui permet de remonter jusqu’à la source. Ainsi, approcher le centre, c’est être aux côtés de Dieu, c’est être prêt à fusionner avec lui.

Cette lumière serait donc Dieu, ou la loi divine (le Verbe). Cette loi décrit l’ordre du monde, qu’il conviendra de reconnaître et auquel il faudra se soumettre. La lumière, c’est donc l’axe du monde, l’ordre au milieu du chaos, ou plus précisément la conscience de cet ordre.

En effet, la lumière est pure conscience : ayant abandonné ses illusions et ses ambitions, l’être éveillé renonce à lui-même pour s’abandonner à Dieu, c’est-à-dire à toute chose. Plein d’espérance, il fait désormais confiance à l’ordre des choses. Il cesse de tout juger en bien et en mal, il renonce à la colère et à la peur. Il accepte toute chose car toute chose est vraie et légitime quand elle est comprise à l’aune de la lumière divine, y compris le malheur, le désespoir et la haine.

C’est ainsi que l’être éveillé reprend sa vraie place dans le monde. Il n’est plus le centre de son monde : débarrassé de son égoïsme, il s’insère dans le grand Tout cosmique.

On voit donc que cette lumière est compréhension, bienveillance et tolérance : autrement dit, elle est Amour, un amour illimité qui embrasse tout, même ce qu’il y a de plus inacceptable, de plus horrible ou abject. Car la lumière est capable de dissoudre même les ténèbres les plus profondes.

Pas de lumière sans ténèbres.

Paradoxalement, la lumière ne pourrait exister sans les ténèbres. Un monde qui ne serait que lumière serait un monde sans dualité, sans matière, ni temps, ni espace : autrement dit le néant.

La lumière est donc indissociable des ténèbres : on pourrait même dire que la lumière est incluse dans les ténèbres, selon l’idée d’un principe immanent présent en toute chose. Cela rappelle aussi la doctrine alchimique, selon laquelle le feu divin est inclus dans la matière.

Ainsi, les ténèbres peuvent être assimilées à la Nature aveugle, à la matière inconsciente. C’est le cercle sans son point central (or ce point central doit bien exister car sinon il n’y aurait pas de cercle). C’est l’être humain inconscient, ignorant ses propres causes.

Ainsi, la lumière ne peut surgir que de la matière. Car elle est à la fois ce qui précède et procède de la matière.

« Les ténèbres ne l’ont point reçue. »

Le prologue de Saint-Jean dit : Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.

Si la lumière évoque l’émergence de la conscience, alors les ténèbres représentent l’état de ceux qui ne sont pas en mesure de comprendre.

Il ne s’agit pas ici d’une question d’intelligence (Jésus dit dans Mathieu 5, 3 : Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !), mais de coeur.

En effet, recevoir la lumière implique d’ouvrir son coeur, c’est-à-dire de lâcher-prise, de renoncer à son ego, à ses désirs et ses attachements, bref à tout ce qui peut faire obstacle à la véritable lumière.

Car la « lumière qui vient dans le monde » est prête à se poser sur chacun sans distinction, mais elle ne peut entrer dans le coeur de celui qui ne veut pas : Il (le Verbe) vint chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.

Jésus ne tient pas de grands discours philosophiques ; il invite seulement ses disciples à tout abandonner pour le suivre. C’est cela, recevoir la lumière : renoncer à soi-même pour se livrer entièrement à Dieu.

La lumière luit dans les ténèbres en franc-maçonnerie.

En franc-maçonnerie, le symbolisme de la lumière est central ; il se nourrit largement de la vision chrétienne.

Les loges bleues travaillent une fois le Volume de la Loi Sacrée ouvert au prologue de l’Evangile de Jean. L’ouverture des travaux décrit l’arrivée (la descente) de la lumière dans la loge. La lumière peut aussi évoquer l’inaccessible étoile du 2ème degré du rite maçonnique.

Le symbolisme de la lumière est particulièrement fort au moment du passage du néophyte dans le cabinet de réflexion préalablement à la cérémonie d’initiation. Une bougie se trouve là, seule source de lumière, unique élément auquel l’impétrant peut se raccrocher.

Cette flamme représente la volonté qui tente de percer les ténèbres de nos défauts et de notre ignorance. Elle ouvre le chemin de la vie au-delà de la colère, du rejet et de la peur. Elle invite le futur franc-maçon en trouver à lui cet espace d’authenticité et de vérité, promesse de paix et de sérénité.

Lire aussi notre article : La lumière en franc-maçonnerie.

Pour aller plus loin :

Couverture les Essentiels de la Spiritualité Adrien Choeur

Modif. le 11 mars 2024

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