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Le symbolisme de la nuit

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Le symbolisme de la nuit : qu’évoque-t-il ? Comment interpréter la nuit, les étoiles et la lune ? Quel sens spirituel ?

Le symbolisme de la nuit est a priori négatif : la nuit est sombre, ténébreuse, dangereuse, trompeuse et angoissante. Mais paradoxalement, elle suscite aussi un espoir de renouveau, de renaissance.

Ainsi, la nuit peut être symbole de sommeil et de mort mais aussi d’éveil spirituel. En effet, la lumière ne peut avoir d’existence (et de sens) qu’au milieu des ténèbres.

De la nuit émergent la lune, les étoiles, la lueur de la bougie et des flammes, l’aube… autant d’éléments qui symbolisent la conscience qui tente de percer à travers notre désordre psychique.

La nuit est synonyme d’inconnu, de chaos mental, de cauchemar : son visage monstrueux nécessite d’être éclairé, dompté.

Dans la théogonie d’Hésiode, Nyx (la nuit) est fille de Chaos. Elle est souvent représentée sur un char tiré par quatre chevaux noirs.

En arabe, la nuit est al-laïl, qui a donné le prénom Leïla. Dans la culture musulmane, la nuit évoque le mystère, mais aussi la douceur et la féminité.

Entrons dans le symbolisme de la nuit.

Voir aussi : Les œuvres inspirées par la nuit.

Le symbolisme de la nuit : interprétation.

La nuit est l’obscurité qui enveloppe la partie de la Terre qui n’est pas éclairée par le Soleil. La nuit se définit donc par rapport au Soleil, avec lequel elle semble lutter. A ce titre, la période entre l’équinoxe d’automne et le solstice d’hiver peut représenter la victoire momentanée de la nuit sur le Soleil.

Mais parfois, la lumière émerge au sein même du chaos nocturne.

La nuit, le sommeil et l’éveil.

La nuit symbolise le sommeil de l’âme. Elle se pose comme un voile sombre sur notre conscience : elle est un obstacle à la lucidité, à la réalité, à la vérité.

La nuit représente l’inconscient, la force de l’instinct et des passions (la plupart des crimes et délits sont commis la nuit) ou encore les illusions.

Elle évoque le mental non maîtrisé, en proie à l’imagination, aux peurs, aux idées noires, aux ombres, aux fantasmes et aux hallucinations. Elle symbolise l’ignorance par opposition à la lumière de la connaissance, ou encore l’absence de logique.

La nuit évoque aussi l’oubli des lois cosmiques et la haine qui peut en découler : c’est la porte ouverte à toutes les horreurs, à toutes les dérives.

Mais à l’inverse, la nuit peut former un temps favorable à l’éveil. Le calme de la nuit favorise en effet la contemplation, le questionnement, la réflexion ou la plongée en soi. C’est aussi le moment où l’on peut analyser ses rêves, où l’on peut sonder son propre psychisme.

La nuit n’est pas forcément synonyme d’inactivité. Elle constitue même un moment privilégié pour écrire, prier ou méditer. Elle peut être transformée en moment de veille active, d’observation ou de décision.

Les insomnies sont souvent productives, elles permettent de préparer le lendemain. Les moines bénédictins se lèvent après minuit pour réciter versets de la Bible et psaumes. Autrefois, on se levait la nuit pour entretenir le feu, surveiller le bétail ou même accomplir des tâches domestiques.

La nuit est donc un temps privilégié qui fait naître ce que sera demain.

Le symbolisme de la nuit : un commencement.

La nuit peut être vue comme le commencement d’un jour nouveau, de la même manière que l’hiver est le début de la nouvelle année. Elle est donc porteuse d’espérance.

Nous l’avons déjà évoqué, elle peut symboliser le temps de la préparation, de la gestation, de la germination : la nuit couve la vie, elle nourrit toutes les potentialités. Plutôt que néant, la nuit peut donc exprimer la Grande source, le tao duquel surgit toute chose, à partir duquel le monde se déploie. Elle est le négatif qui génère le positif.

A ce titre, retourner à la nuit n’est pas mauvais en soi : c’est le retour à la nature unique des choses, à cette racine inconnue et ineffable dont nous sommes tous issus. Au fond de la nuit (« la nuit des temps ») se cache la vérité ultime en même temps que notre authenticité primordiale.

La lune et les étoiles.

La lune et les étoiles scintillent au coeur de la nuit, souvenirs de la lumière cosmique, signe de la présence d’une conscience supérieure et d’un ordre caché au-delà de l’illusion du néant.

A noter que le symbolisme de la nuit et de la lune renvoie aussi aux cycles. Les cycles se succèdent à l’infini : chaque mort est suivie d’une renaissance.

Ainsi, la nuit rythme le cycle de l’existence : chaque nuit est un temps de consolidation de la journée passée, un temps de progrès ou un point de bascule.

Enfin, la lune peut être assimilée à l’âme humaine changeante, tantôt sombre, tantôt sensible et ouverte à la lumière du Soleil.

Parallèles symboliques.

La nuit peut renvoyer aux éléments et symboles suivants :

  • la matière opaque, profonde, notamment le plomb alchimique qui nécessite d’être visité, compris, épuré,
  • le chaos : l’intérieur de la Terre,
  • le fond des océans,
  • le labyrinthe,
  • la forêt,
  • les contes et les légendes,
  • les monstres, dragons, les animaux de nuit, etc,
  • la partie noire du symbole du yin et du yang (taijitu) ; à noter que dans cette partie noire (négative et féminine) se trouve un point blanc, qui peut représenter la pleine lune au milieu de la nuit,
  • la couleur noire,
  • etc.

Au final, la nuit évoque la magie et les mystères, alors que la lumière du jour révèle la réalité. La nuit représente le monde des ténèbres, de l’inconnu, de l’inconscient, le royaume des morts et des démons. Mais en elle se cache la vérité des choses : la nuit fonde la lumière, qui ne serait rien sans elle.

Lire aussi nos articles sur le symbolisme du feu et de la lune.

Pour aller plus loin :

  • Dictionnaire des symbolesde Gheerbrant et Chevalier. Avec ses 1600 articles, cet ouvrage est une référence dans l’étude des symboles.

Modif. le 9 février 2022

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