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Le symbolisme du feu

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Le symbolisme du feu : signification. Comment interpréter le feu sur le plan spirituel ? Que symbolisent la flamme et la bougie ?

Puissance à la fois naturelle et surnaturelle, objet de nombreux cultes, le feu possède un symbolisme riche, intimement lié à celui de la lumière et du soleil, mais aussi à celui de la foudre.

La maîtrise du feu par l’Homme daterait d’environ un million d’années. Cette révolution, comparable à celle de l’électricité au XIXème siècle, a permis un accroissement de la taille du cerveau humain grâce à la cuisson des aliments. Facteur de sécurité et de socialisation, le feu est aussi à la base des progrès scientifiques et techniques de l’humanité.

Comme la flamme s’élève verticalement, l’Homme s’élève en savoir et en conscience. C’est ainsi que l’Homme se distingue des animaux, ce qui introduit toutefois un risque de décentrage (cf. le mythe de Prométhée, voir plus bas).

Le feu exprime une force supérieure, parfois difficile à maîtriser. Le feu éclaire, dissout les ténèbres, illumine, ouvre la conscience. Mais sa maîtrise implique un effort permanent : on ne doit jamais laisser le feu s’éteindre. Réactiver un feu éteint nécessite une importante dépense d’énergie.

Dans son côté négatif, le feu brûle, détruit, ravage. Il renvoie au feu des passions (la haine, la colère, la discorde, la vengeance) ou au feu des Enfers qui brûle sans consumer, provoquant une souffrance éternelle.

En tant que force déchaînée, le feu est impossible à arrêter. Il devient alors l’ennemi de la Nature vivante et de l’humanité.

Le feu se situe symboliquement au-delà de la matière et de la forme : insaisissable, impalpable, il présente les mêmes caractéristiques que l’Esprit et que Dieu ; on ne peut l’approcher de trop près. La flamme qui s’agite rappelle aussi le mouvement de la vie, mais cette vie-là s’exprime uniquement dans sa dimension spirituelle, et non terrestre.

Dirigée vers le haut, la flamme évoque aussi la colonne cosmique : l’axe du monde.

Entrons dans le symbolisme du feu.

Lire aussi notre article sur le symbolisme de la lumière.

Le symbolisme du feu : interprétation.

En distinguant trois types de feux correspondant à trois dieux, l’hindouisme offre un parfait résumé du symbolisme du feu :

  1. Agni est le feu du monde terrestre : c’est le symbole du foyer domestique et des rituels sacrificiels,
  2. Indra est le feu du monde intermédiaire (la foudre) : c’est le symbole de la force,
  3. Surya est le feu céleste (le soleil) : c’est le symbole de la connaissance.

Voyons plus en détails les différentes dimensions symboliques du feu.

1) Le symbolisme du feu : le sacrifice, la purification.

Le feu est régulièrement associé à la couleur rouge, couleur du sang.

Le sang versé évoque le sacrifice qui permet de régénérer la Nature. De même, le feu qui brûle la Nature permet sa purification, son renouvellement, sa renaissance.

C’est aussi l’une des significations ésotériques de l’acronyme INRI, qui pour les franc-maçons au grade de Rose-Croix, signifie Igne Natura Renovatur Integra : La Nature est renouvelée intégralement par le feu (voir plus bas).

Symboliquement, traverser le mur de feu, c’est renoncer à soi-même et à son orgueil. C’est s’abandonner, c’est accepter de mourir, c’est se sacrifier pour entrer dans un nouveau monde, fait de paix et d’amour.

Le feu évoque donc une purification intime (cf. la crémation, l’incinération), une mort qui annonce la naissance d’un être meilleur. A ce titre, le feu est associé, comme l’eau, à nombre de rites de passage et de cérémonies initiatiques.

Sur le plan macrocosmique, la purification par le feu évoque les grandes sécheresses ou les incendies provoqués par Dieu, à mettre en parallèle des grandes purifications par l’eau (cf. le Déluge).

2) Le feu et la force.

Le feu représente l’énergie, la force, la volonté agissante, qu’il s’agisse de la volonté humaine prête à s’élever, ou de la puissance divine qui fait tourner le monde.

C’est aussi la force du rappel à la loi cosmique, exprimée par la foudre. Parfois symbolisée par un triangle inversé, la foudre représente l’intervention soudaine et brutale du Ciel : c’est une énergie explosive.

La foudre peut aussi exprimer l’esprit divin qui tombe subitement sur l’esprit humain, forçant l’ouverture de l’âme, ouvrant un canal pour l’intuition.

3) Le feu : l’Esprit, le principe divin.

Nous l’avons dit, le feu est associé à la couleur rouge, couleur qui est aussi celle du coeur.

A ce titre, le feu représente l’énergie centrale, celle de l’Amour universel : voilà le principe qui régit le cosmos. Cet Amour est le réservoir du feu de l’Esprit, le feu divin.

Un jour, quand nous aurons maitrisé les vents,
les vagues, les marées et la pesanteur,
nous exploiterons l’énergie de l’amour.
Alors pour la seconde fois dans l’histoire du monde,
l’homme aura découvert le feu.

Pierre Teilhard de Chardin

La flamme quant à elle est l’âme du feu ; elle est l’image la plus aboutie de la transcendance.

Ce feu supérieur est aussi présent en l’Homme, lorsque son âme se tourne vers Dieu : c’est l’énergie spirituelle qui porte la connaissance intuitive (l’étincelle de compréhension), le feu intérieur qui relie l’individu au Tout et à Dieu, dans l’Amour. Ce peut aussi être le feu de l’intellect et de la raison qui purifie les idées, brûlant tous les préjugés jusqu’à laisser éclater la vérité.

Dans le bouddhisme, le feu intérieur est cette énergie capable de brûler et de détruire l’enveloppe extérieure, ce qui rappelle aussi la kundalini du yoga (le serpent de feu).

La signification du feu dans le christianisme.

Le symbolisme du feu est très présent dans le christianisme, aussi bien dans la Bible que dans la théologie ou la liturgie.

Citons quelques exemples :

  • dans le Livre de la Genèse, les chérubins qui gardent la porte fermée du paradis sont armés d’épées flamboyantes : ils protègent l’espace sacré, lieu de connaissance, d’innocence et de bonheur,
  • dans le Livre de l’Exode, la révélation de Dieu à Moïse dans le pays de Madian se fait par l’intermédiaire du Buisson ardent. Dieu appelle Moïse à venir au milieu du buisson, qui brûle sans jamais se consumer,
  • dans l’Apocalypse, Jésus a un regard de feu : l’heure de vérité est venue. L’Apocalypse parle aussi d’un étang de feu dans lequel est jetée la Bête,
  • à Pâques, le « feu nouveau » est le symbole du Christ ressuscité,
  • dans les églises, les cierges et les bougies symbolisent la communion de l’homme avec le feu divin,
  • à Jérusalem, le Feu sacré est décrit par les chrétiens orthodoxes comme un miracle se produisant chaque année dans l’enceinte du Saint-Sépulcre, le Samedi saint précédant Pâques,
  • enfin, les chrétiens associent souvent le feu au Saint-Esprit.

A noter que dans la Bible, le feu est largement associé au jugement, à la purification et à la présence de Dieu.

Le symbolisme du feu en alchimie.

Selon les principes de l’alchimie spirituelle, deux énergies fondamentales, antagonistes mais complémentaires, imprègnent le monde : il s’agit de la Lune (force inorganisée, séparée du centre, montrant la direction de la chute) et du Soleil (expression du principe actif masculin, central et ordonnateur).

Au sein de la matière, l’élément Eau est celui qui représente les forces lunaires : le symbole associé est celui d’un triangle orienté vers le bas.

A l’inverse, l’élément Feu représente les forces solaires : le symbole associé est celui d’un triangle orienté vers le haut, rappelant la direction ascendante de la flamme.

eau et feu en alchimie symboles

L’union de l’Eau et du feu est le secret de la compréhension de la science alchimique : cette union est représentée par le Sceau de Salomon.

Le Feu alchimique.

Le Feu alchimique exprime la force ordonnatrice et consciente. Cette conscience correspond à l’être, qu’il soit Dieu ou encore l’individu éveillé à lui-même.

Le Feu vient maîtriser et ordonner la force aveugle de l’Eau. Il est le principe fixateur qui invite à rejoindre le centre éternel, principe supérieur et transcendant sans lequel rien ne pourrait subsister.

Au contact du Feu, l’Eau (l’âme aveugle et inconsciente) se trouve attirée vers le haut. Elle se change alors en Air : elle se laisse pénétrer par le principe supérieur.

Lire aussi notre article : L’eau et le feu en alchimie.

Le feu de l’athanor.

L’athanor est le four alchimique au sein duquel se déroulent les opérations de transmutation spirituelle. La combustion permet de séparer la matière vile de la matière noble : l’âme peut ainsi s’élever jusqu’à Dieu, avant de réintégrer le corps sous une forme nouvelle, cette fois parfaitement consciente d’elle-même.

Le feu de l’athanor brûle l’orgueil et les illusions qui s’y attachent. Il symbolise la volonté de celui travaille à son éveil.

Le symbolisme du feu en franc-maçonnerie.

En franc-maçonnerie, le symbolisme du feu est intimement lié à celui de la Lumière qui éclaire les travaux. Lors de l’ouverture des travaux, le Maître des Cérémonies vient chercher la lumière à la bougie à l’Orient pour éclairer tour à tour chaque plateau de la loge. Cette lumière peut symboliser le Verbe créateur qui descend sur l’Homme.

A noter que le postulant rencontre le feu au cours de la cérémonie d’initiation : l’épreuve du feu consiste à traverser les flammes pour s’ouvrir à la fraternité.

Puisse le Feu qui vous a enveloppé se transmuer dans votre cœur en un Amour ardent pour vos semblables, puisse la Charité inspirer désormais vos paroles et vos actions.
Rituel d’initiation du 1er degré REAA

Pour les franc-maçons de Rite écossais ancien et accepté (REAA) au grade de Rose-Croix (18ème degré), l’acronyme INRI (Igne Natura Renovatur Integra : “La Nature est renouvelée intégralement par le feu”) invite à l’élévation spirituelle.

La formule INRI conçoit le feu comme un agent de révélation et de transformation. Le feu doit être traversé pour accéder à une nature plus noble. Cette transmutation évoque la mort et la résurrection du Christ, ou encore le Phénix qui renaît de ses cendres.

Compléments symboliques.

Le symbolisme du feu évoque aussi :

  • le mythe de Prométhée : Prométhée vole à Héphaïstos (dieu du feu et de la forge) et Athéna (déesse de la sagesse) le feu sacré de la connaissance pour en faire présent à l’Homme, afin de corriger une erreur dans l’attribution de ses qualités essentielles. Ce vol peut être considéré comme une sorte de péché originel, entrainant l’humanité dans le malheur,
  • la garde du feu sacré : chez les Romains, le feu sacré était gardé et entretenu par des prêtresses vierges, les Vestales, ou par les flamines (prêtres voués au culte d’un seul dieu),
  • le feu de la Saint-Jean est un héritage des cultes solaires et agricoles celtes. Dans les sociétés anciennes, au solstice d’été, de grands feux se tenaient à l’extérieur jusque tard dans la soirée : ces feux prolongeaient symboliquement le feu solaire, comme pour conjurer la perspective du raccourcissement des journées,
  • la flamme de la statue de la Liberté qui éclaire le monde,
  • ou encore la flamme des Jeux Olympiques symbolise la transmission, la paix et l’amitié entre les peuples.

En astrologie, le feu est l’élément qui gouverne trois des douze signes du zodiaque :

  • le Bélier : il s’agit ici du feu de la vie, énergie spontanée, jeune et « fonceuse »,
  • le Lion : il s’agit du feu du « moi », dans toute sa majesté et sa maturité,
  • le Sagittaire : il s’agit du feu spirituel qui illumine l’âme.

Par ailleurs, on retrouve la symbolique du feu en psychanalyse et psychologie : le feu peut être assimilé aux passions, aux désirs, aux instincts inconscients, à l’activité incontrôlable du mental, ou encore à l’imagination dévorante.

Au final, le feu et la flamme qui montent vers le Ciel peuvent symboliser l’effort d’ouverture spirituelle, chemin qui mène à la bonté et à la compréhension de la loi d’Amour. Cet effort doit être soutenu, maîtrisé, régulièrement alimenté. Il ne doit pas devenir dévorant, ni générer trop de fumée, cette fumée pouvant représenter l’esprit humain obscurci.

Modif. le 6 avril 2024

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