Le nombre d’or et son symbolisme : sens spirituel et ésotérique. Comment interpréter la divine proportion ? Quelles propriétés et quelle signification cachée ?
Avec le nombre Pi ou la racine de 2, le nombre d’or fait partie de ces nombres qui intriguent et fascinent.
Le nombre d’or, « proportion dorée » ou « divine proportion », se voit attribuer par convention la 21ème lettre de l’alphabet grec Phi (φ), en référence au sculpteur Phidias, concepteur des frises du Parthénon d’Athènes, qui semblent composées selon ce rapport de proportion.
C’est Euclide, vers 300 avant J-C, qui donne le premier la définition du nombre d’or.
Cette définition est la suivante :
Lorsqu’on décompose un objet en deux parties inégales, on dit que la proportion est « divine » si le rapport entre la grande et la petite partie est le même que le rapport entre le tout et la grande partie.
Ce qui donne la formule suivante :
Le valeur du nombre d’or est approximativement de 1,61803398875. C’est un nombre algébrique qualifié d’irrationnel au sens mathématique, car son écriture décimale est infinie et non périodique.
Mais contrairement à Pi, c’est un nombre constructible, c’est-à-dire que l’on peut utiliser la règle et le compas pour le représenter.
A ce titre, voici le moyen le plus simple de construire un rectangle d’or :
Dessiner un carré de côté a. En prenant le milieu de la base comme centre, on trace un cercle passant par les sommets supérieurs du carré. L’intersection de ce cercle avec la droite prolongeant la base du carré détermine l’extrémité du rectangle d’or, comme suit :
Le nombre d’or est synonyme de beauté et d’harmonie. Il est régulièrement utilisé dans les arts : architecture, peinture, dessin… Surtout, il recèle une signification symbolique et spirituelle profonde.
Entrons dans le symbolisme du nombre d’or et sa signification cachée.
Le nombre d’or et son symbolisme : interprétation
Qu’il soit représenté sous forme algébrique ou géométrique, le nombre d’or véhicule un symbolisme singulier et profond.
Nous avons là un rapport de proportion fondé sur autre chose qu’une simple duplication ou division, sur autre chose qu’un rapport entre nombres entiers. Un autre facteur intervient, mystérieux, et de lui semble découler le principe de l’harmonie.
Cette harmonie se veut non duale, l’équilibre se veut non binaire, non hiérarchique. Par conséquent, le nombre d’or évoque un dynamisme original, presque novateur, tout en restant équilibré.
Ainsi, la proportion entre petite valeur et grande valeur ne relève pas d’un rapport d’échelle classique, mais plutôt d’un rapport de complémentarité dans le respect de la singularité des parties formant le Tout.
Le symbolisme du nombre d’or peut en outre suggérer :
- l’infini,
- la créativité,
- l’énergie,
- l’enchainement causal,
- ou encore la spirale, c’est-à-dire les cycles, l’évolution, le déploiement, la croissance…
Le nombre d’or a beaucoup de caractéristiques communes avec Pi. Mais à la différence de Pi, la divine proportion est représentable, visible : elle traduit une énergie capable de se manifester.
Le rapport de 3 à 5
L’équivalent approximatif du nombre d’or est le rapport de 3 à 5.
Or le chiffre 3 tout comme le chiffre 5 suggèrent la présence d’un centre qui dépasse la dualité. C’est la Trinité ou la quintessence, le ciment de l’univers, la clé des mystères.
Nombre d’or, pentagone et pentagramme
Le pentagone et le pentagramme sont souvent présentés comme la manifestation la plus évidente de la divine proportion.
Le nombre d’or apparaît en effet dans le rapport entre la longueur du côté du pentagone et celle du côté du pentagramme inscrit :
Or le pentagramme, signe de reconnaissance des initiés pythagoriciens, symbole religieux, maçonnique et universel, représente la gnose au sens de « Connaissance cachée ». Il symbolise aussi l’homme éveillé, conscient, initié. Il évoque enfin la quintessence, ciment de l’univers, trace de la présence divine en toute chose.
Le pentagramme s’inscrit dans le pentagone… mais on retrouve aussi le pentagone au centre du pentagramme, dans lequel on peut inscrire un nouveau pentagramme. Cette répétition s’étire à l’infini :
Le nombre d’or, l’art et la beauté
Le nombre d’or évoque l’harmonie et la beauté « divine ». Si certaines choses nous paraissent harmonieuses, ce serait par la présence du nombre d’or dans leur constitution, une présence le plus souvent inconnue ou inconsciente.
Les exemples d’utilisation du nombre d’or comme critère de beauté sont très nombreux dans l’histoire de l’art, des croquis de Léonard de Vinci (L’homme de Vitruve) aux tableaux de Salvador Dali, dans les rosaces, les sculptures, les décors, la musique (Xenakis), etc…
Léonard de Vinci aurait utilisé le nombre d’or pour peindre les proportions de la Joconde. A partir du XIXe siècle, le nombre d’or est de plus en plus utilisé dans l’art.
La proportion dorée prend le contrepied d’une symétrie trop parfaite. Certes, la symétrie fonde la beauté, mais lui confère un aspect figé, inanimé. Au contraire, la divine proportion insuffle mouvement et dynamisme, par l’expression d’un déséquilibre qui reste harmonieux et contrôlé.
Le nombre d’or en architecture
De même, on retrouve le nombre d’or dans de célèbres constructions : la pyramide de Khéops, la façade du Parthénon d’Athènes ou encore le plan de certaines cathédrales.
L’utilisation du nombre d’or se fonde le plus souvent sur le souhait d’imiter les proportions observables dans la Nature. Pour Vitruve, architecte romain du Ier siècle avant J-C, l’architecture doit être une imitation de la Nature et du corps humain. De même, l’architecte Le Corbusier a directement utilisé le nombre d’or pour élaborer un outil de mesure, le Modulor, reposant sur les proportions du corps humain.
Cependant, dans beaucoup de bâtiments anciens, le nombre d’or a été identifié a posteriori. Autrement dit, il n’est pas évident qu’ils aient été pensés à partir de la « divine proportion ». A partir du début du XXe siècle, une « fièvre » du nombre d’or a émergé, avec une tendance à rechercher et voir ce nombre partout. C’est la naissance d’un véritable mythe fondé sur une généralisation abusive du nombre d’or…
Le nombre d’or dans la Nature
Il semble que le nombre d’or soit beaucoup présent dans la Nature : branches et feuilles d’arbre, fleurs et pétales, écailles de pomme de pin, ananas, étoiles de mer, floraison de l’artichaut ou spirales de certains mollusques, par exemple le nautile.
Le processus de prolifération des espèces semble aussi fondé sur le nombre d’or : c’est ce qu’a montré le mathématicien Leonardo Fibonacci (XIIIe siècle). La suite mathématique qui porte son nom est une succession de nombres dont chacun est la somme des deux précédents. Cela donne : 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144… Or cette suite présente une propriété remarquable : plus on avance dans les nombres, plus le rapport entre deux termes successifs tend vers le nombre d’or.
Pour certains, la divine proportion serait l’expression du code constituant le phénomène vivant. Elle serait en rapport avec la vie, sa croissance et son déploiement. Le nombre d’or serait donc le nombre de l’incarnation, celui de l’esprit présent dans la matière. Il exprimerait une relation harmonique de la partie avec le Tout. Ainsi, la vie s’engendrerait elle-même tout en restant rattachée à son principe.
Pour d’autres, la présence du nombre d’or dans la Nature serait une simple illusion : on peut en effet voir la divine proportion partout… et nulle part.
Nombre d’or : interprétation spirituelle
Les propriétés spirituelles du nombre d’or sont pour la première fois mises en avant dans le livre De divina proportione de Luca Pacioli, publié à Venise en 1509 et illustré par Léonard de Vinci. A propos de ce nombre, Pacioli parle d’une science très secrète qui fonde la philosophie, les arts, la musique et les mathématiques.
De fait, le nombre d’or suggère un rapport mathématique partout présent, une proportion qui éclairerait la construction de l’univers. C’est la raison pour laquelle le nombre d’or est qualifié de « divin ». L’or traduit aussi le côté sacré et lumineux de ce nombre : on peut y voir l’esprit présent en toute chose.
Par son caractère inexprimable, infini et secret, la divine proportion renvoie aux attributs de Dieu. Le nombre d’or serait la trace de l’indéfinissable, l’expression de la parole perdue, ici retrouvée. Cependant, le nombre d’or est, contrairement à Pi, traçable, représentable sous forme géométrique, alors que Dieu ne l’est pas.
S’il n’est pas Dieu, le nombre d’or pourrait être vu comme sa manifestation, autrement dit le code qui sous-tend l’ordre cosmique, la présence de l’esprit dans la matière. D’ailleurs, le nombre d’or est qualifié de nombre univers, c’est-à-dire comportant en lui-même n’importe quelle suite particulière de chiffres.
Le nombre d’or et son symbolisme : conclusion
Le nombre d’or est-il une proportion qui flatte l’oeil, ou le principe essentiel qui sous-tend la création ? Est-il une simple illusion ou la clé de l’harmonie universelle ?
Quoi qu’il en soit, son symbolisme interroge l’ordre cosmique. Plus précisément, le symbolisme du nombre d’or éclaire le rapport harmonique entre les parties qui constituent le Tout, et entre chaque partie et le Tout. Ainsi, il nous aide à prendre conscience de la grande synthèse de l’univers.
Le symbolisme du nombre d’or éclaire encore le principe de l’enchainement causal : en effet, tout phénomène est marqué par sa cause directe, mais aussi par la cause de sa cause directe, une chaine de causalité qui évoque la suite de Fibonacci et qui permet de remonter jusqu’au Principe premier.
Au final, le nombre d’or évoque un rythme, une force vivante tout autant qu’un centre dont la permanence assure l’équilibre harmonieux entre le Tout et les parties. Il n’est peut-être pas la clé des mystères, mais son symbolisme nous aide à mieux comprendre le monde dans lequel nous évoluons.
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Pour aller plus loin :
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Modif. le 18 avril 2024
