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Le symbolisme de l’épée

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Le symbolisme de l’épée : interprétation. Quelle est la signification de l’épée sur le plan philosophique, spirituel et religieux ?

Image du pouvoir militaire et de la chevalerie, l’épée comporte un double aspect négatif et positif :

  • en tant qu’arme archaïque, elle fait couler le sang : elle évoque le conflit, la vengeance et la mort,
  • mais elle est aussi l’arme des braves et des courageux : le valeureux chevalier l’utilise pour rétablir la paix et la justice.

Outil à double-tranchant, l’épée peut donc produire le mal, ou au contraire terrasser le mal et l’ignorance. Dans son second aspect, elle symbolise la connaissance et le progrès.

Associée au pouvoir royal, l’épée a un pouvoir supérieur, sacré, parfois magique. Elle guide les meilleurs chevaliers. Mais c’est une arme qu’il faut savoir maîtriser, car elle est susceptible de causer notre propre perte :

Alors Jésus lui dit : Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée.
Mathieu 26, 52

On le voit, le symbolisme de l’épée est riche mais particulièrement ambigu…

Remarque et définitions : Une épée comporte une lame à deux tranchants, tout comme le glaive. Le glaive (épée romaine) est plus court que l’épée. Le sabre a quant à lui un seul tranchant. Le cimeterre est un sabre oriental à large lame.

Le symbolisme de l’épée dans les différentes légendes.

Associée au bouclier, l’épée protège le chevalier qui la porte. C’est une arme noble, réservée aux rois et aux meilleurs combattants.

On la retrouve dans les chansons de geste du Moyen-Age. Citons quelques exemples célèbres :

  • Excalibur est l’épée magique du roi Arthur dans la légende du Graal. C’est l’épée du Rocher que le jeune Arthur parvient à retirer, lui permettant d’accéder au trône de Bretagne.
  • Durandal est l’épée de Roland dans le Cycle du roi. A Roncevaux, Roland résiste face aux Sarrasins jusqu’à la mort. Selon la légende, il aurait tenté en vain de briser son épée pour ne pas qu’elle tombe entre les mains de l’ennemi. Il l’aurait ensuite lancée à travers la vallée, et celle-ci se serait retrouvée plantée dans le rocher de Notre-Dame de Rocamadour (département du Lot).
  • Joyeuse est l’épée de Charlemagne, plus tard utilisée pour le sacre des rois de France.

De façon générale, l’épée est le symbole d’un combat supérieur à mener : il peut s’agir d’une lutte contre les méchants, d’une croisade contre les infidèles, ou plus symboliquement d’un combat intérieur.

Enfin, dans la légende du Graal, l’épée brisée est le signe d’une énigme à résoudre, d’un raisonnement à « ressouder ». Elle accompagne la quête de soi.

Le symbolisme de l’épée : le fil, la lame, la Justice.

L’épée tranche. Elle sépare le bon du mauvais, elle est châtiment mais aussi lucidité et discernement. A ce titre elle évoque le jugement éclairé et la Justice, une Justice forte et équilibrée.

L’épée est régulièrement associée à la balance.

Dans la mythologie grecque, Themis (fille d’Ouranos et de Gaïa, autrement dit du Ciel et la Terre) représente l’ordre, le droit et la Justice. Elle tient une épée dans une main et une balance dans l’autre ; ses yeux sont bandés en signe d’impartialité.

Ici, l’épée évoque une décision de Justice définitive, exécutoire. La fine lame de l’épée symbolise la voie juste, la voie du milieu.

L’épée : symbole métaphysique et divin.

Sur le plan métaphysique, l’épée évoque la dualité (les deux tranchants) réconciliée dans l’unité (le fil de la lame, la lame elle-même).

Sa forme générale évoque la croix et son symbolisme ternaire : le centre de la croix représente la réconciliation de toutes les oppositions, l’invariable milieu, le point d’accès à la vérité, ou encore l’axe du monde.

Cet axe fait le lien entre le haut et le bas : l’épée symbolise aussi le Verbe venu sur Terre pour énoncer la Loi (notons que l’épée peut aussi faire penser à la langue, organe de la parole).

Jésus est l’incarnation de ce Verbe :

Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Matthieu 10, 34

Par ces paroles, Jésus déclare qu’il est venu apporter la vérité (l’épée). Une vérité qui ne sera pas toujours facile à entendre, et que certains rejetteront, préférant se soucier de leurs intérêts ou de ceux de leur clan. Jésus invite donc à se recentrer en se tenant près de l’épée, axe de la lumière divine.

On retrouve l’épée-Verbe dans le livre de l’Apocalypse :

Il (Jésus) avait dans sa main droite sept étoiles. De sa bouche sortait une épée aiguë, à deux tranchants ; et son visage était comme le soleil lorsqu’il brille dans sa force.
Apocalypse 1, 16

Croix de lumière, l’épée scintille au soleil et renvoie l’image du feu divin. On retrouve d’ailleurs l’épée de feu dans la Genèse, lorsque des chérubins ferment le paradis à Adam et Eve :

C’est ainsi qu’il chassa Adam ; et il mit à l’orient du jardin d’Éden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l’arbre de vie.
Genèse 3, 24

L’épée flamboyante garde l’arbre de vie, autrement dit l’axe du monde, le chemin de la vérité.

En alchimie spirituelle, l’épée des philosophes évoque encore le feu : c’est le feu de l’athanor (four alchimique) qui permet la transformation intime de l’être.

En franc-maçonnerie, l’épée ondulée du Vénérable Maître de la loge est aussi appelée « épée flamboyante » (lire notre article dédié).

Dans la Kabbale, l’épée de feu est l’énergie qui circule vers le bas de l’arbre de vie séphirotique.

En Inde, Vishnu (dieu hindou de l’ordre, de la protection et du temps) est doté d’une épée flamboyante qui symbolise la connaissance cachée par l’ignorance (le fourreau).

De même, dans le bouddhisme, Manjushri (grand bodhisattva ou « être éveillé ») tient une épée dans sa main qui symbolise la connaissance (la pointe de l’épée peut quant à elle représenter la vacuité).

L’épée : symbole de conquête spirituelle.

Instrument de combat, l’épée symbolise avant tout la lutte intérieure. Car l’ennemi se cache le plus souvent à l’intérieur de nous-même : c’est notre ego, nos passions et nos préjugés, qui nous poussent sans cesse vers les ténèbres de l’illusion et de l’erreur.

L’épée est donc l’instrument de ce combat en vue de se libérer des désirs et de l’attachement.

L’épée est le rayon de soleil, l’éclair de lucidité, l’étincelle divine qui parvient jusqu’à l’âme humaine. Elle est aussi la raison, le logos. Elle promet de nous aider à vaincre nos dragons intérieurs.

Conclusion sur l’épée et son symbolisme.

Nous l’avons vu, le pouvoir de l’épée peut être positif ou négatif, créateur ou destructeur.

L’épée peut tuer et diviser, mais elle contient aussi un pouvoir de réconciliation et de discernement. Elle est l’axe de la conscience qui s’ouvre au Principe supérieur. Elle est le chemin le plus rigoureux, le plus droit, le plus lumineux vers la vérité.

Cet axe relie ce qu’il y a de plus profond en nous à ce qu’il y a de plus élevé, ce qui fait dire que la connaissance et la maîtrise de soi constituent le chemin qui mène à Dieu. Une voie que seuls les meilleurs chevaliers sauront emprunter.

Pour aller plus loin :

  • Dictionnaire des symbolesde Gheerbrant et Chevalier. Avec ses 1600 articles, cet ouvrage est une référence dans l’étude des symboles.

Modif. le 25 septembre 2021

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