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Les religions sont-elles dangereuses ?

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Les religions sont-elles dangereuses ? Quels sont les aspects positifs et nรฉgatifs des religions ? Comment vivre sa religion ?

Intolรฉrance, sectarisme, communautarisme, sรฉparatisme, intรฉgrisme, obscurantisme, volontรฉ de peser sur les gouvernements et d’influencer la sociรฉtรฉ : les religions sont lโ€™objet de nombreuses accusations.

Tout au long de lโ€™histoire, lโ€™expansion des religions sโ€™est accompagnรฉe de conflits, de guerres, de conquรชtes et de crimes. L’Inquisition, les croisades, les guerres de religion et la colonisation en sont des exemples รฉvidents.

A partir de la Rรฉvolution franรงaise, certains mouvements politiques, progressistes et humanistes, ont remis en cause la prรฉdominance de la religion au sein de la sociรฉtรฉ. Les Eglises ont รฉtรฉ mises ร  distance de l’Etat, et le concept de laรฏcitรฉ est apparu.

Pourtant, le fanatisme religieux est toujours prรฉsent, y compris dans les pays dits laรฏcs. Certains courants affichent clairement leurs ambitions politiques, tentant d’imposer leurs idรฉes ou mรชme de prendre le pouvoir.

Mais il serait simpliste d’associer systรฉmatiquement fanatisme et religion. Le fanatisme ne se limite d’ailleurs pas aux croyances religieuses. On trouve des fanatiques parmi les รฉcologistes, les centristes, les supporters d’รฉquipes de football, les scientifiques et mรชme les philosophes.

Alors, pourquoi dit-on que les religions sont dangereuses ? Et quโ€™est-ce quโ€™une religion exactement ?

Les religions sont-elles dangereuses ? Qu’est-ce que la religion ?

Posons-nous la question de ce qu’est la “religion”. S’agit-il d’un phรฉnomรจne social, politique, individuel ?

Le phรฉnomรจne religieux est particuliรจrement hรฉtรฉroclite. Le catholicisme d’aujourd’hui n’est pas le catholicisme d’il y a un siรจcle ; le bouddhisme tel qu’il est pratiquรฉ en France de nos jours n’est pas le bouddhisme d’Etat birman ; l’Islam radical n’a rien ร  voir avec la mystique soufie.

Tentons d’y voir plus clair.

  • La religion, au sens gรฉnรฉral (du latin religare, โ€œrelierโ€), a pour objet d’รฉtablir et de cultiver le lien entre lโ€™homme et Dieu.
  • Les religions, au sens particulier, sont des institutions sociales plus ou moins organisรฉes et intรฉgrรฉes, s’appuyant sur un systรจme de dogmes ou de croyances ainsi que sur des pratiques rituelles. Chaque religion (catholicisme, bouddhisme, Islam, judaรฏsme…) possรจde son propre dogme, c’est-ร -dire sa propre vรฉritรฉ.

Or, c’est l’affirmation de cette vรฉritรฉ rรฉvรฉlรฉe (s’appuyant sur les textes sacrรฉs et leur interprรฉtation) qui crรฉe tensions et incomprรฉhensions. Les dogmes gรฉnรจrent des conflits, d’une part entre adeptes des diffรฉrents courants religieux, et d’autre part entre croyants et non-croyants.

Pourtant, la religion peut รชtre dissociรฉe du dogme. Elle a vocation ร  devenir alors un chemin d’รฉlรฉvation et d’รฉpanouissement personnel, et rend possible l’harmonie sociale.

Revenir au sens premier de la religion.

La religion semble porter en elle le meilleur comme le pire. En rรฉalitรฉ, elle dรฉpend beaucoup de ce que chacun veut en faire, de la maniรจre dont les puissants l’utilisent et de l’รฉtat de notre sociรฉtรฉ.

Instrument de domination, refuge pour les malheureux, voie d’รฉlรฉvation intime, systรจme centralisรฉ ou dรฉcentralisรฉ : tout existe. Il faudra se garder de tout manichรฉisme.

Dit d’une autre maniรจre, la religion n’existe pas en elle-mรชme. Elle n’est ni bonne ni mauvaise. Elle n’est qu’un rรฉvรฉlateur du niveau de conscience (ou d’inconscience) des hommes : certains utiliseront la religion dans un but humaniste, d’autres dans un but de rejet ou de domination.

Nous l’avons dit, l’objet de la religion est l’alliance entre l’homme et Dieu. Il se trouve que beaucoup d’รชtres humains ressentent le besoin d’approcher le mystรจre de la transcendance. Pour ceux-lร , Dieu est moins l’expression d’une vรฉritรฉ rรฉvรฉlรฉe qu’une quรชte du mystรจre de l’existence.

C’est ainsi que Dieu n’est plus forcรฉment l’Etre suprรชme, mais la recherche de la “prรฉsence รฉternelle”, de l’absolu, de la loi universelle ou encore de la sรฉrรฉnitรฉ. Dieu peut aussi รชtre assimilรฉ ร  l’ouverture de la conscience ou encore ร  la quรชte du sens de la vie.

Nous retrouvons-lร  le sens premier de la religion.

La religion : une affaire personnelle.

Toute religion se fonde sur des textes sacrรฉs, dont la raison d’รชtre n’est pas de dire ce qu’il faut penser, mais d’inviter chacun ร  s’interroger afin de marcher vers ce qui le dรฉpasse. Car la quรชte ne peut รชtre que personnelle.

Avant toute chose, la religion au sens large devrait donc รชtre une proposition de recherche. Aucun texte sacrรฉ ne devrait รชtre pris ร  la lettre. Aucune vรฉritรฉ rรฉvรฉlรฉe ne devrait pouvoir รชtre comprise de maniรจre littรฉrale. Chaque interprรฉtation ou dogme devrait pouvoir รชtre remis en cause, critiquรฉ, dรฉpassรฉ. Tout prosรฉlytisme devrait รชtre banni. Enfin, chacun devrait pouvoir vivre sa religion comme il l’entend.

La religion devrait รชtre le moyen de communier, de s’ouvrir aux autres, de se dรฉtacher de ses illusions et de ses croyances, de s’affranchir de ses limites. Tolรฉrance, fraternitรฉ, universalitรฉ, paix et lรขcher-prise devraient fonder la dรฉmarche. Il ne s’agit plus de pratiquer un rite par habitude ou tradition, mais de vivre une expรฉrience de la conscience. Au bout du chemin, la comprรฉhension des grandes lois cosmiques.

En conclusion, le vรฉritable croyant est un cherchant qui n’a pas de certitudes, pas d’idรฉes arrรชtรฉes. Il s’appuie sur les religions pour tenter de fonder sa propre religion, son propre temple intรฉrieur. Il fait sa propre interprรฉtation des textes sacrรฉs et ne se fixe aucune limite dans la recherche de la vรฉritรฉ.

C’est ainsi qu’il se connecte ร  lui-mรชme et aux autres, en mรชme temps qu’il s’ouvre au Tout cosmique.

Lire aussi notre article : La soumission ร  Dieu, aliรฉnation ou libรฉration ?

Modif. le 25 octobre 2020

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