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Le féminin sacré : définition

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Le féminin sacré : définition. Qu’est-ce que le féminin sacré ? Comment se connecter à son féminin sacré ? Explication.

Le « féminin sacré » est un concept lié au féminisme, à l’écoféminisme, au développement personnel et à la spiritualité (chamanisme, wiccanisme). C’est une notion parfois floue, sujette à de multiples interprétations.

Le féminin sacré renvoie en premier lieu au rôle central que les femmes jouaient dans les sociétés primitives ou antiques. Dans ces sociétés traditionnelles païennes, la femme faisait l’objet d’un culte, en lien avec celui de la Nature, de la fécondité, des cycles et du foyer.

Le féminin sacré constitue donc le souvenir de ce temps légendaire où les femmes guidaient spirituellement la communauté à égalité avec les hommes, en harmonie avec eux, les animaux et la Nature. Des druidesses accomplissaient des rites en l’honneur des dieux de la Nature (cf. les statuettes de la fertilité), reconnectant sans cesse les individus avec la Terre-mère.

Ces sociétés semblent avoir progressivement cédé la place à des sociétés monothéistes de type patriarcal, les hommes affirmant leur pouvoir, reléguant la femme au rang de ressource à posséder, à soumettre et à exploiter.

Ainsi, le féminin sacré marque le réveil des femmes, leur reconnexion à leur rôle primordial et la redécouverte d’une forme de sagesse féminine, fondée sur l’écoute de soi autant que sur l’attention portée à la Nature. Ce réveil ouvre la voie à une nouvelle forme de société, fondée non plus sur la maîtrise et la conquête, mais sur l’éveil, la douceur et la compassion.

Aujourd’hui, le féminin sacré dépasse le seul genre féminin pour devenir une notion plus universelle, applicable à tout être humain quel que soit son genre ou son orientation sexuelle. Il s’agit alors de développer une partie de soi sous-estimée, complémentaire du masculin.

Tentons de donner une définition du féminin sacré.

Le féminin sacré : définition, signification

Pour comprendre le féminin sacré, on peut se référer aux principes du taoïsme, qui parle de deux énergies universelles fondamentales, à savoir le yin et le yang :

  • le yin (principe féminin, couleur noire) exprime le monde dans son côté nébuleux, sombre, négatif au sens où il ne produit rien de stable, rien de définitif. Le yin suggère l’infini des potentialités ; il est lié au changement, à l’impermanence, aux cycles et au devenir. Il est susceptible d’engendrer ce qui n’existe pas encore, et qui ne pourra être qu’éphémère,
  • le yang (principe masculin, couleur blanche) décrit l’univers dans son côté lumineux, positif, réalisé. Le yang évoque l’ordre, l’autorité, la force et la stabilité.

Ainsi, l’énergie féminine est par nature passive, spontanée, créative, évolutive, instable. Elle renvoie à la matière qui change d’aspect, ou encore aux êtres vivants qui meurent pour renaître sous d’autres formes. C’est une énergie féconde, toujours en mouvement, jamais clairement définie. C’est une force duale, ambigüe, mais incroyablement vivante et sans limite.

A l’inverse, l’énergie masculine est par définition active : son rôle est de maîtriser et d’unifier ce qui est mouvant et instable. C’est donc une force unificatrice, une force qui rassemble, qui ordonne, qui organise, qui limite et qui contrôle.

En réalité, ces deux énergies sont indissociables : aborder l’une sans l’autre n’aurait pas de sens. Le yin sans le yang aboutirait au chaos. A l’inverse, le yang sans le yin donnerait un monde uniforme, infécond et figé, sans vie. Concrètement, le yin et le yang s’auto-alimentent : l’impermanence est permanente, les changements s’inscrivent dans la stabilité, les désordres permettent l’harmonie globale.

Sur le plan humain

Les deux principes masculin et féminin se retrouvent en chaque individu. Là encore, il s’agit de principes non pas opposés mais complémentaires et entremêlés. Dire qu’un principe serait supérieur à l’autre ou meilleur que l’autre n’aurait pas de sens.

Sur le plan humain, le yin renvoie à la part de nous qui est éphémère, changeante (donc faible), évolutive et créatrice, alors que le yang représente ce qu’il y a de plus stable et unitaire en nous.

Le yin, ou féminin sacré, est profondément connecté à la nature (notre nature intime autant que la Nature extérieure), alors que le yang masculin tente de la maîtriser.

Par conséquent, cultiver son yin ou son « féminin sacré », consiste à :

  • écouter plutôt que prendre position,
  • observer plutôt que faire,
  • s’ouvrir plutôt que choisir,
  • comprendre et accepter plutôt que juger,
  • lâcher prise plutôt que contrôler,
  • se connaître plutôt que se maîtriser,
  • porter attention à ses sensations et émotions plutôt que tenter de les refouler,
  • écouter son intuition plutôt que son intellect,
  • imaginer plutôt qu’agir,
  • etc.

Le féminin sacré peut être défini comme une forme de sagesse passive, plutôt réceptive, éloignée de l’action. Le but n’est pas de maîtriser la matière, mais de se laisser porter par elle, en accueillant l’oeuvre du temps, les cycles de la vie et la mort, les changements, les tourments, les peurs, les pertes, les doutes et les douleurs, aussi bien que les réussites.

Paradoxalement, la force du féminin sacré provient de cette faiblesse apparente : en se laissant traverser par toutes les énergies du monde, positives ou négatives, nous nous connectons à elles et nous en tirons une force infinie.

Féminin sacré et fécondité

Le féminin sacré se caractérise avant tout par l’ouverture : tout phénomène, tout sentiment est accueilli sans jugement, sans regret ni culpabilité. Il en ressort un immense potentiel d’écoute, de confiance, de curiosité, d’apprentissage et de créativité.

Le féminin sacré évoque alors le Tao, c’est-à-dire la « Source » telle que décrite dans le taoïsme :

Le Tao est tel un puits :
sans cesse utilisé mais jamais tari.
Il est comme le vide éternel :
empli d’infinies possibilités.
Il est caché mais toujours présent.
Tao Te King, 4

De même, l’autre est accueilli tel qu’il est. La compétition est absente. La douceur et la compassion s’imposent. Le dévouement et la collaboration priment.

La complémentarité avec le « masculin sacré »

Sur le plan cosmique comme sur le plan individuel, le principe féminin doit nécessairement être complété par le principe masculin, faute de quoi nous sombrerions dans l’irrationnel, l’absurde et le néant. Le masculin intervient pour mettre un terme aux divagations du féminin : il pose les limites.

Le masculin sacré nous invite à rassembler notre énergie, à nous concentrer pour passer à l’action ; il ouvre la voie des choix, des priorités, donc de la réalisation de soi. Mais précisément, c’est parce qu’elle est fondée sur le féminin sacré que cette action se fait pure, équilibrée, généreuse et désintéressée. Elle rappelle alors le non-agir taoïste, c’est-à-dire l’action juste.

Notons que si elle n’était pas fondée sur le féminin sacré, l’action ne serait qu’ambition, autoritarisme et hégémonie.

Au final, c’est en alliant féminin sacré et masculin sacré que nous pourrons devenir des êtres complets et éveillés, réconciliés avec notre nature profonde tout en assumant notre rôle dans le monde, y compris dans l’adversité et le conflit.

Les symboles du féminin sacré

Le féminin sacré véhicule un grand nombre de symboles. Il évoque en particulier :

  • la Nature dans toute sa force immanente,
  • la femme sauvage,
  • la druidesse,
  • la sorcière guérisseuse,
  • les cycles (la vie, la mort et la renaissance, les saisons),
  • l’ouroboros (serpent qui se mord la queue),
  • l’enfantement,
  • la vacuité (le ventre féminin, le foyer),
  • la Lune,
  • les déesses de la Terre : Gaïa, la Pachamama
  • etc.

Lire aussi notre article : Le symbolisme de la femme et du féminin.

Conclusion sur le féminin sacré et sa définition

Au final, le féminin sacré nous propose d’ouvrir notre conscience pour regarder la vie couler et vibrer en nous. Il s’agit d’écouter son corps, ses instincts, son intuition et son cœur.

Il s’agit de se reconnecter à la matière, à la Nature, à la grande Source ; il s’agit de faire le plein d’énergie cosmique pour enfin s’assumer et s’accomplir, y compris dans ses échecs et ses imperfections, en toute sérénité.

Sur le plan purement spirituel, le féminin sacré se caractérise par l’accueil et l’acceptation. Cette posture passive doit être complétée par une autre forme d’amour, plus active dans sa capacité à unifier, à rassembler : c’est le masculin sacré.

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Modif. le 18 mars 2024

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