Comment être heureux ? Comment vivre un bonheur stable et durable ? Voici une approche philosophique et spirituelle du bonheur.
Le bonheur est souvent insaisissable, sans doute parce que notre fonctionnement humain est fondé sur les attachements, le désir et la peur.
C’est un fait : nous souhaitons toujours plus, nous espérons mieux, nous rêvons d’autre chose, nous avons peur de perdre ce que nous possédons, nous anticipons l’échec… C’est ainsi que nous pouvons nous sentir angoissé ou insatisfait alors même que nous avons tout pour être heureux. Et le rappel à la raison n’y change rien (« j’ai de la chance, je devrais arrêter de me plaindre »…).
Or, cette insatisfaction permanente n’est pas mauvaise en soi car c’est elle qui nous pousse à agir, à nous battre, à avancer dans la vie : elle est notre moteur.
Mais dans certains cas, les pensées négatives nous entrainent dans une spirale infernale dont nous nous avons du mal à sortir. Nous sombrons alors dans le désespoir, le repli, la honte ou le rejet.
Voyons s’il est possible d’être heureux, et comment y parvenir.
Lire aussi notre article sur le bonheur et sa définition.
Comment être heureux ? Le chemin vers un bonheur durable.
Sur le plan génétique, nous sommes programmés pour être insatisfaits. Des millénaires de survie nous ont appris à ne jamais nous arrêter à ce que nous avons, à ne jamais nous satisfaire de nos acquis. Nous convoitons, nous envions, nous anticipons, nous appréhendons… ce qui génère du stress, un certain trouble intérieur, mais aussi des rapports conflictuels avec les autres.
Cette insatisfaction se change en souffrance lorsque nous avons l’impression de stagner, de ne pas être à la hauteur, de ne pas atteindre nos objectifs ou d’être victime des autres… Le sentiment d’échec apparaît alors, fermant définitivement le chemin du bonheur.
Pourtant, comprendre cela, c’est déjà avancer sur le chemin du bonheur.
Qu’est-ce que le bonheur ?
Le bonheur véritable n’est ni une émotion ni une sensation. Il n’est pas un hédonisme (recherche du plaisir maximum) et encore moins un égoïsme.
Il n’est pas non plus absence de trouble, car il est impossible d’effacer totalement nos pensées négatives.
Le bonheur dont nous parlons est plus profond et plus durable. Il est présent même dans les phases de doute, de chagrin ou de mal-être. Il est comme la lumière du soleil qui nous éclaire, alors même que le ciel est chargé de nuages. Par conséquent ce bonheur est toujours là, en arrière-plan : à nous d’arriver à le percevoir.
Le bonheur véritable est synonyme de tranquillité d’âme (ataraxie), de paix, de félicité, de sérénité ou encore de foi en l’avenir. Il existe différents moyens de l’atteindre. A ce titre, la philosophie bouddhique est certainement celle qui décrit le mieux le chemin de la paix intérieure (à noter que cette philosophie est assez proche du stoïcisme).
Le chemin vers moins de souffrance.
Le bouddhisme décrit le mécanisme de la souffrance par les Trois poisons, sources d’illusion et de déception :
- l’ignorance : c’est la méconnaissance du mécanisme de la souffrance. C’est en particulier l’ignorance du fait que les choses sont interdépendantes (liées, imbriquées), impermanentes (éphémères) et vides d’existence propre. Reconnaître que tout change et que rien n’existe en soi (même pas nous-mêmes), c’est déjà se libérer de l’attachement, de l’ambition, et donc de la souffrance,
- la soif : directement issue de l’ignorance, elle est avidité, désir, passion,
- l’aversion (haine, colère, jalousie) : issue elle-aussi de l’ignorance, elle est liée à l’ego et à l’illusion de la séparation.
Ainsi le bouddhisme éclaire les causes de la souffrance : c’est parce que nous nous attachons à des choses vides, vaines et éphémères que nous souffrons. Ainsi, le fait de vouloir, d’exiger, de désirer, de convoiter, d’espérer, de jalouser… aboutit à la souffrance. Et c’est donc par le lâcher-prise, l’acceptation et le renoncement à une partie de nous-même que nous pourrons « aller mieux ».
Comprendre le mécanisme de la souffrance est essentiel. Mais pour être heureux, il nous faut aussi de bonnes raisons.
Quelles sont les raisons d’être heureux ?
Au vu de l’état du monde et de nos sociétés, on pourrait se demander s’il y a de bonnes raisons d’être heureux. Sans compter que nos vies sont faites de difficultés, de contraintes et d’obligations qui semblent contraires à notre épanouissement.
Pourtant, les raisons d’être heureux sont là, devant nous, évidentes, presque aveuglantes. Ces raisons, nous ne les voyons plus, ou peut-être n’avons-nous jamais appris à les voir.
Prenons un peu de recul. En tant qu’êtres humains, nous portons en nous deux phénomènes remarquables : la vie et la conscience. Cela rend possible une expérience unique : nous habitons la matière, nous l’expérimentons de l’intérieur, nous la goûtons à chaque instant, nous en sommes le sens, la quintessence.
Cette incroyable capacité à observer le monde, à le réfléchir, mais aussi à l’incarner et à le modeler, devrait nous émerveiller à chaque instant. Elle constitue notre trésor le plus sacré : à nous de nous rappeler que nous existons, et que l’univers tout entier vibre à travers nous.
Heureux celui qui est apte à ouvrir sa conscience pour enfin se regarder, se découvrir, s’étudier, se connaître, mais aussi découvrir les autres et le monde tout entier.
Heureux celui qui reconnaît la chance qu’il a de vivre cette expérience, quelles que soient ses caractéristiques, ses conditions de vie ou ses difficultés.
Heureux celui qui sait qu’il est au monde, à la conjonction de toutes les forces de l’univers, fusionnant consciemment avec lui.
Comment cultiver le bonheur au quotidien ?
Pour simplifier, on pourrait dire qu’il y a deux manières d’aborder l’existence :
- celle qui fait appel à notre conscience immédiate, fondée sur le « moi », l’ego, les désirs, les attentes, la lutte, la peur et la souffrance,
- celle qui fait appel à une conscience plus élevée, ou en recul : c’est la vie fondée sur l’observation de soi, des autres et du monde, sans séparation, sans jugement et en toute gratitude.
Remarquons que ces deux niveaux de conscience peuvent tout à fait coexister. Il sera alors intéressant d’observer le jeu de notre ego, de regarder naître les tensions et les souffrances en nous, ce qui nous permettra justement de ne pas nous y attacher, voire de nous en libérer.
Comment être heureux ? Quelques conseils au quotidien.
Si vous ressentez un mal-être ou de la peine, essayez de vous recentrer. Dites-vous que ce mal-être ne constitue pas la totalité de votre être : il est juste un nuage qui passe devant le soleil de votre existence. Le fait que le soleil ne soit plus visible ne veut pas dire qu’il ait disparu !
Ne vous accrochez pas aux nuages, accueillez-les simplement. Tentez de vous reconnecter à votre soleil intérieur, signe de l’évidence de votre place dans le Tout. Revenez au réel et à l’universel, ici et maintenant, loin des regrets et des projections ; tentez d’aborder le présent comme une expérience inestimable, même s’il comporte une part de souffrance.
Considérez que tout ce que vous voyez comporte quelque chose de beau ou de remarquable, même lorsque cela n’est pas évident. Faites l’effort de regarder avec bienveillance les objets et les êtres qui vous entourent. Tournez-vous vers eux, établissez un lien car de fait, ils sont au coeur de votre vie.
Considérez chaque personne comme légitime à exister et à être heureuse ; vous éliminerez ainsi toute trace de jalousie et de peur. Vous participerez ainsi à la création d’un monde meilleur, pour vous-même et pour les autres.
Considérez que tout ce qui advient est bon et juste. Evitez de porter des jugements en bien ou en mal, renoncez à vouloir contrôler le cours des choses. Sachez que chacun agit comme il peut : soyez tolérant. Oubliez vos a priori, dépassez vos opinions, ouvrez-vous. Abandonnez vos ambitions égoïstes et partez à la découverte de vos besoins véritables.
Acceptez l’ordre du monde et le cours des choses. Cultivez l’humilité si vous voulez jeter les bases d’une action juste et efficace.
Créez, innovez, pratiquez un art, écrivez, écoutez de la musique : visitez la matière et émerveillez-vous de pouvoir la percevoir et la modeler.
Partez à la découverte du monde, depuis chez vous ou sur le terrain. Partez à la découverte d’autres lieux, d’autres cultures, d’autres personnes. Laissez-vous captiver par la richesse et la diversité du monde. Bref, vivez !
Là où il est possible de vivre, il est aussi là possible de bien vivre.
Marc Aurèle (Empereur et philosophe stoïcien)
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Modif. le 28 novembre 2021