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Le tableau de loge du 6ème degré R.E.A.A. (planche)

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Le tableau de loge du 6ème degré R.E.A.A. : comment l’interpréter ? Quelle est la signification des éléments et des lettres qui le composent ?

Le tableau de loge du sixième degré comporte les éléments suivants :

  • au centre : le mausolée d’Hiram, identique à celui du degré précédent, mais cette fois entouré de 9 larmes,
  • au-dessus à droite : le palais de Salomon avec sur le fronton la lettre G pour « Gabaon »,
  • à gauche : deux épées en croix sur un rouleau de parchemin,
  • au centre, la lettre A pour « Alliance »,
  • sur chaque côté du mausolée, deux fois la lettre P, pour « Promesse » et « Perfection »,
  • en haut, dans un oculus porté par une nuée, le J de Jéhovah.

Le tableau de loge du sixième degré marque une certaine rupture. Alors qu’aux précédents degrés, les tableaux offrent une image fidèle du temple et des symboles qu’il contient, nous avons là une représentation moins figurative, une sorte de rébus avec de nombreuses lettres à décrypter.

Voici donc une planche sur le tableau de loge du 6ème degré R.E.A.A.

Voir aussi le rituel complet du 6ème degré

On retrouve sur le tableau de loge du sixième degré le monument funéraire tel que présent sur le tableau de loge du cinquième degré, cette fois entouré de larmes.

On pensait la période de deuil terminée avec les funérailles d’Hiram, pourtant les larmes et les tentures noires réapparaissent à ce degré, comme pour signifier qu’un certain trouble subsiste : tristesse, colère… Et pour cause, les mauvais compagnons sont toujours insaisissables.

D’autre part, le mausolée a changé de lieu : il est désormais dans la salle d’audience du palais de Salomon. En effet, le rituel d’initiation au sixième degré indique :

Le mausolée et les larmes montrent la salle d’audience des Maîtres, tendue de noir, où Salomon avait coutume d’aller et de gémir sur la perte malheureuse d’Hiram Abi. Ce fut dans cette salle qu’Hiram de Tyr trouva Salomon plongé dans une profonde méditation quand il vint lui faire visite.

Le palais de Salomon et la lettre G de Gabaon

Le scène de la légende du sixième degré se déroule pour la première fois intégralement hors du temple, précisément dans la salle d’audience des maîtres du palais de Salomon.

Selon le Premier livre des Rois (I Rois 7), Salomon se fait construire un magnifique palais de trois étages avec de nombreuses colonnades et portiques en bois de cèdre.

La lettre G présente sur fronton du temple signifie « Gabaon ». Dans la Bible, Gabaon est une ville située à une quinzaine de kilomètres de Jérusalem, importante au temps des rois David et Salomon, tant sur le plan religieux que politique. Au début de son règne, Salomon s’y rend pour pratiquer des sacrifices et consulter Dieu.

Un épisode important du Livre des Rois s’y déroule, qui introduit le caractère de Salomon, empreint de sagesse :

4 – Le roi Salomon se rendit à Gabaon, qui était alors le lieu sacré le plus important, pour y offrir un sacrifice ; il immola sur l’autel un millier de bêtes en holocauste.

5 – À Gabaon, pendant la nuit, le Seigneur lui apparut en songe. Dieu lui dit : « Demande ce que je dois te donner. »

6 – Salomon répondit : « Tu as traité ton serviteur David, mon père, avec une grande fidélité, lui qui a marché en ta présence dans la loyauté, la justice et la droiture de cœur envers toi. Tu lui as gardé cette grande fidélité, tu lui as donné un fils qui est assis maintenant sur son trône.

7 – Ainsi donc, Seigneur mon Dieu, c’est toi qui m’as fait roi, moi, ton serviteur, à la place de David, mon père ; or, je suis un tout jeune homme, ne sachant comment se comporter, (…)

9 – Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; sans cela, comment gouverner ton peuple, qui est si important ? »

10 – Cette demande de Salomon plut au Seigneur, qui lui dit : 11 – « Puisque c’est cela que tu as demandé, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis, mais puisque tu as demandé le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner, 12 je fais ce que tu as demandé : je te donne un cœur intelligent et sage, tel que personne n’en a eu avant toi et que personne n’en aura après toi. 13 De plus, je te donne même ce que tu n’as pas demandé, la richesse et la gloire, si bien que pendant toute ta vie tu n’auras pas d’égal parmi les rois.

I Rois, III, 4-13

Ainsi donc, Gabaon est la ville où Salomon conclut une alliance avec Dieu, fondée sur la vertu.

La lettre G de Gabaon est positionnée sur lieu le plus élevé du palais : le troisième étage, évoquant le ternaire. C’est donc le lieu où la sagesse s’exprime, où le conflit est dépassé, où l’alliance est conclue.

Les deux épées en croix sur le parchemin

Les deux épées croisées peuvent d’abord symboliser le conflit et l’affrontement. Mais elles représentent aussi l’alliance entre Hiram et Salomon. C’est le troisième élément, le parchemin, qui transforme le caractère conflictuel des épées en complémentarités fécondes. Le ternaire se fonde sur la dualité. Paradoxalement, c’est parce que nous vivons dans un monde de conflit que la réconciliation, l’harmonie et le bonheur peuvent s’envisager.

Le symbolisme de cet accord trouvé entre les deux rois est renforcé par la présence de la lettre A sur le tableau de loge, pour « Alliance ». A est la première lettre de l’alphabet, suggérant un nouveau départ. Aleph est aussi la première lettre de l’alphabet hébraïque, avec pour valeur numérique 1. Aleph peut être interprété comme le commencement, l’élan premier, le silence ou l’unité : un nouveau chemin s’ouvre, des progrès s’annoncent.

Alliance, Promesse et Perfection

Les trois lettres A, P et P sont complémentaires : toute alliance se fonde sur une intention, donc une promesse d’un effort en vue de respecter le pacte.

Ainsi, les trois lettres évoquent l’engagement qui fonde le chemin de la perfection. Elles suggèrent une volonté de s’améliorer, de progresser constamment sur soi-même.

Ces trois lettres rappellent en outre l’attouchement du sixième degré, qui se fait en se serrant mutuellement la main droite : le premier frère tourne la main de l’autre et dit « Berith » (Alliance), le second frère tourne la main du premier et dit « Neder » (Promesse), enfin le premier fait le même geste et dit « Schelemoth » (Perfection).

J, l’oculus et la nuée

Un oculus est une fenêtre, une ouverture arrondie. Symboliquement, c’est l’endroit par lequel on voit, par lequel la conscience s’ouvre aux choses supérieures. C’est le point où les nuages se dissipent, ce qui évoque aussi le troisième oeil, celui présent au centre du delta lumineux ou sur le tablier du Maître Secret.

Cet oculus évoque par sa forme l’anneau de l’alliance, ou encore l’ouroboros.

Quant à la nuée, elle peut avoir plusieurs sens. On peut y voir les nuages de l’ignorance qui se dissipent. Dans la Bible, la nuée est le phénomène qui accompagne les manifestations de Dieu ; elle évoque en particulier la présence de Dieu dans le Saint des saints, entourant l’Arche d’alliance.

Le rituel précise que l’oculus porté par la nuée représente la voûte du temple : nous sommes au sommet du crâne, au point de contact entre l’âme et l’esprit : c’est bien le lieu de la rencontre et de l’alliance entre l’homme et son Créateur.

On l’a dit, la lettre J présente au centre de l’oculus signifie Jehovah : c’est le mot sacré de ce degré, l’un des noms du Grand Architecte de l’Univers :

Q. – Que signifie le J que l’on voit à la fenêtre du Temple ?
R. – C’est l’initiale d’un des noms de Dieu qui dans ce grade signifie : « Rendons grâce à l’Éternel, l’ouvrage est achevé ».

Rituel d’instruction au 6ème degré

Ce passage du rituel évoque l’achèvement du Temple, mais il faut plutôt y voir l’intention ou la promesse d’un achèvement futur…

D’autre part, on pourrait voir dans ce J l’initiale de Johaben. En l’occurrence Johaben est, certes bien malgré lui, l’élément ternaire fondamental à ce degré : sans doute la manifestation de la volonté du Grand Architecte de l’Univers.

Si l’on pousse cette interprétation, l’oculus devient le trou de serrure ou la porte entrouverte par laquelle Johaben est témoin des deux forces cosmiques qui s’opposent et qu’il convient de réconcilier…

Rappelons enfin que « Johaben » est le mot de passe du sixième degré.

Voir aussi notre liste de planches du 5ème au 12ème degré

Modif. le 25 avril 2024

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