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L’alliance : planche au 6ème degré R.E.A.A.

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L’alliance : en quoi ce thème est-il important au grade de Secrétaire intime ? Que symbolise l’alliance entre Salomon et Hiram de Tyr ? Voici une planche au 6ème degré R.E.A.A.

L’alliance (« berith » en hébreu) est le thème majeur du sixième degré du R.E.A.A. C’est aussi le fil conducteur de l’Ancien testament à travers les épisodes de Noé, Abraham, Moïse, David et bien sûr la construction du temple de Salomon.

L’alliance est en particulier représentée par l’Arche d’alliance, coffre qui contient les Tables de la Loi sur lesquelles Dieu a gravé les Dix commandements avant de les confier à Moïse. Une loi écrite qui rappelle quelque peu le manuscrit représenté sur le tableau de loge du sixième degré :

épées croisées manuscrit alliance

L’alliance évoque un alignement entre la volonté de Dieu et celle des hommes, qui permet bonheur, paix et justice.

Au sixième degré du R.E.A.A., le terme d’alliance s’applique à une situation particulière, qui débouche sur un nouveau pacte signé entre Salomon et Hiram de Tyr. Cet accord est rendu possible par le dépassement d’une situation antérieure jugée inéquitable.

Rappelons la situation initiale :

Conformément au traité que ses ambassadeurs avaient conclu avec Hiram, roi de Tyr, Salomon s’était solennellement engagé à livrer à Hiram un certain nombre de mesures d’huile et de miel, de boisseaux de froment, et vingt villes de Galilée quand le Temple serait achevé en échange du bois d’œuvre des forêts du Liban et des pierres extraites des carrières de Tyr, taillées et prêtes pour le Temple.

Une année s’écoula sans que Salomon fasse appliquer cet accord. Pendant ce temps Hiram visita ces villes et la province, il y trouva une terre sableuse et stérile si bien que la possession d’une telle contrée lui sembla être plutôt une charge qu’un bénéfice pour lui.

Il résolut donc d’aller à Jérusalem pour rencontrer Salomon et lui faire reproche d’avoir négligé de remplir les termes du traité. Arrivé au Palais, il traversa la salle des gardes où la cour de Salomon était assemblée, il se précipita dans l’appartement du roi qu’il trouva gémissant la perte d’Hiram Abi. Le roi de Tyr entra si hardiment et semblant tellement en colère qu’un des favoris de Salomon nommé Johaben, craignant qu’il eût quelque mauvais dessein contre la personne de son maître, le suivit et entrouvrit la porte pour écouter.

Rituel du 6ème degré REAA

Hiram de Tyr et Salomon symbolisent deux pôles conflictuels :

  • Hiram de Tyr représente la matière : il fournit les matériaux pour la construction du Temple et attend une rétribution,
  • Salomon représente l’esprit : son but est d’élever un temple destiné à accueillir Dieu.

Par ailleurs, Hiram de Tyr se montre colérique et impulsif, insensible à la douleur de Salomon qui pleure la mort d’Hiram-Abi. Salomon, au contraire, paraît calme et sensible ; il médite.

Le terme de sagesse est souvent appliqué à Salomon. Mais à y regarder de plus près, Salomon commet plusieurs erreurs : il ne s’est pas soucié de faire appliquer le premier traité (« une année s’écoula sans que Salomon fasse appliquer cet accord ») et semble incapable de maîtriser le zèle de ses favoris.

A l’inverse, Hiram de Tyr fait preuve de sagesse et de maîtrise lorsqu’il trouve la force de dépasser sa colère et le courage de pardonner à Johaben.

Ainsi, les deux pôles conflictuels comportent chacun des forces et des faiblesses :

  • la matière est violente, sourde aux questions spirituelles, mais elle peut véhiculer un idéal de justice (c’est bien ce qu’Hiram de Tyr est venu chercher auprès de Salomon) ainsi qu’une capacité à se dépasser pour pardonner,
  • l’esprit est paix et amour, mais en se désintéressant de la matière, il peut occasionner des situations de conflit et de désordre.

Ainsi, esprit et matière, cercle et carré, compas et équerre sont complémentaires et indissociables. L’esprit éclaire la matière et la matière permet d’accéder à l’esprit.

Témoin privilégié de cette scène, Johaben prend conscience de cela. Sa présence occasionne la même prise de conscience chez les deux souverains, qui dès lors sont prêts à signer un nouveau traité, fondé sur un meilleur équilibre entre matière et esprit.

Le message semble clair : pour s’élever vers Dieu, l’homme doit se réconcilier avec tous les aspects de sa nature. C’est la voie de la perfection.

Nous l’avons dit, la nouvelle alliance est rendue possible par l’intervention d’un tiers, en l’occurrence Johaben, qui par sa présence provoque une prise de conscience et un recul salutaire. Johaben joue, malgré lui, le rôle de celui qui voit tout, qui entend tout : Dieu semble présent à travers lui.

L’intervention d’un tiers résume l’idée même de justice : l’arbitre ou le juge est celui qui, extérieur au conflit, peut aider à le dénouer. Il représente la conscience épurée des bassesses de la matière.

Au-delà de la présence de Johaben, la réconciliation se fonde :

  • d’une part sur le pardon, qui consiste à oublier le passé,
  • d’autre part sur une promesse, c’est-à-dire un engagement futur : ce sont les termes du nouveau traité.

A ce titre, rappelons la présence des trois lettres A, P et P sur le tableau de loge du sixième degré : elle signifient « Alliance », « Promesse » et « Perfection ». On aurait pu y ajouter le P de « Pardon ».

Au sixième degré, le franc-maçon porte un cordon cramoisi orné d’un bijou formé de trois triangles entrelacés :

étoile 9 branches secrétaire intime 3 triangles entrelacés

Q. – Que signifie le triple triangle suspendu au bas de votre cordon ?
R. – Les trois vertus théologales, la Foi, l’Espérance et la Charité. On peut encore lui donner l’interprétation de : Salomon, Hiram roi de Tyr, et Hiram Abi.

Plus encore que le sceau de Salomon, les trois triangles entrelacés représentent l’alliance de l’esprit et de la matière. Mais nous avons ici la présence d’un élément supplémentaire qui incarne le meilleur des deux aspects, et qui est associé à Hiram-Abi.

Hiram Abi symbolise en effet la charité, c’est-à-dire la parfaite union de l’intention et de l’action : un idéal empreint de spiritualité autant que de justice.

Au sens biblique, l’alliance est synonyme de loi ou de commandement, termes qui suggèrent la soumission à Dieu. Mais cette soumission n’est pas obéissance aveugle : elle est au contraire un recentrage, l’abandon de l’illusion qu’il serait possible de vivre en-dehors des lois cosmiques. C’est encore la réparation du péché originel d’Adam et Eve, qui avaient cru pouvoir vivre « comme des dieux » (Genèse, 3, 5).

Il s’agit donc, paradoxalement, d’une soumission qui élève. Nous avons ici un double mouvement, de Dieu vers les hommes et des hommes vers Dieu. La construction du temple de Salomon vise précisément à créer ce point de contact entre Dieu et les hommes : une fois achevé, le Saint des saints contenant l’Arche d’alliance aura vocation à être habité par l’esprit divin venant sous la forme d’une nuée.

On retrouve cette nuée en tête du tableau de loge du sixième degré :

Jehovah nuée

On peut voir dans ce symbole une fenêtre ouverte, un passage, le point de contact entre l’âme et l’esprit, autrement dit la concordance entre l’âme humaine et l’âme du monde.

Voir aussi notre liste de planches du 5ème au 12ème degré

Modif. le 26 avril 2024

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