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In hoc signo vinces : signification et origine de cette expression

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Que veut dire in hoc signo vinces ? D’oĂč vient l’expression Par ce signe tu vaincras ? Quelle est sa signification ? En quoi Ă©voque-t-elle la croix chrĂ©tienne ?

In hoc signo vinces signifie : « par ce signe tu vaincras ». C’est une cĂ©lĂšbre expression latine qui date de l’empereur romain Constantin : en 312, lors de la bataille du pont Milvius, ce dernier aurait eu une vision : cette expression lui serait mystĂ©rieusement apparue dans le ciel accompagnĂ©e du chrisme (croix Ă  six branches). Le signe dont parle cette expression est donc le chrisme, forme de croix chrĂ©tienne.

Entrons dans les détails.

Lire aussi notre article : IHS : signification de ce monogramme.

In hoc signo vinces : la bataille du pont Milvius.

En 312, les empereurs romains Maxence et Constantin se dĂ©chirent pour le contrĂŽle de l’empire.

Quelques heures avant la bataille dĂ©cisive du pont Milvius (28 octobre 312), Constantin aperçoit une croix dans le ciel, accompagnĂ©e des mots In hoc signo vinces (certainement apparus en grec : ጐΜ Ï„ÎżÏÏ„áżł ÎœÎŻÎșα) : « par ce signe tu vaincras ».

Subjugué par cette apparition « plus éclatante encore que le soleil », Constantin fait reproduire la croix sur les étendards et les boucliers de ses soldats. Il remporte la victoire et entre dans Rome tandis que son rival Maxence se noie dans les eaux du Tibre.

L’importance de l’expression In hoc signo vinces.

L’apparition de l’expression In hoc signo vinces accompagnĂ©e du chrisme semble assurer la victoire Ă  Constantin. Le triomphe de ce dernier consacre le dĂ©but d’une nouvelle Ăšre.

En effet, cet Ă©vĂ©nement fait basculer le destin religieux de Rome : la rĂ©vĂ©lation de Constantin le conduit Ă  se rapprocher du christianisme. Et c’est l’Empire tout entier qui va suivre. L’entrĂ©e de l’Empire dans le christianisme est un Ă©vĂ©nement considĂ©rable.

ConsĂ©quence directe, la rĂ©pression contre les chrĂ©tiens cesse en 313 avec la promulgation de l’édit de Milan, qui proclame la libertĂ© de culte dans tout l’empire.

En 325, Constantin rĂ©unit les Ă©vĂȘques d’Orient et d’Occident en concile Ă  NicĂ©e. L’unitĂ© chrĂ©tienne est dĂ©finie sur la base d’un dogme commun. L’organisation et la discipline de l’Eglise sont codifiĂ©es.

Le rĂ©cit d’EusĂšbe de CĂ©sarĂ©e.

EusĂšbe de CĂ©sarĂ©e (265-339), Ă©vĂȘque de CĂ©sarĂ©e en Palestine, proche de Constantin, fait le rĂ©cit suivant dans son Ɠuvre « La Vie de Constantin » (Livre premier) :

Chapitre 28 : Comment Dieu envoya Ă  Constantin une vision pendant qu’il priait : une croix de lumiĂšre dans le ciel Ă  midi et un Ă©crit indiquant qu’il vaincrait par ce signe.

Constantin implora la protection de ce Dieu, Le pria de Se faire connaĂźtre Ă  lui et de l’assister dans l’état oĂč se trouvaient ses affaires. Pendant qu’il faisait cette priĂšre, il eut une merveilleuse vision et qui paraĂźtrait peut ĂȘtre incroyable, si elle Ă©tait rapportĂ©e par un autre. Mais personne ne doit faire difficultĂ© de la croire puisque ce prince me l’a racontĂ©e lui-mĂȘme longtemps depuis, lorsque j’ai eu l’honneur d’entrer dans ses bonnes grĂąces et que l’évĂ©nement en a confirmĂ© la vĂ©ritĂ©. Il assurait qu’il avait vu en plein midi une croix lumineuse avec cette inscription : « Vainquez par ce signe », et qu’il fut extrĂȘmement Ă©tonnĂ© de ce spectacle, de mĂȘme que ses soldats qui le suivaient.

Chapitre 29 : Comment le Christ de Dieu lui apparut dans un songe et lui ordonna d’utiliser le signe de la croix contre ses ennemis.

Cette vision fit une si forte impression dans l’esprit de Constantin qu’il en Ă©tait encore tout occupĂ© la nuit suivante. Durant son sommeil, le Christ de Dieu lui apparut avec le mĂȘme signe qu’il lui avait montrĂ© en l’air durant le jour et lui commanda de faire un Ă©tendard de la mĂȘme forme et de le porter dans les combats pour se garantir du danger.

Chapitre 30 : Fabrication du signe de la croix.

Constantin s’étant levĂ© dĂšs la pointe du jour raconta Ă  ses amis le songe qu’il avait eu, et ayant envoyĂ© quĂ©rir des orfĂšvres et des lapidaires, il s’assit au milieu d’eux, leur dĂ©crit la figure du signe qu’il avait vu et leur commanda d’en faire un semblable, enrichi d’or, et de pierreries.

Chapitre 31 : Description du signe en forme de croix, que les Romains appellent maintenant labarum. Voir notre article sur le chrisme.

Chapitre 32 : Comment Constantin, une fois catĂ©chisĂ©, lut les Saintes Écritures.

Le récit de Lactance.

Lactance (250-325 environ), Ă©crivain, proche de Constantin, fait le rĂ©cit suivant dans son Ɠuvre « De la mort des persĂ©cuteurs (chapitre XLIV, 4-10) :

(
) Constantin, rĂ©solu Ă  tout ce qui en pourrait arriver, s’approcha de Rome, et campa au pont de Milvius. C’était le vingt-septiĂšme jour du mois d’octobre, jour auquel Maxence avait pris la pourpre, et oĂč se terminaient les Quinquennales. Constantin, averti en songe de faire peindre sur les boucliers de ses soldats le signe adorable de la croix, et d’engager ensuite le combat, obĂ©it, et fit peindre sur ses boucliers un X, avec un accent circonflexe qui signifie JĂ©sus-Christ. Ses troupes fortifiĂ©es de cette armure cĂ©leste se prĂ©parĂšrent Ă  la bataille. L’armĂ©e ennemie en l’absence de son empereur passe le pont. On se choque avec une Ă©gale vigueur de part et d’autre. Cependant le peuple de Rome s’émeut et reproche Ă  Maxence qu’il trahit la cause publique. ÉpouvantĂ© de ce murmure, il appelle quelques sĂ©nateurs, et en consulte le livre des sibylles; on y trouve que ce mĂȘme jour l’ennemi du peuple romain devait pĂ©rir. Il interprĂšte l’oracle a son avantage; et, certain de la victoire, il court au combat. Il fait rompre le pont aprĂšs lui, afin que la nĂ©cessitĂ© de vaincre donnĂąt plus de courage Ă  son armĂ©e ; aprĂšs quoi le combat se rĂ©chauffe. Mais Dieu favorisait Constantin : ses ennemis s’effraient. Maxence veut se sauver, le pont rompu est un obstacle Ă  sa fuite. EmportĂ© par la multitude des fuyards, il est prĂ©cipitĂ© dans le Tibre. AprĂšs une si importante victoire, Constantin est reçu dans Rome avec l’applaudissement du sĂ©nat et du peuple. (
)

Lactance ne parle pas de l’expression In hoc signo vinces mais seulement du chrisme, apparu non pas dans le ciel en plein midi, mais en « songe ». La version de Lactance est donc lĂ©gĂšrement diffĂ©rente de la version d’EusĂšbe de CĂ©sarĂ©e.

Le chrisme.

L’expression in hoc signo vinces est indissociable du chrisme, Ă  tel point qu’on la traduit parfois par : « par la croix du vaincras ».

chrisme alpha omega

Le chrisme est un symbole chrĂ©tien composĂ© des lettres grecques Χ et ÎĄ correspondant aux deux premiĂšres lettres du mot grec ΧρÎčστός, soit KhristĂłs : le Christ. Il est parfois complĂ©tĂ© des lettres alpha et omĂ©ga symbolisant le dĂ©but et la fin.

Le chrisme est aussi le labarum : Ă©tendard militaire frappĂ© de la croix, adoptĂ© par l’armĂ©e de Constantin.

Le symbolisme du chrisme est extrĂȘmement riche : voir notre article sur le chrisme.

Un peu de recul sur la vision de Constantin.

On ne sait si la lĂ©gende de la vision de Constantin est rĂ©elle ou si elle relĂšve d’une opĂ©ration de propagande visant Ă  imposer progressivement le christianisme dans tout l’Empire romain.

Quoi qu’il en soit, c’est la premiĂšre fois que la croix est adoptĂ©e comme signe de reconnaissance et de ralliement par un empereur romain (en lieu et place de l’aigle notamment).

La croix devient un symbole majeur, un symbole de victoire militaire, de la mĂȘme maniĂšre que les fragments de la Vraie Croix seront plus tard portĂ©s au-devant de l’ennemi sur le champ de bataille.

Aujourd’hui, le sens de l’expression In hoc signo vinces a Ă©voluĂ©. « Par ce signe tu vaincras » peut rappeler aux croyants qu’ils doivent travailler sans relĂąche pour vaincre leurs mauvais penchants et terrasser le mal, guidĂ©s par la croix.

Remarque : Dans le roman Esther Jones et les 7 secrets de la Croix, le chrisme et l’expression In hoc signo vinces constituent des clĂ©s de rĂ©solution de l’Ă©nigme de l’emplacement des reliques de la Vraie Croix.

Voir aussi nos articles sur la Vraie Croix.

Modif. le 4 janvier 2023

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