Physique quantique, philosophie et spiritualité : quelle relation ? Qu’est-ce que l’énergie quantique ? Quelles implications en philosophie ? Quelle traduction spirituelle ?
Les théories quantiques sont nées au XXe siècle et ont révolutionné la physique, marquant une véritable rupture avec la science telle qu’elle était pratiquée jusque-là. Elles constituent la théorie fondamentale des particules de matière composant les objets de l’univers et des champs de force animant ces objets.
Alors que la physique classique décrit les objets à l’échelle macroscopique (essentiellement les molécules), la physique quantique les décrit à une échelle plus fine, celle des atomes et des particules qui les composent, ce qui lui permet de mettre en perspective tous les domaines de la physique.
La théorie quantique montre que les atomes sont composés de particules plus élémentaires, comme le proton ou le neutron, eux-mêmes composés de quarks évoluant au sein de champs d’énergie, selon les principes de la mécanique quantique.
Alors que, dans la physique classique, les objets présentent des caractéristiques absolues (masse, position et vitesse), ce n’est plus le cas dans la mécanique quantique, les objets agissant à la fois comme une onde et comme une particule. C’est ainsi qu’un objet pourra occuper une infinité de positions différentes en même temps.
La physique quantique est parfois difficile à comprendre tant elle est contre-intuitive et très différente de la physique classique, même si les deux ne sont pas incompatibles, étant entendu que l’on raisonne à des échelles différentes.
Les principaux axiomes de la physique quantique sont les suivants :
- Le principe de superposition : en mécanique quantique, une particule peut être dans un « mélange » de plusieurs états. Cette idée révolutionnaire a donné lieu à l’exemple bien connu du chat de Schrödinger (physicien autrichien), chat fictif qui peut être à la fois mort et vivant.
- L’indéterminisme de la mesure : en mécanique quantique, une mesure (par exemple une vitesse) peut donner un résultat ou bien un autre. La probabilité remplace la valeur absolue et le déterminisme pur est mis à mal.
- La dualité onde-corpuscule : en mécanique quantique, une particule n’est plus un corpuscule localisé, mais s’inscrit dans un champ de probabilités, à la manière d’un champ électrostatique. Le meilleur exemple est celui de la lumière, qui dès lors est vue à la fois comme un champ d’ondes électromagnétiques et comme un ensemble de photons.
- Le principe de non-localité : la mesure des propriétés d’une particule peut affecter instantanément les propriétés d’une autre particule, même si les deux particules ne sont pas au même endroit. Autrement dit, les particules semblent vivre en dehors de l’Espace-Temps.
- L’effet tunnel : un objet quantique peut franchir une barrière de potentiel même si son énergie est inférieure à l’énergie minimale requise pour franchir cette barrière. C’est le principe d’une onde sonore par exemple.
- Le principe d’incertitude : selon ce principe quantique, il est impossible de connaître simultanément deux propriétés physiques d’une même particule : en l’occurrence la position et la vitesse.
- L’influence de l’observateur sur l’objet observé : le choix de l’observateur de mesurer la trajectoire d’une particule (en tant qu’objet) ou de laisser la particule se propager sous forme d’onde influe sur les résultats de la mesure. En effet, lorsqu’une particule se propage sous forme d’onde, elle peut interagir avec elle-même. Plus précisément, lorsque l’observateur effectue une mesure sur une particule, la fonction d’onde qui décrit l’état de la particule « s’effondre » en l’un des états possibles correspondant à la mesure effectuée. Cela signifie que l’acte de mesure modifie l’état de la particule.
Ces principes étonnants voire déstabilisants remettent en cause notre manière de percevoir et de penser le monde…
Voici donc une approche du lien entre physique quantique, philosophie et spiritualité.
Physique quantique et philosophie : quelle relation, quelles implications ?
Sur le plan philosophique, il ressort des théories quantiques :
- l’idée que tout est énergie,
- l’intrication des phénomènes,
- l’incertitude, l’imprécision et l’indétermination,
- ou encore l’influence de l’observateur sur l’objet observé.
Concernant ce dernier point, on pourrait en conclure que la conscience est nécessaire au processus de mesure de la mécanique quantique (cf. le paradoxe de Wigner), et donc que la conscience constitue la seule réalité ultime. Cela questionne en tous cas la notion de point de vue au sens humain. Mieux, on pourrait se demander si le réel peut exister en l’absence d’observateur.
Par ailleurs, les théories quantiques semblent remettre en cause le déterminisme. Cela doit cependant être nuancé. Une analyse plus précise montre que la mécanique quantique ne remet pas en cause la loi de causalité en tant que telle. Elle ne prouve pas qu’un hasard intrinsèque régirait les processus microscopiques. Elle ne s’oppose pas non plus à la mécanique classique déterministe, cette dernière pouvant être simplement vue comme une situation aboutie de la théorie quantique.
Certes, en mécanique quantique, un électron pris isolément suit une trajectoire imprédictible. Mais une population d’électrons qui passe à travers une structure se distribuera selon une figure calculable. Plus l’échelle s’élargit, plus le temps, l’espace et le mouvement sont présents, plus le déterminisme revient.
Il n’en reste pas moins que les théories quantiques ont relativisé la notion de déterminisme, lui faisant perdre sa précision initiale, bien que l’impératif de nécessité demeure.
Mais le plus intéressant dans la mécanique quantique est sans doute son approche systémique des phénomènes, mettant en avant l’importance du lien entre le sujet et l’objet, et entre les évènements entre eux. Nous pouvons alors nous détacher de notre vision réductionniste du monde et commencer à regarder le cosmos comme un tissage de phénomènes en rapport les uns avec les autres, sans qu’aucun ne puisse jouir d’une existence propre.
La mécanique quantique nous pousse aussi à accepter la multiplicité des interprétations et la diversité des points de vue, donc à renoncer à une connaissance absolue et dominatrice. Une telle démarche, humble voire perplexe, devrait constituer le fondement de toute philosophie.
Physique quantique et spiritualité
Les théories quantiques ont connu (et continuent de connaître) un certain succès dans le domaine de la spiritualité. En effet, certaines croyances et pratiques se basent sur l’approche quantique pour appuyer une certaine vision du monde fondée sur une sorte de transcendance énergétique.
De fait, l’idée que tout est énergie fait écho aux spiritualités qui accordent de l’importance aux ondes, aux vibrations, et qui appellent à la maîtrise des énergies mentales et psycho-corporelles. Il s’agit dans la plupart des cas de parvenir à l’équilibre ou encore de trouver la bonne « fréquence » intérieure, en harmonie avec l’énergie cosmique globale, qui serait d’essence quantique.
Lire aussi notre article : Vibrations, ondes et énergies en spiritualité
D’autre part, le fait que les théories quantiques montrent l’influence de l’observateur sur l’objet observé vient nourrir les approches spirituelles qui croient en l’existence d’un lien direct entre conscience et réalité, parfois dans un sens mystique, c’est-à-dire dans la perspective d’une union entre l’homme, son Créateur et la création tout entière.
De façon générale, les théories quantiques s’accordent assez bien avec les philosophies orientales (taoïsme, bouddhisme, hindouisme…), dont beaucoup sont fondées sur la connaissance et la maîtrise des énergies. Ces philosophies sont moins cartésiennes que les philosophies occidentales et n’ont pas pour but de tenter de décrire une réalité qui serait absolument extérieure à l’individu ou à l’observateur. En ce sens, on pourrait dire qu’elles s’éloignent des principes de la physique classique pour se rapprocher de ceux de la physique quantique.
D’autre part, pour certains adeptes des philosophies orientales, la pratique de la méditation consisterait à entrer dans un champ vibratoire universel de nature quantique. Autrement dit, les phénomènes quantiques observés au niveau microscopique seraient la trace d’une vibration fondamentale ou d’une conscience unitaire, point commun à toute chose, auquel il s’agirait de se reconnecter.
Spiritualité et mysticisme quantique : un risque de dérive
En spiritualité et en développement personnel, on rencontre de plus en plus fréquemment les termes d’énergie quantique, de spiritualité quantique, de thérapie quantique ou encore d’éveil quantique.
Les mouvements New Age (par exemple la méditation transcendantale) font souvent référence à ces concepts. Selon les cas, il s’agit de se libérer de ses déterminismes, de changer radicalement d’état, d’effectuer un « saut quantique », de créer de nouveaux états mentaux, de reconnecter son énergie vitale au Tout, ou encore de laisser parler les synchronicités.
Malheureusement, cela donne lieu à des théories pseudo-scientifiques qui n’ont pas grand chose à voir avec la physique quantique, et qui relèvent plutôt du mysticisme et de la superstition.
Rappelons-le, les principes quantiques s’appliquent uniquement à l’échelle microscopique, et non à l’échelle macroscopique d’un cerveau, d’un individu ou d’un groupe de personnes.
Physique quantique et spiritualité : conclusion
Bien entendu, la spiritualité peut se nourrir des découvertes scientifiques pour alimenter la quête de réponses existentielles et réinterroger notre place dans l’univers. La spiritualité se fonde notamment sur l’intuition, qui tente d’établir des ponts entre des domaines de recherche parfois très différents. A ce titre, l’individu en recherche ne pourra que s’intéresser à la physique quantique, sans pour autant en tirer des conclusions ou des lois métaphysiques qui ne seraient pas validées par la raison…
Au final, la notion d’énergie reste importante en spiritualité, sans toutefois qu’elle corresponde à la définition de l’énergie telle que donnée par la science physique.
Autrement dit, l’énergie au sens spirituel n’est pas forcément une vibration ou un mouvement ; elle est simplement la reconnaissance que tout se tient, que tout est lié, cohérent et en ordre. Autrement dit, s’il y a mouvement, il s’inscrit dans une stabilité d’ensemble ; s’il y a des phénomènes relatifs, ils s’inscrivent dans l’absolu éternel. Dans un monde mouvant et impermanent, les vérités spirituelles sont inconditionnelles, stables et parfaites, ce qui se traduit au niveau humain par un état de paix et de sérénité durable.
De même, la lumière au sens spirituel n’est pas le rayonnement électromagnétique du soleil, mais la Lumière de la conscience qui sait voir au-delà de l’illusion de la séparation, au-delà de l’ego. Si l’on considère que le cerveau humain doit produire un effort important pour parvenir à ce niveau de conscience, alors d’une certaine manière, on peut parler d’une énergie spirituelle à mobiliser…
Au final, la spiritualité doit rester une « méta physique », c’est-à-dire un champ de recherche qui se situe au-delà de la physique, au-delà des théories scientifiques changeantes. Ceci dit, rien n’interdit au cherchant d’emprunter des concepts à la science physique pour en tirer une signification symbolique ou analogique susceptible d’éclairer son chemin.
Pour aller plus loin :
Qu’est-ce que la spiritualité ? Quel est le but à atteindre ? En quoi consiste la méthode spirituelle ? Quel lien avec la philosophie ?
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Modif. le 5 mai 2024