Quels sont les quatre sceaux du bouddhisme ? Que nous apprennent-ils ? Sur quoi repose l’enseignement bouddhiste, ou Dharma ?
Le bouddhisme est une religion, parfois considรฉrรฉe comme une philosophie, qui est nรฉe au Vรจme siรจcle avant J-C en Inde consรฉcutivement ร l’รฉveil du Bouddha. Son but ultime est l’รฉveil intime, ou bodhi.
L’enseignement du bouddhisme est le Dharma, qui se fonde sur quelques notions fondamentales correspondant aux quatre sceaux du bouddhisme.
Voyons quels sont les quatre sceaux du bouddhisme, ou quatre sceaux du Dharma.
Les quatre sceaux du bouddhisme : dรฉfinition.
Les quatre sceaux du bouddhisme sont les 4 caractรฉristiques qui marquent tout les enseignements du Bouddha. Ils permettent de vรฉrifier qu’une thรฉorie ou une doctrine relรจvent bien du bouddhisme.
Trois ou quatre sceaux ?
Il y a trois sceaux pour le bouddhisme theravada, contre quatre sceaux pour le bouddhisme mahayana (le bouddhisme theravada est considรฉrรฉe comme orthodoxe, alors que le Mahayana est plus moderne et plus ouvert).
En effet, dans le Mahayana, un quatriรจme sceau vient complรฉter les trois prรฉcรฉdents : le nirnava.
Les trois premiers sceaux correspondent dans tous les cas aux trois caractรฉristiques de l’existence :
- l’anitya (impermanence),
- l’anatman (non-soi),
- le dukkha (souffrance).
Voir notre article : Les diffรฉrentes รฉcoles du bouddhisme.
1) Premier des quatre sceaux du bouddhisme : l’impermanence.
L’impermanence (anitya) est l’idรฉe que tous les phรฉnomรจnes sont impermanents : les choses apparaissent, se transforment et disparaissent sans cesse. Tout est changeant, fragile, tout est flux transitoire.
Au final, aucun phรฉnomรจne, aucune chose, aucun individu ne peut durer dans le temps. A titre d’exemple, la mort peut nous surprendre ร chaque instant.
Remarque : L’impermanence concerne les phรฉnomรจnes composรฉs. Un phรฉnomรจne composรฉ, ou “conditionnรฉ”, est une chose (รฉvรฉnement, รชtre ou objet) dont l’existence est issue d’une sรฉrie de causes et de conditions. A l’inverse, les phรฉnomรจnes non composรฉs ou non conditionnรฉs sont permanents.
Voir notre article sur l’impermanence du bouddhisme.
2) Deuxiรจme sceau : le non-soi.
Le non-soi est le deuxiรจme des quatre sceaux du bouddhisme.
Le non-soi (anatman) est l’idรฉe que tous les phรฉnomรจnes sont sans existence propre : ils n’existent pas par eux-mรชmes. Notre ego nous conduit ร penser que nous sommes des รชtres autonomes et รฉternels (les religions occidentales parlent mรชme de survie de l’รขme), alors que notre existence est une agrรฉgation de phรฉnomรจnes conditionnรฉs.
A noter que le non-soi ne nie pas forcรฉment notre existence, mais plutรดt le fait qu’un moi existe de maniรจre indรฉpendante. Ainsi, l’impression que nous avons de pouvoir nous contrรดler (nos pensรฉes, notre corps, nos actions) est une illusion.
D’autre part, le concept de non-soi doit รชtre mis en relation avec celui de vacuitรฉ.
Remarque : le non-soi s’applique aussi bien aux phรฉnomรจnes conditionnรฉs (samsara par exemple) que non-conditionnรฉs (nirvana).
Voir notre article sur le non-soi du bouddhisme.
3) Troisiรจme sceau : la souffrance.
Le troisiรจme sceau est la souffrance (dukkha), qui peut aussi รชtre traduit par insatisfaction ou mal-รชtre.
Selon le dukkha, tous les phรฉnomรจnes sont souffrance, toutes les รฉmotions sont douloureuses. La souffrance est en lien avec le cycle des renaissances successives dans lequel sont pris les รชtres non รฉveillรฉs : le samsara. De maniรจre plus gรฉnรฉrale, la souffrance naรฎt du principe de causalitรฉ ou “interdรฉpendance“, autrement dit lโenchaรฎnement des phรฉnomรจnes qui fait que rien n’a d’existence propre.
La souffrance provient de l’insatisfaction causรฉe par la perspective de la vieillesse, de la maladie, de l’abandon, de la perte du bonheur, par la peur du changement et de maniรจre gรฉnรฉrale, par les tous les รฉtats conditionnรฉs.
Dans le bouddhisme, le dukkha est aussi la premiรจre des quatre nobles vรฉritรฉs.
Remarque : Le principe de souffrance s’applique uniquement aux phรฉnomรจnes composรฉs ou conditionnรฉs.
Lire notre article sur la souffrance dans le bouddhisme.
4) Quatriรจme sceau : la libรฉration ou nirvana.
Le quatriรจme sceau est la libรฉration, autrement dit le nirvana. C’est la paix, l’extinction de la souffrance et de l’ignorance, c’est-ร -dire l’Eveil (bodhi).
Le nirvana est un dรฉpassement de l’interdรฉpendance des choses, de l’impermanence et de l’existence conditionnรฉe. Il est vide et inconditionnรฉ. Il est atteint par le dรฉtachement et la cessation de l’illusion du soi.
A noter que ce quatriรจme sceau concerne le bouddhisme mahayana et tibรฉtain, et non le bouddhisme theravada.
Lire aussi l’article : Vide et vacuitรฉ : dรฉfinition et diffรฉrence.
Conclusion sur les quatre sceaux du bouddhisme.
Au final, les quatre sceaux de la philosophie bouddhiste montrent que tout est liรฉ et interdรฉpendant, que tout phรฉnomรจne est causรฉ par des facteurs dรฉterminants, et par consรฉquent que rien ne dure ne serait-ce qu’un instant, et que rien nโa dโexistence intrinsรจque. Tout est processus : lร est la cause de la souffrance. Il convient de se libรฉrer de cette souffrance par le dรฉtachement : c’est l’atteinte du nirvana, l’Eveil.
Toute chose composรฉe est impermanente.
Toute รฉmotion est douleur.
Aucune chose n’existe en et par elle-mรชme.
Le nirvana est au-delร de ces concepts.
Ouvrages en rapport avec le bouddhisme :
- Et si vous m’expliquiez le bouddhisme ? de Ringou Tulkou Rimpotchรฉ. Une introduction claire et simple au bouddhisme.
- N’est pas bouddhiste qui veut, de Dzongsar Jamyang Khyentse. Excellente introduction au bouddhisme, simple et comprรฉhensible.
- L’Enseignement du Bouddha. D’aprรจs les textes les plus anciens, de Walpola Rahula. Trรจs bel exposรฉ des principes fondamentaux de la doctrine bouddhique, tels qu’on les trouve dans les textes fondateurs.
Modif. le 28 juin 2020