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La prise de parole en loge : la règle, l’esprit et le sens

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La prise de parole en loge : quelles règles pour quel objectif ? Comment prendre la parole en tenue et dans quel esprit le dialogue doit-il se faire ?

Chaque obédience possède un rituel et des règlements généraux qui encadrent la prise de parole en loge. Ces règles sont à la fois pratiques, sociales et symboliques ; elles constituent un modèle de communication unique qui s’écarte des pratiques du monde profane.

Car l’espace où l’on s’exprime est sacré. L’ordre et l’harmonie sont recherchés, la polémique est proscrite, les joutes verbales interdites, et il est inenvisageable de « couper la parole ».

Respect, courtoisie et tolérance s’imposent. Certains sujets, sociétaux, religieux ou politiques sont, soit à éviter, soit à aborder avec la plus grande retenue.

La prise de parole est codifiée dans un triple objectif :

  • encourager la maîtrise de soi,
  • permettre des relations fraternelles,
  • faciliter la recherche de la Vérité.

Les règles impliquent de savoir prendre la parole, mais aussi et surtout de savoir garder le silence. Car la quête de la parole perdue, c’est-à-dire d’une Vérité inaccessible, rend toute parole humaine par définition imparfaite.

L’art oratoire (ou rhétorique) consiste alors plus à suggérer, supposer et questionner, qu’à affirmer, défendre ou plaider.

Voici une planche sur la prise de parole en loge.

En franc-maçonnerie, tout est conçu pour parler calmement, en respectant les autres. La parole demandée peut ne pas être accordée immédiatement. Mais quand celle-ci est donnée, le F. qui s’exprime a le droit de parler sans être interrompu, dans un espace-temps qui lui appartient.

On remarquera le rôle absolument fondamental du VM pour tout ce qui relève de la gestion de la parole en loge. Il est en effet le seul à pouvoir interrompre un F. ou imposer le silence s’il l’estime nécessaire.

La possibilité de s’exprimer en loge

Seuls les Apprentis sont privés de la possibilité de s’exprimer en loge, sauf si cela leur est explicitement demandé par le VM, par exemple pour la lecture de leurs impression d’initiation ou d’une planche. Lire aussi : Le silence de l’Apprenti

Les autres F. peuvent demander la parole dans les moments où le VM la fait « circuler ». Enfin, seul le VM peut s’exprimer quand il le souhaite, de manière totalement libre.

Demander la parole

Les F. peuvent demander la parole en le faisant savoir à leur Surveillant, en levant la main ou en tapant discrètement dans leurs mains, sans émettre aucun son vocal.

Seuls le Couvreur et les officiers ou dignitaires siégeant à l’Orient peuvent demander la parole directement au VM.

Enfin, les F. Surveillants peuvent demander la parole pour eux-mêmes.

Obtenir la parole : le principe de la triangulation

La triangulation implique le jeu de trois acteurs : le Surveillant repère une demande de prise de parole, transmet cette demande au VM (« Vénérable Maître, un Frère de ma colonne demande la parole »), enfin le VM accorde la parole au F. concerné.

La triangulation permet d’évacuer toute communication interpersonnelle directe, instaurant une médiation, précieux outil de régulation, favorisant l’ordre et la pondération.

Se lever et se mettre à l’ordre

Le F. pourra enfin s’exprimer après s’être levé, pieds en équerre et à l’ordre. La main sur la gorge peut indiquer que ses propos ne seront nullement parasités par ses passions. Tout est fait pour le contraindre : les pieds en équerre empêchent tout balancement ou piétinement, le bras droit peut induire une douleur au niveau de l’épaule (ce qui contraint à limiter son temps d’intervention !), les deux bras figés empêchent de parler avec les mains, évitant de ce fait les effets de manche des prétoires.

Le F. se retrouve donc debout face à ses F. assis : la loge entière est prête à l’écouter avec attention.

La formule introductive

La formule introductive au moment de la prise de parole est traditionnellement « Vénérable Maître et vous tous mes F. en vos grades et qualités ». On s’adresse donc d’abord au VM, lequel représente, au REAA, le Grand Architecte de l’Univers.

Le vouvoiement

Le vouvoiement (ou voussoiement) s’impose en loge, ne serait-ce que parce que l’on s’adresse exclusivement au VM. C’est un signe de respect évident, qui là encore oblige à maîtriser et peser ses propos.

Ne pas garder la parole trop longtemps

Les interventions, comme les planches, doivent être succinctes. Malheureusement, des F. prolixes n’arrivent pas se limiter ; le temps d’une tenue étant limité, les autres F. seront défavorisés…

Une planche, par politesse, ne devrait pas dépasser 10 minutes, le but n’étant pas de tout dire sur le sujet mais de lancer la réflexion et d’appeler les F. à réagir ou à donner des compléments.

Le conférencier ne recherche pas l’exhaustivité, de même que l’intervention d’un F. ne doit pas conduire à livrer une « planche bis », sachant qu’il est toujours possible de continuer à échanger en salle humide.

Quitter la parole

La formule « J’ai dit » prononcée en fin d’intervention permet d’indiquer clairement que la prise de parole est terminée. Cela évite toute méprise ou interruption malvenue.

Reprendre la parole

Normalement, un F. ne doit pas prendre la parole plus de 3 fois sur un même sujet, ceci pour éviter l’instauration d’un débat sans fin amenant à d’inévitables dérives.

Les règles de prise de parole en loge permettent de progresser sur soi-même, avec l’aide des autres.

Les métaux sont laissés à la porte du Temple, l’ego est sous contrôle, les passions sont contenues. Nous ne sommes plus sur l’agora. L’échange devient constructif et la fraternité nourrit l’égrégore.

Les échanges ne sont plus une question de posture ; ils ne consistent plus à dominer ou étaler son savoir ; ils ne donnent plus lieu à aucun jugement. Ils nourrissent au contraire une intelligence collective qui doit permettre à chacun d’avancer vers la Lumière et vers la Connaissance.

Ainsi, la codification de la parole participe du caractère sacré de la tenue : le groupe progresse dans l’harmonie, la sagesse et la sérénité.

Voir aussi notre liste de planches au 1er degré

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Modif. le 15 février 2024

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