Le premier travail du Maître maçon : en quoi consiste-t-il ? Que représente le compas au troisième degré ? Analyse et interprétation.
Le premier travail du Maître maçon consiste à tracer un cercle sur la planche à tracer, à l’aide du compas :
LE TRÈS VÉNÉRABLE MAÎTRE
Mon Frère, veuillez remarquer la disposition des Trois Grandes Lumières sur l’Autel des Serments.
Vos progrès en Franc-Maçonnerie sont représentés par la position du Compas, placé sur l’Équerre, sur le Volume de La loi Sacrée, les deux pointes découvertes, prêtes à tracer le Cercle mystérieux. Celui-ci symbolise le Travail des Maîtres, que vous serez appelé à exécuter tout à l’heure.
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LE TRÈS VÉNÉRABLE MAÎTRE
Frère Expert et Maître des Cérémonies, présentez au récipiendaire le Compas et la Planche à tracer et faites-lui exécuter son premier travail de Maître.
Prenant ces objets qui se trouvent sur le Plat. de l’Hosp., le M. des Cér. présente au récipiendaire la Pl. à tracer et l’Exp. lui remet le Compas, avec lequel il lui fait tracer un cercle sur la Pl. à tracer. Il le fait remettre à l’Ord. La Pl. et le Compas sont remis à leur place.
L’EXPERT, se mettant à l’Ordre
Très Vénérable Maître, le récipiendaire a exécuté son premier travail de Maître.
Au-delà de ce passage, le compas est omniprésent lors de l’initiation au troisième degré :
- un compas est posé à l’Est, au pied du cercueil, ouvert vers le cercueil,
- après son entrée et son retournement, le récipiendaire est éprouvé par le compas : l’Expert applique les deux pointes du compas sur la poitrine du récipiendaire, puis l’élève au-dessus de sa tête,
- la sépulture de Maître Hiram est identifiée grâce à l’acacia, mais aussi par la présence d’une équerre et d’un compas, indices « qui ne laissent plus aucun doute »,
- le cordon du Maître comporte un bijou composé d’une équerre et d’un compas ouvert à 45°,
- les pas de la marche du Maître décrivent une courbe qu’on trace avec un compas,
- il est dit que le récipiendaire est devenu Maître maçon en passant de l’équerre au compas (rituel d’instruction au troisième degré),
- il est dit que si un Maître était perdu, on le retrouverait « entre l’équerre et le compas » (instruction).
Enfin, on retrouve aussi le compas sur le tableau de loge ainsi que posé, avec l’équerre, sur le Volume de la Loi Sacrée.
Le premier travail du Maître maçon consiste donc en un tracé au compas, instrument dont la maîtrise ouvre grand le champ de la spiritualité.
Voyons la signification du premier travail du Maître maçon.
Voir aussi cette liste de planches au 3ème degré
Le premier travail du Maître maçon : interprétation
Le compas (du latin compassare : « mesurer avec le pas ») est un instrument de tracé, de mesure et de report. Ca n’est pas un outil opératif à proprement parler, car on ne l’utilise pas sur le chantier, mais plutôt pour élaborer les plans. Nous sommes donc dans le domaine de la réflexion, de la conception, bref le domaine de l’esprit. Voilà la preuve que le franc-maçon est désormais capable de maîtriser les idées, les concepts abstraits, les valeurs idéales portées par l’intuition, des valeurs qui fonderont son action.
Ainsi, en effectuant son premier travail de Maître maçon, en traçant le cercle sur la planche à tracer, l’initié s’ouvre à la possibilité de « concevoir », c’est-à-dire d’être acteur de sa vie. Il n’est plus un être errant dans les ténèbres, il préside désormais à sa propre existence. On peut y voir l’entrée dans le domaine de la spiritualité, un domaine qui ne semble plus soumis aux déterminismes de la matière.
Toutefois, sans la règle ou l’équerre, le compas serait inopérant ; en effet, il est impossible d’élaborer un plan sans tracer de ligne droite. Ce qui signifie que l’usage du compas seul nous maintiendrait dans une abstraction vaine, stérile, déconnectée, incapable de trouver forme réelle. Au contraire, en s’appuyant sur la règle (la Loi de matière) et l’équerre (la raison pure), le compas exprime tout son potentiel dynamique et créatif, en direction de la matière.
Le cercle et son centre
Le premier travail du Maître maçon consiste à tracer un cercle. Figure parfaite, le cercle ne comporte aucun angle, aucune différenciation. Il évoque la globalité, l’unité, l’infini : on peut y voir l’Amour qui se développe à partir du centre qui génère et relie tout, image de l’axe du monde.
Ainsi, en traçant le cercle, le Maître se connecte à ce centre éternel d’où tout part et tout converge : il boit à la source de Connaissance, une connaissance qui concerne à la fois les lois de l’Esprit et celles de la matière.
A partir de ce centre éternel, le cercle prend forme : dans son périmètre, il pourra comporter tout élément différencié, toute forme destinée à prendre corps dans le monde réel, obéissant aux lois de la matière autant qu’à la loi d’Amour.
Quant au degré d’ouverture du compas, il peut symboliser le degré d’ouverture de la conscience du Maître : plus le cercle est large, plus son champ d’action et sa créativité seront étendus.
La planche à tracer
La planche à tracer est le support sur lequel le nouveau Maître pose le compas et trace le cercle. Cette planche, qui est d’ailleurs représentée sur les trois tableaux de loge des trois degrés symboliques, consiste en un rectangle sur lequel figurent deux grilles d’alphabet maçonnique :

Ces symboles évoquent un code, un langage qui sous-tend aussi bien la conception que la réalisation. On peut y voir le verbe, le logos, la raison, la loi cosmique ou encore la musique, la géométrie et les mathématiques.
Plus précisément, le symbole supérieur évoque un carré, domaine de l’équerre : voilà la matière ordonnée, la raison. Quant au symbole inférieur, il évoque un centre, point commun de la croix et du cercle, domaine de l’intuition.
Le tracé du cercle par le nouveau Maître se fait donc sur une « planche », support de nature terrestre : sa pensée, son idéal ont vocation à s’exprimer et à prendre corps dans le monde concret, comme une invitation à trouver le point de correspondance entre esprit et matière.
Ce terme de « planche » évoque aussi le travail du Maître en loge : écrire, composer des planches qui seront lues devant tous, comme autant d’invitations à voir, à comprendre et à agir concrètement pour un monde meilleur.
Le premier travail du Maître maçon : conclusion
En effectuant son premier travail de Maître, en traçant son premier cercle sur la planche à tracer, le franc-maçon devient actif. Il n’est plus simplement observateur, il a acquis une autonomie spirituelle. Ce qui ne veut pas dire qu’il peut s’afranchir des lois de la matière ; bien au contraire, le Maître est celui qui reconnaît ces lois et qui s’y soumet, mais en conscience. Il inscrit son action dans ce cadre, sans ambition déplacée. Il se fixe des objectifs conformes à la loi universelle.
Pour le franc-maçon, la pensée n’est pas déconnectée de l’action, et il n’y a pas de dualisme esprit-matière. La pensée libre n’est pas une pensée libertaire ou libertarienne mais une pensée consciente, fondée sur la connaissance de soi et des lois de la matière…

Ce livre numérique pdf (98 pages) comporte 26 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du troisième degré maçonnique.
Il offre des points d’appui pour qui souhaite pénétrer plus profondément l’esprit et le sens de ce degré.
Modif. le 2 novembre 2025






