Comment la mort est-elle abordรฉe en franc-maรงonnerie ? Comment les franc-maรงons perรงoivent-ils la mort ?
Tout d’abord, le franc-maรงon distinguera deux types de morts : la mort physique d’une part (le “passage ร l’Orient รฉternel“), et la mort initiatique d’autre part.
Voyons prรฉcisรฉment ce que signifie la mort en franc-maรงonnerie.
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La mort en franc-maรงonnerie : la mort physique.
Le franc-maรงon ne s’intรฉresse pas beaucoup ร la mort physique, si ce n’est dans quelques cas prรฉcis :
- le parjure : c’est une violation du serment maรงonnique, devant nรฉcessairement entraรฎner la mort (symbolique, bien sรปr…),
- le sacrifice, nรฉcessaire dans certains cas, il renvoie au sacrifice d’Hiram,
- ou encore la prรฉsence du crรขne dans le cabinet de rรฉflexion, comme un rappel de notre condition de mortel et une exhortation ร l’humilitรฉ.
La mort : une opportunitรฉ pour la vie d’aller plus loin.
Avant d’en arriver ร la mort initiatique, le franc-maรงon s’attardera sur le mรฉcanisme de la vie et de la mort dans le rรจgne vivant.
Dans la nature, la mort n’est pour la vie qu’un รฉchec apparent. La mort est en rรฉalitรฉ un moyen pour les vivants d’aller plus loin. En opรฉrant un tri entre les individus, la sรฉlection naturelle rend possible l’adaptation permanente des espรจces ร leur environnement. La diversitรฉ gรฉnรฉtique permet ร la vie de trouver son chemin et gagner en expรฉrience, une connaissance prรฉcieuse qui sera transmise par l’ADN.
Ainsi la vie se nourrit de sa propre mort pour se perfectionner sans cesse.
Lire aussi notre article : La vie : dรฉfinition scientifique et philosophique.
La mort en franc-maรงonnerie dans sa dimension initiatique.
La mort initiatique est au coeur des rites maรงonniques. On ne parle plus ici de mort physique, mais de transmutation, de transformation de l’individu en lui-mรชme.
La mort consiste alors ร se sรฉparer de son ancien “moi” pour trouver son “soi”, son รชtre profond.
Il s’agit d’abandonner une partie de sa personnalitรฉ, de ses dรฉfauts et mauvais penchants : orgueil, ambition, apprรฉhensions. Il s’agit d’identifier ses ennemis intรฉrieurs pour les combattre et les terrasser.
Ainsi, la mort initiatique est indissociable du “Connais-toi toi mรชme” : il est nรฉcessaire de plonger en soi pour se connaรฎtre et identifier ce qu’il faut extraire de mauvais. C’est un processus long, un changement d’รฉtats successifs : une maturation lente rendue possible par l’initiation et le travail en loge.
Et tant que tu n’as pas comprisย
Ce :ย Meursย etย deviensย !ย
Tu n’es qu’unย hรดteย obscurย
Surย laย terreย tรฉnรฉbreuse.
Goethe
La vie du franc-maรงon est donc marquรฉe par plusieurs morts successives, vues comme autant de renoncements conscients et acceptรฉs :
- je rรฉalise que je ne dรฉtiens pas la vรฉritรฉ,
- je sais que je ne sais rien,
- je sais que je ne suis pas libre,
- je sais que je ne suis rien,
- je renonce ร mes ambitions รฉgoรฏstes,
- etc.
Lire aussi nos articles :
- Les franc-maรงons croient-ils en Dieu ? La foi maรงonnique
- La vie aprรจs la mort : approche philosophique et spirituelle
- La mort dans le bouddhisme
Pour votre bibliothรจque :
- Dictionnaire maรงonnique, de Roger Richard. Ce dictionnaire comporte 29 biographies et prรจs de 2000 dรฉfinitions de mots puisรฉs dans les rituels.
- Le mythe d’Hiram, fondateur de la maรฎtrise maรงonnique, de Jean Delaporte. Un excellent ouvrage sur la lรฉgende d’Hiram et sa profondeur symbolique.
Modif. le 22 dรฉcembre 2020