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Le signe d’ordre du maître maçon : interprétation

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Le signe d’ordre du maître maçon : en quoi consiste-t-il et comment l’interpréter ? Voici une interprétation de ce geste au REAA.

Il y a trois signes principaux au grade de maître : le signe d’ordre, le signe d’horreur et le signe de détresse.

Le signe d’ordre consiste à porter la main droite horizontalement contre le flanc gauche, les doigts étendus et rapprochés, le pouce séparé en équerre. Il est indissociable du signe pénal, qui consiste à déplacer horizontalement la main droite de gauche à droite, comme si on coupait le corps en deux parties, avant de laisser retomber la main le long du corps.

Alors qu’au premier degré la main était placée sur la gorge, puis sur le coeur au deuxième degré, la voici positionnée sur le ventre, symbole des appétits terrestres et des pulsions sexuelles. De palier en palier, la main est descendue, évoquant une plongée au plus profond de soi-même, jusqu’à y déceler la présence des mauvais compagnons.

Tentons d’analyser le signe d’ordre du maître maçon.

Lors de sa prestation de serment, le nouveau maître promet de garder les secrets et d’être fidèle aux obligations du grade, avant de conclure :

Si je manquais à ce Serment solennel, que mon corps puisse être coupé en deux parties, mes entrailles arrachées et brûlées et les cendres dispersées aux quatre points cardinaux, afin qu’il ne reste aucune trace parmi les humains et en particulier parmi les Francs-Maçons, d’un homme aussi méprisable !

Voilà donc la signification la plus évidente du signe pénal. Le serment constitue le lien invisible qui scelle le pacte d’union entre les franc-maçons, et qui fonde la fraternité initiatique. De même que l’apprenti préfèrerait avoir la gorge coupée plutôt que de révéler les secrets qui lui ont été confiés, le compagnon est prêt à s’arracher le coeur, et le maître à voir son corps coupé en deux.

Bien sûr, au troisième degré, le sens de ce sacrifice prend une dimension particulière avec l’exemple d’Hiram. Ce dernier fait le choix de la mort plutôt que de révéler les secrets aux trois mauvais compagnons. Face à la trahison, la convoitise et l’égocentrisme, Hiram résiste : il va au-delà de sa simple condition d’homme pour protéger l’essentiel, il dépasse les limites de son corps physique pour rester fidèle à la loi morale et divine.

Par conséquent, le signe d’ordre et le signe pénal constituent un rappel des valeurs de fidélité, d’intégrité et de respect de notre ordre. Ils sont le souvenir du comportement d’Hiram. Le sens du sacrifice n’est rien d’autre que le sens du devoir : les intérêts personnels doivent s’effacer devant les intérêts du groupe et devant la loi cosmique.

Et si nous venions à trahir, c’est-à-dire à capituler face aux mauvais compagnons, cela se traduirait par une dissolution psychique, autrement dit la perte de l’âme : l’oubli définitif de notre propre existence, selon les termes du serment prêté.

La division du corps en deux parties rappelle la tenue du récipiendaire lors de la cérémonie d’élévation au grade de maître. Celui-ci est torse nu alors que la partie inférieure de son corps reste habillée. Autrement dit, le coeur est dévoilé et le sexe est couvert, y compris par le tablier.

On peut y voir le signe d’une séparation à opérer, en l’occurrence entre le bas (le centre des pulsions) et le haut (l’intellect, le coeur). Cette séparation alchimique nous libère de nos instincts vitaux, donc de la peur de mourir, et de toutes les chaines qui nous rendaient esclaves de nous-mêmes.

La tenue du récipiendaire, tout comme le signe d’ordre, évoquent donc la mort et la renaissance, mais aussi l’humilité par la reconnaissance de la réalité de notre condition matérielle et animale. Encore une fois, c’est en nous abaissant que nous pourrons nous élever…

Enfin, le corps coupé en deux peut évoquer le « milieu » (cf. la Chambre du milieu) : le point de rencontre de toutes les oppositions et l’invitation à harmoniser ce qui est en bas et ce qui est en haut.

Les trois signes d’ordre des trois degrés peuvent renvoyer aux trois centres vitaux de l’être humain, aussi appelés « centres subtils » par René Guénon :

  • la tête est le centre psychique : c’est la vie mentale de l’individu, avec ses fonctions cognitives et émotionnelles. C’est l’âme, la parole, la raison, la conscience… mais aussi l’inconscience et le mental non maîtrisé,
  • le coeur est le centre spirituel, lié à la conscience, à l’intuition, à la Connaissance et à la réalisation de soi,
  • enfin, le ventre est le centre vital, le ressort de vie, le lieu de la « soif », des envies et des pulsions.

Ces centres subtils sont des réalités psychologiques autant que métaphysiques. Au troisième degré, l’accent est mis sur le ventre, instance qu’il faut plus que jamais explorer pour déjouer les pièges des mauvais compagnons.

En se mettant à l’ordre, l’apprenti indique qu’il domine sa matière cérébrale et son flux de parole ; le compagnon s’ouvre à l’intelligence du coeur ; enfin le maître achève de soumettre ce qui doit obéir. Sa maîtrise s’étend jusqu’aux plus bas instincts, qu’à présent il sait reconnaître et dompter.

Voir aussi notre liste de planches au troisième degré REAA

Les essentiels du troisième degré maçonnique Adrien Choeur

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Modif. le 14 mars 2024

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