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Planche de bienvenue au grade de Maître maçon

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Planche de bienvenue au grade de Maître : voici un exemple de planche d’accueil prononcée par l’Orateur à l’issue de la cérémonie d’exaltation.

Cette planche s’adresse à plusieurs Maîtres élevés en même temps.

Planche de bienvenue au grade de Maître maçon : exemple de mot d’accueil.

Très Vénérable Maître,
Et vous tous, Vénérables Maîtres, mes Frères,

C’est avec une réelle émotion que je lis cette planche d’accueil et de bienvenue au 3ème degré. Peut-être parce que je vous ai vus grandir, vous mes Frères qui venez d’être élevés à la maîtrise. Parce que j’ai suivi vos pas, partagé certains de vos doutes. Mais pas uniquement.

Dans un premier temps, je voudrais vous ramener à votre cérémonie d’initiation et à son premier voyage. Dans la symbolique des épreuves de la vie, dans un bruit assourdissant, sur un chemin parsemé d’obstacles, vous n’êtes point tombés parce que des bras puissants vous soutenaient, ceux de la fraternité.

Je ne saurais oublier – nous ne saurions oublier – la profondeur et la sincérité de vos planches de passage. Dans ces instants, le puissant égrégore qui fait notre richesse vous permettait de continuer à avancer, de nous livrer une parole intime libre et fraternelle.

Dans l’épreuve, dans vos épreuves, nous avons trouvé ensemble le chemin, ainsi que les moyens de continuer à mettre un pied devant l’autre. Et nous avons passé le gué ensemble, non sans inquiétude, mais avec assurance.

Ainsi se fait la marche en avant du franc-maçon, qui est, comme celle du temps, inexorable. Elle va de l’obscurité à la lumière, elle passe par la découverte de l’autre, par son acceptation, jusqu’à l’édification d’un amour fraternel par le partage et le travail. Cette marche va de la pierre brute à la pierre cubique.

Le chemin a été long pour que vous découvriez enfin cette Chambre du Milieu. Mais votre persévérance et votre patience ont été récompensées. Vous n’êtes pourtant pas arrivés au bout du voyage. Vous avez tout juste franchi une nouvelle étape, un pas de plus vers la découverte des mystères de la franc-maçonnerie. Vos devoirs n’en sont que plus grands, devoirs envers vous-même mais aussi envers les autres.

La douceur de la cérémonie d’élévation au second degré ne pouvait en rien vous laisser supposer le terrible assassinat de maître Hiram et la dramaturgie de cette exaltation que vous venez de vivre.

Là où vous pensiez trouver une source du Lumière, vous découvrez en premier lieu l’affliction et la douleur. Que s’est-il donc passé ?

Le cercueil, dont nous vous avons relevé, doit en premier lieu vous rappeler votre toute première épreuve de franc-maçon, celle du cabinet de réflexion, tombeau de votre monde profane, maternité de votre vie d’initié. Pour renaître, il faut d’abord mourir, et quand on meurt, c’est pour la vie ! Vous voyez, dès le début, tout était déjà inscrit.

Avec les trois pas de l’apprenti, vous avez aussi pressenti la matrice de l’Homme : le corps, l‘âme et l’esprit. Puis sont venus les cinq pas du compagnon et l’étoile flamboyante. Fiers et joyeux, vous partiez à la conquête du monde. Vous aviez les mains libres, car souvenez-vous, nul outil ne vous accompagnait plus lors de votre cinquième voyage. Et c’est dans cette liberté que se situe la grandeur et la rigueur du compagnon.

Mais rien n’est plus facile que de chuter, car si le pas de côté du compagnon est un pas horizontal qui nous permet de voir la matérialité de la Terre, il constitue aussi le pas du danger, l’écart qui nous fait quitter l’axe du monde, de l’étoile flamboyante et qui peut nous conduire, non pas à la Connaissance, mais à un savoir limité que nous lui substituerions.

Devenus Maîtres, c’est essentiellement à la transmission que vous œuvrerez. C’est l’un des mots clés de ce grade. Car maintenant qu’Hiram est mort, il faut le remplacer et c’est à ce moment précis que les Compagnons que vous étiez deviennent Maîtres.

Avec vous, les enseignements d’Hiram ne disparaîtront pas et ceux qui nous suivront pourront poursuivre notre travail d’édification du temple de l’Humanité. Ainsi la chaîne sacrée ne se brisera jamais. C’est pour cela que nous nous réjouissons et que nous célébrons votre venue en Chambre du Milieu.

Apprentis, nous avons reçu la lumière mais nous ne pouvions en mesurer exactement la portée. Aujourd’hui, cette lumière prend toute son intensité car elle surgit de l’obscurité de la mort qui marque la cérémonie que vous venez de vivre. Cette lumière est le symbole de la vie tout comme Hiram est, lui-même, un symbole d’immortalité.

Mais il ne suffit pas de montrer aux hommes cette pleine lumière pour qu’ils la comprennent. Il est de notre devoir de créer les conditions propices à la réception de cette lumière que la franc-maçonnerie se doit de répandre. Devenus Maîtres, nous devons dès lors répandre à notre tour la Lumière que nous avons reçue.

Nelson Mandela ne disait-il pas : « En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant » ? Et la légende d’Hiram est là pour nous éclairer dans ce sens. Car Hiram est le symbole de l’homme qui, malgré les tentations et les persécutions, remporte la victoire sur ses faiblesses et ses passions ; il se rapproche de ce que pourrait être la perfection humaine et donc de la sagesse.

Les assassins d’Hiram, eux, représentent les vices et les passions qui nous empêchent de parvenir à cet état : envie, avarice, vanité, vengeance, ambition, intolérance. Le vrai maçon, le maître-maçon, demeure fort dans l’épreuve de la tentation ; il doit savoir supporter la haine, la calomnie et les offenses, afin de demeurer fidèle à lui-même et à ceux qui, avant lui, ont ouvert la voie.

Précisément, Hiram est le symbole de l’homme fidèle au devoir, du franc-maçon qui préfère mourir plutôt que de faillir à sa tâche.

Par nos promesses solennelles aux premier et second degrés, nous nous sommes engagés à travailler à notre propre perfectionnement spirituel et moral et plus largement, au perfectionnement intellectuel et moral de l’Humanité. Le grade de Maître, bien plus que les deux précédents, est celui de la réflexion. Nos actes doivent donc être pensés et mesurés. C’est pourquoi l’outil qui symbolise ce grade est le compas. Compas que, lors du rituel d’ouverture au grade de maître, l’on pose sur l’équerre.

Mes Frères, vous êtes ainsi passés de l’équerre au compas, de la matière à l’esprit.

Cela nous conduit aussi à rassembler ce qui est épars. Nous devons être des guides et des exemples pour les Apprentis et les Compagnons afin qu’ils deviennent eux-mêmes des exemples en matière de comportement, conformément au comportement exemplaire de Maître Hiram, qui a été jusqu’à l’ultime sacrifice pour conserver le secret.

Les symboles de mort ne doivent pas ici vous effrayer. « La chair quitte les os et tout s’est désuni ». Cette image forte et violente renvoie à la fragilité de la vie mais démontre, paradoxalement, que c’est la vie qui gagne car tout est recommencement, renaissance. Ainsi le cercueil et le tombeau ne sont-ils pas seulement des symboles de mort, mais aussi et surtout des symboles de vie. On peut en effet imaginer qu’ils représentent le corps de la mère duquel naît la vie nouvelle.

Dans la mort d’Hiram, nous assistons à notre propre renaissance à une vie plus pure. Nous avons appris en maçonnerie à ne pas appréhender la mort et ce, dès l’initiation. Une graine doit forcément se transformer pour donner naissance à une plante – symbolisée en maçonnerie par l’épi de blé – génératrice elle-même d’une multitude de graines. N’oubliez pas le Schibboleth du Compagnon…

Je vous souhaite de garder toujours les pieds sur terre, la tête dans les étoiles et que votre regard se tourne continuellement vers la Lumière.

J’ai dit, Vénérable Maître.

Voir aussi :

Pour aller plus loin :

livres numériques JePense

Modif. le 11 mars 2024

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