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La chair quitte les os, tout se désunit : planche au 3ème degré

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La chair quitte les os, tout se désunit : quelle est la signification de ces formules prononcées avant le relèvement d’Hiram ? Voici une planche au troisième degré.

La sépulture d’Hiram ayant été découverte dans un lieu éloigné du temple, à l’occident, le Très Vénérable Maître ordonne le transfert de ses restes vers l’enceinte du temple.

Le cercueil est placé au centre de la Chambre du milieu. Avant l’inhumation définitive, le Très Vénérable Maître appelle les frères à tenter de redonner vie au corps d’Hiram :

LE TRÈS VÉNÉRABLE MAÎTRE
Frère Second Surveillant, essayez de soulever le corps par l’Attouchement d’Apprenti.

LE SECOND SURVEILLANT, essaie en vain, se remet à l’ordre et effectue le signe pénal
La chair quitte les os !

LE TRÈS VÉNÉRABLE MAÎTRE
Frère Premier Surveillant, essayez de soulever le corps par l’Attouchement de Compagnon.

LE PREMIER SURVEILLANT, essaie en vain, se remet à l’ordre et effectue le signe pénal
Tout se désunit !

Rituel d’élévation au grade de Maître

L’attouchement d’apprenti et celui de compagnon sont donc inopérants. C’est finalement par le moyen des Cinq Points Parfaits de la Maîtrise que le relèvement se produit : « le Maître reparaît aussi radieux que jamais ».

Voyons quel peut être le sens des formules « la chair quitte les os » et « tout se désunit ».

Lorsque le Très Vénérable Maître découvre le corps d’Hiram, ce dernier présente un noble visage, respecté par la mort. « On croirait qu’il respire encore », dit-il.

Mais lorsqu’il ordonne de soulever le corps par l’attouchement de l’Apprenti, tout se désagrège, « la chair quitte les os », comme dans un processus de putréfaction accélérée.

Précisément, le terme « putréfaction » correspond à la première étape du processus de transmutation alchimique : l’Oeuvre au noir. Le corps-prison se désagrège, ce qui permet à l’âme de retrouver sa liberté, elle qui était auparavant soumise aux envies et aux pulsions de la matière animale.

Nous retrouvons là le symbolisme du cabinet de réflexion, comme un rappel de l’épreuve fondatrice du premier degré. L’attouchement de l’apprenti permet de réappliquer la méthode d’abandon du corps que nous avions apprise au tout début de notre parcours initiatique.

Ne reste plus que le squelette, qui en alchimie est le symbole de la décomposition réussie, annonçant une remontée de l’âme vers la Lumière.

Rappelons que c’est le récipiendaire qui joue le rôle d’Hiram ; c’est bien lui qui vit la première étape de cette transmutation. Ce faisant, il se nourrit et s’imprègne de l’exemple du sacrifice d’Hiram. « Sacrifice », le mot a son importance : l’Oeuvre au noir consiste bien en un renoncement, en un lâcher-prise qui permet à la conscience de se libérer de l’individualité.

Passons à la deuxième étape du processus alchimique : l’Oeuvre au blanc. « Tout se désunit » signifie que l’âme est parvenue à se détacher définitivement du corps pour s’élever vers une nouvelle forme d’existence, éthérée et lumineuse. Autrement dit, la vie au sens spirituel a vaincu la mort.

Cette phase signe le réveil du maître, sorte de renaissance, de printemps ontologique. Mais à ce stade, nous n’en sommes qu’au réveil de l’âme, le corps restant inerte.

Cette étape est enclenchée par l’attouchement de compagnon, ce qui nous renvoie directement au deuxième degré, lorsque le franc-maçon s’était élevé vers l’idéal symbolisé par l’Etoile flamboyante. Mais dans son voyage vers la Lumière, le compagnon avait fait l’erreur d’emporter avec lui des scories, des éléments de matière qui n’avaient pas été correctement séparés.

Les deux premières étapes du processus alchimique sont donc achevées. Il restera, dans la dernière étape de l’Oeuvre au rouge, à réintégrer le corps, la matière, de façon à reformer l’individu complet, pleinement réconcilié avec toutes ses composantes. Alors le récipiendaire pourra se relever physiquement, ce qui signera l’accession à la complète « maîtrise » de soi.

Il a donc fallu abandonner le corps physique pour au final mieux le réintégrer. L’être nouveau, ressuscité, est désormais conscient de ce qu’il est et des défauts qu’il porte : ignorance, fanatisme et ambition. La matière qui le constitue véhicule cela : il le sait et l’accepte ; il n’en est plus dupe.

Les trois mauvais compagnons ont été identifiés et reconnus. Si Maître Hiram ne s’était pas sacrifié, s’il avait négocié avec les traitres, il aurait perdu son âme et le processus de transformation alchimique aurait échoué.

Au final, tout est réintégré. La conscience a traversé la matière. Les illusions sont tombées. Le maître maçon est en mesure de rassembler ce qui était épars et de répandre partout la Lumière.

Voir aussi notre liste de planches au 3ème degré

Les essentiels du troisième degré maçonnique Adrien Choeur

Ce livre numérique pdf (98 pages) comporte 26 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du troisième degré maçonnique.

Il offre des points d’appui pour qui souhaite pénétrer plus profondément l’esprit et le sens de ce degré.

Modif. le 14 mars 2024

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