Vivre l’instant présent

5/5 (1)

Vivre l’instant présent : qu’est-ce que ça signifie ? Comment demeurer dans le moment présent ? Approche philosophique, psychologique et spirituelle.

En philosophie et spiritualité, l’expression « vivre l’instant présent » renvoie à la capacité à s’extraire de notre univers mental pour se concentrer pleinement sur ce que l’on vit ici et maintenant, sans se laisser troubler par des pensées limitantes.

L’instant présent serait donc un espace de conscience situé entre :

• le passé (regrets, culpabilité, rancune, colère, haine…),
• et le futur (espoir, attentes, désirs, peurs…).

L’avenir nous tourmente, le passé nous retient, c’est pour ça que le présent nous échappe.
Gustave Flaubert

De nombreuses traditions philosophiques et spirituelles invitent à se concentrer sur le moment présent pour accéder à la seule réalité possible, qui n’est pas celle d’un passé révolu ou d’un futur inconnaissable, mais bien celle du présent.

Malheureusement, notre mental, animé par notre ego, nous ramène sans cesse à ces états qui causent instabilité et souffrance. Mais alors, comment vivre l’instant présent ?

Vivre l’instant présent en philosophie et spiritualité

« Vivre l’instant présent » est la clé qui permet d’accéder à la sérénité et au bonheur durable, que certains appelleront Royaume de Dieu (christianisme), nirvana (bouddhisme), ataraxie (philosophie antique) ou encore pleine conscience.

Il s’agit de se libérer de nos chaines mentales, le mental pouvant être défini comme le flux des pensées qui arrivent spontanément à notre esprit. Tout individu a tendance à s’attacher à ces pensées, ce qui rend plus difficile le chemin de la libération.

Face à ce flux mental ininterrompu, certaines pratiques spirituelles ou de développement personnel appellent à lâcher prise, à pratiquer l’acceptation ou le dépouillement intérieur. Tentatives souvent déçues, car il est impossible de maîtriser ses pensées et encore moins de les effacer. Il existe toutefois un chemin qui permet de les mettre à distance.

Ce chemin consiste en premier lieu à répondre aux questions suivantes :

• pourquoi subissons-nous ces pensées ?
• d’où viennent-elles ?
• qui pense, quelle instance ou quelle part de nous ?
• y’a-t-il une autre manière de penser ?

Tenter de répondre à ces questions, c’est emprunter la voie de la connaissance de soi. C’est d’abord comprendre que notre chimie mentale, issue d’une génétique immémorielle, de nos apprentissages et notre expérience de vie, est un outil au service de notre survie.

Nous commençons alors à approcher le fonctionnement de notre ego, de notre « moi » au sens freudien, cette instance chargée de concilier envies, pulsions et règles sociales. Nous pénétrons le vaste domaine de notre inconscient, ce lieu où se préparent les pensées qui émergent à notre esprit. Nous réalisons qu’en tant qu’animal-humain, nous recherchons naturellement la satisfaction de nos besoins individuels et sociaux : les pensées qui nous assaillent sont autant d’injonctions pour y parvenir, et elles se fondent pour cela sur l’analyse du passé et l’anticipation de l’avenir.

Ce travail d’analyse et de recul sur soi-même, s’il ne permet pas d’éteindre les pensées subies, constitue le premier pas vers un bonheur durable. En effet, comprendre les forces qui nous gouvernent, c’est nous replacer dans une perspective plus large que celle de notre individualité et des soucis qui l’accompagnent.

Le Soi

Cette ouverture sur l’universel, c’est l’accès au Soi. Le Soi est une manière d’être et de penser qui dépasse notre « moi » sans pour autant le nier ou le combattre. Le Soi est du domaine du présent au sens d’absolu, d’inconditionné, d’universel.

Ainsi, vivre l’instant présent, c’est demeurer dans le Soi, dans l’éternel présent, ce qui évoque un ancrage dans la réalité profonde de notre condition, et donc dans le cosmos tout entier.

Il s’agit encore de nous accepter tels que nous sommes : nous pouvons alors observer nos pensées sans nous y attacher, sans les subir, conscients qu’elles ne représentent qu’une petite part de nous. Car la part essentielle, elle, n’a peur de rien, ne regrette rien, ne rejette rien : elle est, tout simplement.

C’est donc ce domaine, le domaine de l’essentiel, du Soi, qu’il va falloir venir habiter.

Carpe diem

Carpe diem, locution latine attribuée au poète latin Horace (65-8 avant J-C), signifie « cueille le jour ». Il ne s’agit pas de rechercher le plaisir mais plutôt un bonheur stable, durable.

Concrètement, cueillir le jour, c’est faire l’effort d’ouvrir sa conscience pour revenir à cet état universel et illimité du Soi. C’est se rappeler que derrière les nuages des pensées qui s’agitent, un Soleil demeure, radieux, éternel.

Vivre l’instant présent, c’est donc se souvenir que le Soleil brille en toutes circonstances, même dans la peine et la souffrance. C’est activer cette part de nous qui n’a peur de rien et qui accueille tout. Le ressort peut être le renoncement, la joie, l’émerveillement ou encore la gratitude.

La vie, ce n’est pas attendre que les orages passent, c’est apprendre à danser sous la pluie.
(citation attribuée à Sénèque)

Voici quelques exemples de pensées qui peuvent aider à vivre l’instant présent :

• quoi qu’il puisse m’arriver, je fais confiance à l’univers,
• je suis reconnaissant à l’univers pour ce que je suis à cet instant,
• je remercie le destin pour l’expérience qu’il m’est donné de vivre,
• je ne suis pas ce que je pense,
• en tant qu’être cosmique, je suis quelque chose de bien plus grand que mes pensées troublées,
• je ne suis pas un être isolé dans l’univers, je suis connecté aux autres, à la Nature et au Tout,
• je suis en train de m’observer,
• à cet instant précis, je me sens vivre,
• etc.

Conclusion

Vivre l’instant présent, c’est entrer dans la vie véritable. Il faut pour cela accueillir sans jugement ses états d’âmes, ses soucis, ses peines, sa souffrance. Il faut aussi qu’une partie de nous prenne ses distances avec l’autre partie : le but est de libérer et faire grandir notre Soi pour, peu à peu, désamorcer les aspects les plus négatifs du « moi ».

Enfin, vivre l’instant présent, c’est développer une certaine forme de spiritualité qui permet de regagner l’unité du monde. Car nos pensées subies sont par définition dualisantes : elles nous éloignent des autres, de la Nature, et de tout ce à quoi nous sommes intimement liés et qui nous est indispensable.

Derrière le flux étourdissant de notre mental, il existe donc un monde de pure conscience, non soumis aux aléas, indifférent aux illusions : c’est le domaine de l’éternel présent.

---

Modif. le 29 août 2025