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Le tableau de loge du 5ème degré R.E.A.A. (planche)

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Le tableau de loge du 5ème degré R.E.A.A. : comment l’interpréter ? Quelle est la signification des éléments qui le composent ? Pourquoi est-il divisé en deux parties ?

Le tableau de loge du cinquième degré est constitué de deux parties :

  • à gauche, sur fond blanc :
    • un delta sous la forme d’un triangle équilatéral, avec les quatre lettres du nom ineffable,
    • au centre, sur une pierre carrée, sont gravés trois cercles et trois carrés en quadrature,
    • dessous, couchées en forme de croix de Saint André, les deux colonnes B et J,
    • un mausolée de marbre noir et blanc surmonté d’une pyramide comportant les initiales JMB ; au-dessus, une urne traversée d’une épée,
    • 16 étoiles : 4 à chaque angle,
  • à droite, sur fond noir parsemé de larmes, le cercueil d’Hiram relié par une corde à la pierre carrée centrale. Une branche d’acacia est posée sur le cercueil.

A l’évidence, le tableau de loge représente deux chambres ouvertes l’une sur l’autre. Le rituel précise qu’avant les funérailles, le cercueil d’Hiram avait été placé dans une salle séparée du temple : une pièce où Salomon tenait son « chapitre » avec Hiram roi de Tyr et Hiram Abi.

On peut donc considérer que la chambre représentée à droite est située hors de l’espace sacré du temple. Quant à la chambre représentée à gauche, c’est la Chambre du milieu ou « Hekhal », c’est-à-dire la pièce du temple par laquelle il faut passer pour accéder au Saint des saints.

On passe d’une chambre à l’autre par six marches. Une corde relie les deux espaces, ou plus précisément, le cercueil d’Hiram à la pierre carrée.

Voici donc une planche sur le tableau de loge du 5ème degré R.E.A.A.

Voir aussi le rituel complet du 5ème degré

Le tableau de loge du cinquième degré représente deux univers très différents, l’un sur fond noir (chambre annexe, en contrebas du temple), l’autre sur fond blanc (intérieur du temple) :

  • le premier lieu est synonyme d’obscurité et de tristesse : c’est le lieu où repose le corps mort,
  • le second espace est synonyme de lumière (16 étoiles brillent) et de vie : c’est le lieu du sacré, de l’esprit, un lieu où le divin est présent à travers le nom ineffable et la lettre J, initiale de Jehovah.

Il faut cependant nuancer cette dualité, car il existe un point de passage entre les deux chambres. De même, la corde semble indiquer une sorte de lien ou de correspondance entre ce qui est en haut, dans le temple, et ce qui est bas, dans la salle du chapitre.

Car le corps mort a vocation à rejoindre le mausolée : une translation qui annonce un réalignement, un recentrage, un rééquilibrage spirituel : c’est le chemin de la perfection.

La corde

La corde indique le chemin à parcourir, du bas vers le haut : les restes devront gagner le lieu où se trouve déjà le coeur d’Hiram. Ainsi, le corps a vocation à retrouver l’esprit, à se réconcilier avec lui : les cendres alchimiques devront être réintégrées pour former cet être désormais complet que représente le mausolée achevé.

A propos de cette corde, le rituel d’instruction du cinquième degré donne les compléments suivants :

Q. — Que signifie la corde qui part du cercueil et arrive aux deux colonnes couchées en croix ?
R. — Elle représente les cordes dont se servirent les Frères pour relever le corps d’Hiram et ensuite descendre le cercueil.
Q. — A-t-elle une autre signification ?
R. — Elle signifie que nous avons rompu les liens qui nous attachaient au vice.

La première signification proposée par le rituel traduit un mouvement du bas vers le haut puis du haut vers le bas : on peut y voir l’Oeuvre au blanc et l’Oeuvre au rouge, étapes alchimiques qui correspondent à l’élévation de l’âme puis à sa redescente dans le corps en vue de former l’être complet, pleinement éveillé à lui-même.

La deuxième signification évoque le « vice ». Le corps symbolise en effet le vice, au sens d’attachement à la matière (lors de son initiation, le Maître Parfait portait une corde autour du cou). Or, en étant séparés du coeur puis en intégrant le mausolée, les restes corporels se spiritualisent : le corps n’est plus la prison de l’âme, mais le temple érigé à sa gloire.

Le centre du tableau de loge

Au centre du tableau de loge apparaissent les deux colonnes B. et J. couchées et croisées, surmontées d’une pierre ornée de trois cercles et trois carrés en quadrature, avec en son centre la lettre J. Le mausolée quant à lui, est représenté à part.

Mais une autre lecture nous amène à considérer que le mausolée se trouve en réalité au centre, sur les colonnes croisées : en effet, une vision d’en-haut laisse apparaître le mausolée carré, les trois cercles et les trois carrés pouvant symboliser les trois étages du monument (mausolée, pyramide, urne) correspondant aux trois mondes : la matière, l’homme et l’esprit, chacun se déployant dans une double perfection matérielle et spirituelle, ce qu’exprime bien le symbolisme de la quadrature.

Cette interprétation est validée par les motifs présents sur le tablier du Maître Parfait, qui montre le mausolée posé sur les colonnes.

Pourquoi les colonnes B. et J. sont-elles croisées ?

Le fait que les colonnes B. et J. soient représentées « en sautoir », c’est-à-dire croisées, peut paraître étonnant. On peut y voir la dualité réconciliée dans l’unité.

Ici, deux courants, deux forces se rencontrent et se croisent : Boaz et Jakin, autrefois séparées, se recoupent désormais en un point central qui constitue aussi le centre des trois cercles et des trois carrés en quadrature. Voilà le centre éternel, le centre du cercle, le centre de la croix : la clé de la perfection qui correspond symboliquement à l’emplacement du coeur d’Hiram.

Rappelons-le, Boaz signifie « dans la force » et Jakin « il établira » : entre intention et réalisation, entre esprit et matière, un équilibre a été trouvé. La matière s’est spiritualisée et l’esprit s’est matérialisé, l’action est désormais guidée par le coeur.

Enfin, le fait que les colonnes soient couchées peut indiquer que l’ancien temple s’est effondré. Il faudra reprendre les travaux sur de nouvelles bases, avec de nouvelles valeurs. Jusqu’ici, il y avait beaucoup d’ego dans la manière de construire le temple. Désormais, chaque pierre devra être posée en souvenir d’Hiram et à la gloire du Grand Architecte de l’Univers.

Le tableau de loge du cinquième degré comporte pas moins de trois références à « Dieu » :

  • le delta contient les quatre lettres du nom ineffable,
  • la lettre J est présente au centre sur les carrés et cercles en quadrature : c’est l’initiale du mot sacré du Maître Parfait, Jehovah, autre nom du Grand Architecte de l’Univers,
  • la lettre J apparaît aussi sur le mausolée.

L’esprit divin est donc partout présent sur le tableau de loge. Il est aussi présent par l’invitation permanente à dépasser la dualité, par exemple par l’enjambement des deux colonnes couchées. Voilà peut-être la clé d’accession au Saint des saints, espace suprême où pourront enfin se rencontrer Dieu et l’homme.

Voir aussi notre liste de planches au 5ème-12ème degrés

Modif. le 23 avril 2024

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