Le symbolisme du temps, des cycles et des saisons : quelques exemples d’objets symboliques, d’allégories et de représentations artistiques relatives au cycle de la vie.
Parler du temps qui passe, c’est évoquer l’impermanence, cette force qui nous entraîne inexorablement vers l’inconnu, qui nous place face à notre fragilité et notre ignorance.
Le temps et l’espace constituent en effet une énergie sombre et violente qui sépare, qui éloigne, qui crée le conflit et la dualité. Le temps rend tout évènement irréversible et toute chose caduque : le temps (du latin médiéval tempus, dont la racine signifie « couper, diviser ») fauche, moissonne, emporte tout, dévore tout, détruit tout. Il porte en lui la mort…
Pourtant, le temps véhicule aussi progrès et espérance. L’espace-temps est le lieu de l’expérience humaine, source de toute découverte spirituelle, et donc de toute renaissance. Le temps contribue au triomphe de la Vérité : il permet la quête de sagesse, il est le grand Révélateur.
D’autre part, le temps s’inscrit dans des schémas connus, les « cycles ». Autrement dit, le Temps a ses lois. Comprendre ces lois, c’est s’extraire de la matière pour entrer dans le domaine de l’Esprit.
Les cycles nous guident dans les couloirs du temps, d’aube en crépuscule, de midi en minuit, d’été en hiver et d’hiver en été. Les cycles ne sont pas un éternel retour, ils constituent le cadre stable par lequel l’Homme peut aborder sereinement les épreuves à venir, y compris la mort.
Montrant l’équivalence des opposés, les cycles donnent du sens à la vie : ils nous relient au centre éternel, à l’axe du monde, ils nous ancrent dans un absolu sans pour autant nier le changement. Ils nous préparent aux difficultés dans les moments de joie et, à l’inverse, nous donnent de l’espoir dans les moments sombres. La loi des cycles nous invite donc à la tempérance, à la patience et au courage.
Le symbolisme du temps et des cycles est particulièrement riche. Il existe un symbolisme des saisons (voir nos articles sur le printemps, l’été, l’automne et l’hiver), des mois de l’année, des jours de la semaine, des moments de la journée ou encore des fêtes religieuses.
Nous nous intéresserons ici uniquement aux objets symboliques et aux allégories relatives au temps et aux cycles, notamment à travers la mythologie et l’art.
Entrons dans le symbolisme du temps, des cycles et des saisons.
Le symbolisme du temps, des cycles et des saisons
Le symbolisme du temps peut être abordé par la stabilité ou l’instabilité, l’ordre ou le chaos, l’équivalent ou l’opposé, le nouveau ou le cyclique, ou encore tout cela à la fois…
L’ouroboros : le symbole de la régénération perpétuelle
L’ouroboros, serpent qui se mord la queue, illustre l’éternel retour et les cycles, entre unité (le cercle éternel) et dualité (le conflit).
Le Dieu-Serpent incarne la mort et la régénération, il réconcilie ce qui est en haut (l’été, le midi, la vie) et ce qui est en bas (l’hiver, la nuit, la mort) ; il traduit l’union des opposés.

Cronos (Saturne) : le Dieu du temps
Dans la mythologie grecque, Cronos (Saturne pour les Romains) est le père de Zeus. Représenté sous la forme d’un vieillard barbu, courbé, parfois ailé, il est muni d’une faux. A partir du Moyen âge, il est confondu avec Chronos, le Dieu grec du temps.
Cronos résume toute l’ambiguité de notre rapport au temps : il dévore ses enfants pour contrôler le destin ; il s’oppose au devenir, montrant aux hommes le chemin de l’immortalité et de l’éternel présent. Mais d’un autre côté, il incarne le temps qui fauche tout, qui détruit tout.


Les Heures
Dans la mythologie grecque, les Heures sont des divinités de la Nature personnifiant les divisions du temps, d’abord les saisons et plus tard les douze heures de la journée.
Les Heures sont souvent dotées d’ailes de papillon, symbolisant le cours du temps. Elles incarnent l’ordre, la vérité et la justice naturelle.

Aurore
Dans la mythologie, Aurore (Éos en Grèce) est la déesse de l’Aurore, sœur de Sol (le Soleil) et de Luna (la Lune). Elle est représentée sous les traits d’une jeune fille vêtue de voiles légers et tenant un flambeau ou bien des roses. Elle symbolise la fin des ténèbres, autrement dit la sagesse.
A noter que la face nocturne d’Éos est Hespéra, représentant le crépuscule, la mélancolie, la vieillesse, la fin d’un cycle.

Le sablier
Le sablier représente l’écoulement irréversible du temps ; il rappelle la mort qui approche. Le sablier comporte deux sphères, figurant deux mondes. La matière tombe, permettant à l’esprit de monter. D’autre part, le sablier peut être retourné : un nouveau cycle commence…
Le sablier, comme le crâne, sont souvent représentés dans les vanités, natures mortes du XVIIe siècle rappelant le caractère bref et fragile de l’existence.

Le crâne
Le crâne symbolise la mort. Il nous rappelle notre condition : nous sommes des êtres éphémères, fragiles, nous ne sommes rien. Mais en prenant conscience de notre véritable condition, nous déchirons le voile de l’ego et des passions : la destruction des illusions laisse place à la Vérité. Nous pouvons alors entrer dans la Vie véritable.
Le symbolisme des saisons (et les divinités associées)
Les saisons sont déterminées par la position du Soleil lors des solstices et des équinoxes, marquant les rythmes de la Nature et de la vie. Le symbolisme des quatre saisons peut prendre la forme de quatre personnages, de quatre chevaux tirant le char solaire, ou encore de quatre animaux différents.

Dans l’Antiquité, de nombreuses divinités étaient associées aux saisons :
- Printemps :
- Koré (Perséphone) : elle est la fille de Déméter (déesse des moissons), enlevée par Hadès, le dieu des Enfers. Déméter, désespérée par la disparition de sa fille, plonge alors le monde dans l’hiver et la famine. Zeus intervient et décide que Perséphone passera six mois aux Enfers (automne-hiver) et six mois sur Terre (printemps-été), expliquant ainsi les saisons,
- Flore : cette divinité romaine agraire permet la renaissance printanière, protège la floraison des céréales et des fruitiers,
- Héra (Junon) : elle est la déesse de l’année et du printemps,
- Eté :
- Hélios (Soleil),
- Phébus (Apollon) : dieu des arts, de la musique, de la beauté masculine, de la poésie et de la lumière,
- Pomone : nymphe et divinité des fruits,
- Automne :
- Dionysos (Bacchus) : dieu de la vigne, du vin, de la fête. Il est souvent présenté couronné de lierre,
- Vertumne : dieu des saisons, du changement, des jardins, de la croissance des plantes et des arbres fruitiers,
- Hiver :
- Hadès (Pluton) : dieu souterrain associé aux Enfers, à la mort et à l’hiver,
- Héphaïstos (Vulcain) : dieu du feu, de la forge et de la métallurgie, présidant aux activités artisanales exercées l’hiver,
- Cronos (Saturne) : voir plus haut,
- Janus (divinité au double visage, l’un tourné vers le passé, l’autre vers l’avenir) : dieu des portes, des passages, des fins et des recommencements, qui a donné son nom au mois de janvier.

Remarque : la double-figure solsticiale de Janus est à mettre en parallèle avec les représentations des équinoxes sous les traits du Jour et de la Nuit s’embrassant :

D’autre part, différents animaux, fleurs, fruits ou objets symboliques sont associés aux saisons :
- Printemps : le bélier, l’air (Zéphir), la femme jeune, la couronne de fleurs, l’agneau,
- Eté : la faux (les moissons), le blé, la couronne d’épis, les fruits, la corne d’abondance, le jaune, l’or, la femme mature,
- Automne : le miroir, les pêches, le raisin, la vigne, les vendanges, les fruits d’automne, le panier de fruits, le lièvre (animal chassé à l’automne), le lierre, la balance,
- Hiver : le feu, la couleur blanche, la neige, etc.
Le symbolisme du temps : les âges du monde
Selon le poète Hésiode, l’Histoire se divise en quatre ou cinq temps, qui renvoient aussi aux grands âges de la vie humaine :
- l’âge d’Or est le temps primordial, le temps de Cronos, marqué par la perfection (enfance, innocence),
- l’âge d’Argent est marqué par la souffrance et le péché. Cronos est emprisonné, son fils Zeus prend le pouvoir. Mais les Hommes n’honorent plus les dieux, raison pour laquelle Zeus anéantit l’humanité (jeunesse),
- l’âge de Bronze est le temps d’une race guerrière créée par Zeus, qui finira par sombrer dans sa propre soif de sang et de meurtre,
- l’âge des Héros voit la création par Zeus d’une race noble et juste, une race d’hommes-héros équivalents de demi-dieux. Cronos est libéré. (Maturité),
- enfin, l’âge de Fer est le temps de la décadence finale (vieillesse).
Modif. le 14 novembre 2025









