Sur quels mécanismes psychologiques le déni climatique repose-t-il ? Pourquoi le climatoscepticisme se développe-t-il ?
Le changement climatique est aujourd’hui largement documenté, soutenu par un consensus scientifique quasi unanime. Il est prouvé que les activités humaines sont essentiellement à l’origine du réchauffement planétaire.
Pourtant, face à cette réalité, certains continuent à minimiser voire à nier l’ampleur de la crise. Pire, la tendance au climatoscepticisme se développe en même temps que le changement climatique s’accélère et que les médias en rapportent les preuves.
Ce phénomène de déni climatique ne relève pas simplement de l’ignorance ou de la mauvaise foi. Il repose sur des mécanismes psychologiques complexes, inconscients, qui méritent d’être explorés.
Il ne s’agit pas dans cet article de montrer du doigt les climatosceptiques, mais de comprendre les mécanismes psychologiques qui peuvent nous amener à relativiser ou à nier ce qui devrait s’imposer naturellement à notre raison.
Tentons d’explorer les ressorts psychologiques du déni climatique.
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Les ressorts psychologiques du déni climatique
Dans l’Histoire, certains faits ou vérités scientifiques ont parfois été niés ou critiqués. Il s’agit principalement de faits inhabituels, extraordinaires, surprenants ou dérangeants, dont l’observation est complexe ou ne peut se faire que de manière indirecte.
C’est ainsi que certains se sont livrés à des théories complotistes visant à remettre en cause la réalité de ces faits ou à leur attribuer des causes cachées, comme ce fut le cas lors de la dernière pandémie mondiale.
Il en va de même pour le changement climatique, phénomène lent et complexe, insaisissable à l’échelle d’un être humain puisqu’observable uniquement à partir de statistiques globales. C’est ainsi que certains nient le changement climatique ou son ampleur, d’autres affirmant qu’il serait d’origine naturelle ou dû aux éruptions solaires.
Essayons de lister les ressorts psychologiques du déni climatique.
Une forme de révolte face aux angoisses générées par les médias
La répétition des informations faisant état du réchauffement climatique est susceptible de créer une forme de rejet, surtout si aucune solution positive n’est proposée en contrepartie.
L’absence de débat politique constructif, de solutions partagées, de perspectives de sortie de crise crée un report du problème sur chacun : l’individu se sent pris au piège, ce qui peut l’amener à ne plus vouloir entendre parler du problème, voire à le nier.
La prise en compte de nos intérêts personnels
L’Homme est un être utilitariste : son comportement est avant tout dicté par ses intérêts. Par conséquent, si le changement climatique va dans son sens, il aura tendance à en minimiser les effets négatifs. Ce sera le cas pour un vendeur de climatisation, pour un habitant d’une région très froide, ou simplement pour un individu qui apprécie la chaleur.
D’autre part, les effets du changement climatique se déploient à une échelle lente, dépassant celle d’une vie humaine. Si un individu estime qu’il ne subira pas d’effets trop négatifs d’ici la fin de sa vie, il peut se permettre de relativiser le changement climatique, et donc s’exonérer de tout changement de comportement.
Il s’agit là d’une forme d’égoïsme mais aussi de conservatisme, les individus cherchant à conserver leur niveau de vie acquis.
La dissonance cognitive
Le psychologue Leon Festinger a développé le concept de dissonance cognitive pour caractériser le malaise ressenti lorsqu’il y a contradiction entre les croyances et les comportements.
Apprendre que nos modes de vie (prendre l’avion, consommer de la viande, utiliser sa voiture…) contribuent au changement climatique crée une tension intérieure. Pour soulager cette tension, certaines personnes choisissent de remettre en cause la réalité du problème plutôt que de changer leurs habitudes. Cette position évite de se remettre en question : elle préserve l’individu d’une certaine instabilité qui pourrait générer de la souffrance.
Le biais d’optimisme
Le biais d’optimisme est un biais cognitif qui amène une personne à croire qu’elle est moins exposée à un événement négatif que d’autres personnes. Par exemple, certains fumeurs arrivent à se convaincre qu’ils sont moins susceptibles de contracter un cancer du poumon que d’autres, ce qui leur permet de continuer à fumer.
Appliqué au changement climatique, ce biais se traduit par l’idée que le réchauffement ne serait pas si grave. Il s’agit là d’un moyen pour le cerveau de se rassurer et de mieux contrôler son anxiété.
Les individus sujets à ce type de biais auront tendance à rechercher des informations qui vont dans le sens de ce qu’ils aimeraient voir, plutôt que sur la logique des faits. Certains pourront même se spécialiser dans les théories alternatives, entretenant l’illusion de maîtriser le sujet, ce qui les rassurera sur leur capacité de contrôle.
L’éloignement temporel et géographique
Le cerveau humain est fait pour réagir à des menaces immédiates et concrètes. Or, le changement climatique est souvent perçu comme un problème lointain : dans le futur, dans d’autres régions, dans d’autres pays, pour d’autres populations.
Ce phénomène de distanciation réduit notre niveau d’alerte émotionnelle. Tant que l’on ne ressent pas directement les effets du changement climatique, ou tant que ces effets restent acceptables, il est agréable de considérer que le problème n’en est pas vraiment un…
L’influence des autres
Nos opinions sont largement influencées par notre entourage, notre groupe social et notre culture familiale.
Si l’on grandit ou si l’on évolue dans un environnement où le changement climatique est nié ou relativisé, il est naturel et facile d’adopter le même type de position, par conviction ou pour éviter le risque d’isolement social.
L’éco-anxiété et le refus de la souffrance psychique
Face à l’ampleur de la crise écologique, certaines personnes peuvent ressentir une forme d’angoisse aiguë appelée solastalgie ou éco-anxiété.
Pour se protéger de cette souffrance psychique, le cerveau s’adapte : il met en place des mécanismes de défense, dont le déni fait partie. Il agit alors comme un bouclier émotionnel face à une réalité trop difficile à accepter.
La philosophie et la spiritualité face au changement climatique
L’un des objectifs de la philosophie et de la spiritualité est d’harmoniser notre monde intérieur avec le monde extérieur, c’est-à-dire notre psychisme avec la réalité. Le but est de développer un rapport sain aux choses, aux autres et à soi-même.
Le sage tente d’abord de mieux se connaître, ce qui l’amène à se défaire de ses illusions pour développer la « vision claire ». Lucide, il ne nie pas les difficultés : il essaie plutôt d’en identifier les causes, au-delà de tout jugement de valeur.
Au final, le sage rejette autant le déni que le catastrophisme. Faisant confiance aux lois universelles et à l’ordre des choses, il accepte l’épreuve à venir. Conscient des changements en cours, il agit à sa mesure, sans ambition déplacée mais faisant preuve de la plus grande compassion.
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Pour aller plus loin :
Qu’est-ce que la spiritualité ? Quel est le but à atteindre ? En quoi consiste la méthode spirituelle ? Quel lien avec la philosophie ?
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Modif. le 11 juillet 2025