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L’épreuve du Feu en franc-maçonnerie

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L’épreuve du Feu en franc-maçonnerie au REAA : comment interpréter le troisième voyage initiatique ? Quel symbolisme ? Quelle est la signification du Feu ?

Après avoir triomphé de la Terre, le néophyte est introduit en loge pour accomplir trois voyages initiatiques, qui correspondent aux trois épreuves de l’Air, de l’Eau et du Feu.

Ainsi, l’épreuve du Feu fait suite :

  • à l’épreuve de la Terre, qui consiste en une plongée dans la matière, c’est-à-dire en soi-même,
  • à l’épreuve de l’Air, qui consiste en un élan vers le haut, tentative de l’âme d’accéder au Principe supérieur, mais qui en l’occurrence se solde par un échec, une chute qui aurait pu être fatale sans « le secours des mains fraternelles »,
  • à l’épreuve de l’Eau, sorte de retour en arrière et d’invitation à plonger une nouvelle fois dans la matière opaque : le psychisme, symbolisé par l’Eau.

Soulignons l’alternance bas-haut dans les épreuves que le néophyte traverse : la Terre et l’Eau (le bas) alternent avec l’Air et le Feu (le haut). La dynamique de ce cycle semble favoriser la progression spirituelle du franc-maçon.

Tentons d‘interpréter l’épreuve du Feu en franc-maçonnerie au REAA.

L’épreuve du Feu : interprétation

L’épreuve du Feu est donc la dernière des épreuves vécues en loge : c’est le « troisième voyage initiatique », au cours duquel le néophyte est invité à entrer en contact avec le Feu.

Le rituel d’initiation au 1er degré REAA résume l’épreuve ainsi :

Récipiendaires, dans ce voyage vous n’avez entendu aucun bruit. La signification de ce symbole est que si l’on persévère résolument dans la Vertu, la vie devient calme et paisible.

Les flammes par lesquelles vous êtes passé figurent le quatrième élément symbolique des Anciens : puisse le Feu qui vous a enveloppé se transmuer dans votre cœur en un Amour ardent pour vos semblables, puisse la Charité inspirer désormais vos paroles et vos actions.

N’oubliez jamais ce principe de morale sublime, connu de toutes les Nations : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qui te fût fait à toi-même. ».

Pénétrez-vous aussi du principe positif qui en découle, énoncé par la Franc-Maçonnerie : « Fais aux autres tout le bien que tu voudrais qu’ils te fassent ».

Le Feu en alchimie

Le Feu est l’un des quatre éléments alchimiques, dont le symbole est un triangle pointe en haut :

feu alchimie

En alchimie, le Feu a la même signification que le Soleil : il symbolise le yang, l’énergie masculine, active, individualisante et consciente.

Cette conscience solaire donne naissance à l’être complet, qu’il soit Dieu ou encore l’individu éveillé à sa véritable nature. Le Feu vient maîtriser la force aveugle de l’Eau, cette dernière symbolisant la vie brute, animale, qui se dévore elle-même, incapable de comprendre sa véritable nature.

Ainsi, le Feu est fixateur, ordonnateur, organisateur : il est la seule force à pouvoir dompter l’Eau et à lui donner un « sens ».

Dans l’Oeuvre au rouge, dernière étape alchimique, le Feu fait même évaporer l’Eau (l’âme humaine) : le mental cesse, la conscience illimitée fusionne avec la matière.

Enfin, le Feu est lumière, en l’occurrence la lumière spirituelle qui éclaire la signification de toute chose. Sur le plan humain, c’est la lumière de la pleine conscience.

Lire aussi notre article sur l’Eau et le Feu en alchimie

Description de l’épreuve du Feu, ou troisième voyage initiatique

Tout comme l’épreuve de l’Eau, l’épreuve du Feu se déroule dextrorsum, alors que l’épreuve de l’Air, infructueuse, s’était faite sinistrorsum. C’est l’indication que l’évolution est favorable, que le chemin est le bon.

L’épreuve se tient sur un terrain libre, cette fois sans planche à bascule ni planche à boules. Aucun bruit ne se fait entendre, ce qui évoque le silence de la sagesse et la sérénité.

Le néophyte est conduit à traverser les flammes produites par un chalumeau garni de poudre de lycopode, substance connue pour son caractère extrêmement inflammable. Il ressent une forte chaleur sur son visage. Nous sommes au coeur de l’épreuve : c’est la traversée du mur de feu, dont nous évoquerons la signification plus loin.

Le néophyte est ensuite conduit au pied de l’Orient, face au Vénérable Maître, lequel représente le Grand Architecte de l’Univers. Le but est atteint, l’initiation semble complète.

Le Vénérable Maître le dit, la traversée des flammes permet de faire entrer l’Amour et la charité dans notre cœur. Nous découvrons alors le principe spirituel fondamental : la loi d’Amour. Nous vivons désormais l’expérience dans sa dimension humaniste, c’est-à-dire en étant ouvert aux autres.

Symboliquement, traverser le mur de feu, c’est mourir. C’est renoncer à soi-même, à sa matérialité, à son animalité, à son orgueil, à son égoïsme. C’est lâcher-prise, s’abandonner, se sacrifier pour ce qui nous dépasse et pour les autres, ce qui permet d’entrer dans un monde nouveau fait de paix, d’amour et de joie. Car « je suis l’autre ».

Ainsi, les flammes permettent une purification intime, une mort physique qui annonce la naissance d’un être défini non plus par son individualité, mais par son universalité.

Le Vénérable Maître rappelle enfin les principes humanistes fondamentaux, notamment par cette formule : « fais aux autres tout le bien que tu voudrais qu’ils te fassent. »

Autrement dit, notre action devra désormais être guidée par l’exemplarité.

Le symbolisme du feu

Le feu possède un symbolisme riche, intimement lié à celui de la lumière et du soleil, mais aussi à celui de la foudre. La maîtrise du feu par l’Homme aurait permis un accroissement de la taille de son cerveau grâce à la cuisson des aliments. Facteur de sécurité et de socialisation, le feu est ainsi à la base des premières découvertes et progrès de l’humanité.

Nous l’avons dit, le feu symbolise le sacrifice et la purification. Régulièrement associé à la couleur rouge, couleur du sang, il évoque la traversée de la mort pour renaître meilleur.

Mais le feu représente aussi l’énergie, la force, la volonté agissante, qu’il s’agisse de la volonté de l’homme qui demande à s’élever, ou de la puissance divine qui fait tourner le monde.

Le feu renvoie encore à l’athanor : le four alchimique au sein duquel se déroulent les opérations de transmutation spirituelle. La combustion permet de séparer la matière vile de la matière noble : l’âme peut ainsi s’élever jusqu’à Dieu, avant de réintégrer le corps sous une forme nouvelle, cette fois parfaitement consciente d’elle-même.

Enfin, sur le plan divin, le feu représente l’énergie centrale, celle de l’Amour universel : le principe qui régit le cosmos.

Voir aussi notre article complet sur le symbolisme du feu

Au final, l’épreuve du Feu constitue un aboutissement. Nous nous trouvons directement confrontés au principe spirituel ultime : l’Amour. Nous nous tenons face au Grand Architecte de l’Univers. Les flammes et leur lumière nous ont purifié. Mais nous avions les yeux bandés… si tel n’avait pas été le cas, aurions-nous pu supporter la puissance de cette lumière ?

Voir aussi notre liste de planches au grade d’Apprenti

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Modif. le 15 février 2024

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