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Le chrisme : signification et interprétation

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Le chrisme : signification, interprétation, symbolisme. Quel est le sens caché du chrisme, quel est son sens ésotérique ?

Le chrisme est une forme primitive de croix chrétienne, formée de deux lettres grecques évoquant Jésus-Christ (Ιησούς Χριστός ou Iesous Kristos). C’est un monogramme, c’est-à-dire un emblème qui réunit plusieurs lettres en un seul dessin.

Le chrisme existe en réalité sous différentes formes :

  • le chrisme formé des premières lettres des mots Ιησούς Χριστός (Jésus-Christ), soit I et X (iota et khi),
  • le chrisme formé des deux premières lettres du seul mot Χριστός (Christ), soit X et P (khi et rhô) : c’est la forme la plus ancienne, celle adoptée par l’empereur Constantin (voir plus bas),
  • le chrisme complet formé des lettres X et P complétées des lettres grecques alpha et omega, le tout parfois inclus dans un cercle.

Ainsi le chrisme peut être représenté des manières suivantes :

Mais il existe de nombreuses autres variantes, par exemple le chrisme pyrénéen (présent dans nombre d’églises romanes des Pyrénées) qui correspond à un chrisme X et P complété du S (sigma latinisé, à l’endroit ou à l’envers). Ce sigma peut symboliser le serpent d’airain, ou encore le Saint-Esprit.

chrisme pyrénéen

Même si on le trouve avant le IIIème siècle, et même avant le christianisme, le chrisme est étroitement associé à l’empereur Constantin, qui l’aurait aperçu en songe quelques heures avant la bataille du pont Milvius en 312 (bataille décisive pour le contrôle de l’empire). En effet, selon la légende, Constantin aperçoit le chrisme dans le ciel accompagné des mots In hoc signo vinces : « par ce signe tu vaincras ». Constantin fait alors reproduire le chrisme sur les étendards et les boucliers de ses soldats.

Voir notre article : In hoc signo vinces : signification et origine de cette expression.

Entrons dans les détails et évoquons le symbolisme du chrisme.

Le chrisme dans la vision de Constantin.

L’écrivain Lactance (250-325), proche de Constantin, fait le récit suivant de la vision du chrisme par Constantin dans « De la mort des persécuteurs (chapitre XLIV, 4-10) :

(…) Constantin, résolu à tout ce qui en pourrait arriver, s’approcha de Rome, et campa au pont de Milvius. C’était le vingt-septième jour du mois d’octobre, jour auquel Maxence avait pris la pourpre, et où se terminaient les Quinquennales. Constantin, averti en songe de faire peindre sur les boucliers de ses soldats le signe adorable de la croix, et d’engager ensuite le combat, obéit, et fit peindre sur ses boucliers un X, avec un accent circonflexe qui signifie Jésus-Christ.

Eusèbe de Césarée (265-339), évêque de Césarée et proche de Constantin, apporte plus de détails sur le labarum, cet étendard que Constantin adopte, et qui porte le chrisme (« La Vie de Constantin », Livre premier) :

Chapitre 31 : Description du signe en forme de croix, que les Romains appellent maintenant labarum.

J’ai vu l’étendard que les orfèvres firent par l’ordre de ce prince, et il m’est aisé d’en décrire ici la figure. C’est comme une pique, couverte de lames d’or, qui a un travers en forme d’antenne qui fait la croix. Il y a au haut de la pique une couronne enrichie d’or et de pierreries. Le nom de notre Sauveur est suggéré sur cette couronne par les deux premières lettres, dont la seconde est un peu coupée. Les empereurs ont porté depuis ces deux mêmes lettres sur leur casque. Il y a un voile de pourpre attaché au bois qui traverse la pique. Ce voile est de figure carrée et couvert de perles, dont l’éclat donne de l’admiration. Comme la pique est fort haute, elle a au bas du voile le portrait de l’empereur et de ses enfants, fait en or jusqu’à demi corps seulement. Constantin s’est toujours couvert dans la guerre de cet étendard comme d’un rempart et en a fait faire d’autres semblables pour les porter dans toutes ses armées.

labarum romain chrisme

Le chrisme et les Templiers.

Les Templiers utilisaient assez peu le chrisme, lui préférant la croix templière (croix pattée).

Toutefois, certains sceaux utilisés par les Templiers montrent deux soldats sur un seul cheval, armés de boucliers sur lesquels il semble qu’un chrisme soit représenté.

La symbolique du chrisme : signification, interprétation.

Le chrisme est un signe qui peut être vu de différentes manières, mais toujours comme un symbole totalisant et intégrateur.

Le chrisme : symbole de Jésus-Christ.

Le chrisme rend la croix et le Christ indissociables puisque ce sont les premières lettres du mot Christ en grec qui forment ce symbole. Ainsi le Christ et la croix fusionnent pour ne faire qu’un. Le chrisme est le sceau du Seigneur.

Le symbolisme du chrisme : le début et la fin, l’alpha et l’oméga.

Je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.  Apocalypse 22, 13.

La présence fréquente de l’alpha et de l’oméga de part et d’autre du chrisme renforce son caractère sacré, divin et éternel. L’alpha et l’oméga symbolisent le début et la fin, ou encore la naissance du monde et son caractère infini, en d’autres termes, Dieu. Le chrisme serait donc la porte d’accès à Dieu.

Le crâne et les os croisés.

Le chrisme peut aussi être vu comme des os croisés surmontés d’un crâne. Rappelons que Jésus a été crucifié sur le mont Golgotha : « le mont du crâne » (colline du calvaire). Car c’est à cet endroit précis que se trouvait, selon la légende, le crâne d’Adam. Jésus est venu racheter le péché originel d’Adam : il fait renaître l’humanité en la tirant de la honte et de la mort.

Le chrisme et sa signification : le soleil, la roue de la vie, la roue solaire.

Le chrisme évoque le soleil : Constantin aurait vu « une croix de lumière dans le ciel à midi ». La rencontre de la croix avec le soleil est un syncrétisme pagano-chrétien : le Christ est le Sol invictus.

D’autre part, le chrisme est aussi appelé croix des équinoxes : il représente la course du soleil avec ses solstices et équinoxes, le rond du P étant la représentation de l’astre solaire.

Dans le même ordre d’idée, le chrisme peut symboliser les cycles, la roue solaire (roue cosmique), ou encore la roue de la vie.

Enfin, le chrisme est souvent entouré d’un cercle pouvant évoquer le serpent qui se mord la queue, l’ouroboros, symbole de la continuelle répétition, de début et de fin, et de réconciliation des oppositions.

La croix complète en ses six dimensions.

Par ses six branches, le chrisme évoque la croix complète : celle qui s’étend dans toutes les directions.

Une vision en trois dimensions permet en effet d’imaginer le X horizontal traversé par le I vertical. Le X horizontal représenterait notre existence sur Terre (les quatre directions cardinales) alors que le I vertical représenterait l’axe des états non-manifestés, le lien entre la Terre et le Ciel, ou encore l’axe du monde.

Ainsi les six directions de la croix complète font naître la sphère, qui représente à la fois notre monde terrestre, mais aussi l’univers tout entier.

Le chrisme et l’arbre de vie.

Les six directions du chrisme évoquent l’arbre de vie qui s’inscrit dans la sphère. Il plonge ses racines dans la mort pour donner la vie et s’élever vers le Ciel. Il s’épanouit dans toutes les directions.

Voir notre article sur l’arbre de vie.

Le chrisme évoque aussi la croix de vie dessinée sur nos ambulances par exemple.

La porte secrète.

La boucle du P du symbole peut rappeler la boucle supérieure de la croix ansée des égyptiens, mais aussi le trou de l’aiguille, ou encore la porte étroite des franc-maçons : c’est l’accès au sacré, à la conscience infinie (le troisième œil), à Dieu.

De fait, le chrisme est le secret du lien entre l’homme et Dieu.

Le chrisme : une étoile.

Avec ses six branches, le chrisme évoque l’étoile à six rais, voire l’étoile à huit rais si on relie en plus l’alpha et l’oméga.

Plus magique encore, si on relie les extrémités du chrisme de différentes manières, on peut former un diamant, un sceau de Salomon, un hexagone ou un cube :

transformation chrisme : signification

Le diamant évoque la pierre secrète des alchimistes. Le cube évoque la forme de la Jérusalem céleste telle que décrite dans la Bible (Apocalypse 21, 16), ou encore la pierre cubique du Compagnon franc-maçon, symbole de perfection et d’aboutissement de l’oeuvre.

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Modif. le 12 octobre 2021

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