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Le Secret : planche maçonnique au 3ème degré

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Le Secret : planche maçonnique au 3ème degré. Comment aborder le Secret aux trois premiers degrés ? En quoi consiste le Secret maçonnique ?

Trois personnes peuvent garder un secret, si deux d’entre elles sont mortes.
Benjamin Franklin

Le secret : il se perce, se découvre, pèse sur les Hommes, les libère éventuellement… on peut même l’emmener dans la tombe.

La vie profane regorge de secrets. Pour nous francs-maçons, il y a un Secret véritable.

Dans le monde profane, les secrets évoquent les mots de passe personnels, le secret professionnel, le secret médical, les secrets industriels, les secrets d’Etat, les secrets de famille. Ce sont des informations connues d’un petit nombre, pour une période souvent limitée, car avec le temps, certains secrets n’ont plus lieu d’être ou sont ébruités : c’est ainsi que l’on réalise qu’il s’agissait de secrets. D’autre part, beaucoup de secrets profanes sont liés à l’individu lui-même, à son intimité ou à ses données personnelles.

Ces considérations d’individualité et de limitation dans le temps sont éloignées des Secrets que l’on trouve en franc-maçonnerie, et pour cause, dans notre Espace Sacré, le temps ne passe pas… ce sont les hommes qui passent. La notion de Secret maçonnique n’est donc pas soumise à l’usure du temps.

D’autre part, dans notre Rituel, le Secret est sanctuarisé : il est régénéré à chaque ouverture de la conscience.

Tentons d’approfondir la notion de Secret à travers cette planche maçonnique.

Voir aussi cette liste de planches au 3ème degré

Les Secrets communiqués aux grades d’Apprenti et de Compagnon ne sont pas individuels : par exemple, l’attouchement de l’Apprenti est commun à tous les Apprentis. En conséquence de quoi, dès son instruction aux Secrets, l’initié est relié à ses Frères. Partageant les Secrets qu’il a juré de garder, il pourra se faire reconnaitre par les siens.

C’est ainsi que l’attouchement est appelé « attouchement de reconnaissance » au premier degré, explicitant bien sa fonction principale. L’Apprenti ne sachant ni lire ni écrire, il sera tenu au silence, ne pouvant que distiller son Secret lettre par lettre, à voix basse, à l’oreille d’un autre initié.

Il en est de même pour le Compagnon qui, dans la mesure où il voyage, devra « être prudent dans ce degré » et s’interdire de prononcer les Secrets, mais uniquement les épeler.

En somme, les secrets des deux premiers degrés ont essentiellement une fonction de reconnaissance et de protection du contenu rituel. Cette tradition préservée aura pour vertu de garder la cohérence de la Loge et de prévenir tout évènement funeste…

Mais voilà que trois Frères, en possession de Secrets d’appartenance, ayant juré et prêté serment, vont, par une criminelle audace, donner une toute autre dimension au Secret maçonnique.

Au troisième degré, le meurtre fratricide d’Hiram pose question : peut-on encore avoir confiance en nos Compagnons, Frères à qui nous avons ouvert la porte, avec qui nous avons partagé le pain ? Comment s’assurer alors de leur probité ?

Le rituel de Maître nous propose une solution nouvelle : après avoir blanchi le Compagnon par l’examen de son tablier et par l’épreuve du compas, le Très Vénérable Maitre fait enjamber le cercueil au suspect.

Il le soumet par cet acte à un jugement qui ne relève plus de celui des Hommes mais de nos passés Frères qui siègent dans la Gloire du Grand Architecte de l’Univers. Il place ainsi l’assemblée dans une dimension métaphysique.

Le décor est planté, l’Histoire peut être contée… Les trois misérables, un téméraire, un scélérat et un infâme, se placent respectivement aux portes du Midi, de l’Occident et de l’Orient, à l’heure de la fin des travaux.

Par trois fois Hiram est frappé, comme autant de clous plantés dans le corps de Jésus, Initié parfait. Et par trois fois, Hiram protège les Secrets des Maîtres.

Comment procède-t-il ? En opposant aux deux premiers bonté et pardon : loin de les rejeter, il constate qu’ils se sont égarés. « Insensé », dit-il : ils ont perdu le sens. Hiram leur propose de les remettre sur le chemin, par le travail et la persévérance, et leur promet : « tu seras récompensé ».

Quant au troisième, l’infâme, Hiram ne peut que lui opposer son serment : « plutôt la mort que de révéler le Secret qui m’a été confié ».

Ce récit décrit l’attitude que doit adopter le Maître en ce qui concerne le Secret. Ceux-ci nous sont confiés, nous en sommes les gardiens jusqu’au moment où nous les confirons à notre tour.

Or nous devons nous montrer clairvoyants, c’est-à-dire faire preuve de bienveillance et de mansuétude pour racheter les Frères égarés, mais aussi de toute la rigueur nécessaire face à l’infâmie contre laquelle il n’existe aucun recours.

Nous sommes donc responsables de la protection et de la préservation du secret ; en outre, nous avons le devoir de juger qui en est digne. Il en va de la stabilité de l’ensemble de l’Œuvre.

Nous l’avons dit, la nature des Secrets que nous échangeons au troisième degré est d’ordre métaphysique, dans la mesure où elle appartient à un domaine dont les limites se situent au-delà du monde défini par nos cinq sens.

Le Secret est d’essence mystérieuse, au-delà de toute réalité, au-delà du monde des hommes. De ce fait, il est du domaine de la Connaissance et non du savoir.

Dès lors, si le Secret pouvait tomber dans la réalité, s’il venait à être connu et partagé, alors il ne serait plus « le Secret ». Il revient donc à chacun de s’élever dans un espace mystique afin de tenter d’y rencontrer le Secret, par une expérience personnelle et incommunicable.

Le meurtre d’Hiram a deux conséquences fondamentales : d’une part la perte des Secrets (au sens commun, partagé) et d’autre part la quête incessante du Mot Véritable.

Le Mot Véritable, supposément prononcé, exprime la Vérité : il s’agira alors de faire sortir la Vérité de l’intérieur, de son cœur, bref de l’endroit ineffable où elle reposait de toute éternité.

Savoir ce secret, ce serait le décrocher de la voûte mystérieuse pour le poser par terre. En effet, atteindre un but, c’est éteindre une Lumière. C’est le chemin qui compte, et nous sommes invités à espérer en confiance.

Reprenons ici la définition du mot « secret ». D’après le Dictionnaire historique de la langue Française, le secret est issu du latin secretum, un « lieu écarté » ou bien une « pensée ou un fait qui ne doit pas être révélé ».

Quel serait donc ce lieu écarté, solitaire, reculé ? Nous pouvons le chercher entre l’équerre et le compas (entre raison et intuition) ou encore au centre du cercle (au centre de nous-même, près de l’axe du monde).

Nous sommes surtout invités à le chercher près du cercueil, c’est-à-dire dans le dépouillement, dans l’abandon de nous-même, dans le silence, dans le renoncement à toute forme d’ambition et de savoir.

Notons que ce Secret ne nous sera jamais transmis ; mais il peut nous être suggéré lors d’une rencontre corps contre corps et cœur contre cœur, par les cinq points parfaits de la maîtrise. C’est ainsi que le rituel nous invite à découvrir Hiram en nous…

Symboles et valeurs au REAA - Adrien Choeur

Un voyage inédit au coeur de la symbolique maçonnique du Rite Ecossais Ancien et Accepté.

Ce livre numérique pdf (191 pages) comporte 60 planches pour approfondir sa culture maçonnique.

Modif. le 30 décembre 2025

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