Le Pendu au tarot : signification, symbolisme, psychologie. Comment interpréter le Pendu ? Quelle est la signification cachée de cet arcane ?
Le douzième arcane du tarot est le Pendu : il représente un personnage pendu à un gibet par le pied gauche, les mains derrière le dos. Position pour le moins inconfortable qui évoque un supplice, une souffrance, un blocage, une situation insoluble.
Pourtant, on peut aussi voir dans cette posture un exercice ascétique ou une pratique méditative. En effet, rien ne prouve que les mains du personnage, cachées derrière son dos, soient attachées. Le Pendu pourrait alors à tout moment se redresser et se libérer.
Si l’on retourne la carte, une autre image apparaît. Le personnage semble flotter dans les airs, simplement relié au sol par un fil symbolique. Le gibet disparaît et est remplacé par deux arbres verdoyants.
Le chiffre 12 de cet arcane exprime la perfection et l’ordre du monde. Produit de 3 et de 4, il est l’alliance idéale de l’Esprit et de la matière. Il exprime la complétude et l’achèvement (la douzaine, les 12 apôtres, les 12 tribus d’Israël, les 12 étoiles de l’Apocalypse…). Mais il annonce aussi le 13, chiffre dynamique, maudit selon les uns, bénéfique selon les autres.
Remarque : Cet article se fonde sur la version restaurée du Tarot de Marseille de 1471 telle que publiée par la maison Camoin de Marseille.
Tentons une interprétation du Pendu au tarot.
Le Pendu au tarot : description de cet arcane
Le Pendu est un jeune homme aux cheveux blonds portant un habit divisé en plusieurs parties qui rappelle directement celui du Bateleur.
Cependant, les couleurs sont réparties de façon différente :
- le buste alterne parties jaunes (l’élévation spirituelle) et rouges (l’activité psychique). Cette alternance peut être signe d’équilibre entre raison et animalité,
- les bras sont bleus ciel (l’esprit pur),
- les avant-bras sont verts : les élans naturels sont ici contraints,
- les jambes sont bleues (la spiritualité). Notons que la jambe droite est repliée alors que la jambe gauche, reliée au coeur, est en tension,
- les pieds sont rouges.
Deux lunes inversées figurent sur la veste du Pendu, comme les deux sourires qui représentent la joie et la tragédie au théâtre. Ces symboles suggèrent la dualité, un risque de renversement ou encore une correspondance secrète entre le haut et le bas.
Les cheveux du pendu touchent le sol, ou, si l’on retourne la carte, le ciel. Dans ses cheveux sont représentés un Soleil, une Lune ainsi qu’une spirale.
Quant au gibet, il se compose de deux troncs d’arbre dont on aurait sectionné les branches, ce qui laisse apparaître 12 zones rouges, telles 12 sphères spirituelles ou 12 niveaux de conscience issus du produit de l’Esprit (3) et de la matière (4). Ces zones rouges sectionnées évoquent aussi le sacrifice, le renoncement, le dépouillement, la recherche de l’essentiel : c’est bien cela qui permet l’élévation spirituelle.
Une traverse couleur chair relie les deux poteaux ; sur elle est fixée la corde. La corde est double et possède des ramifications, l’une phallique, l’autre évoquant plutôt un oeuf ou un sexe féminin. Au point d’attache du talon, un petit triangle noir apparaît, pointe en haut, signe d’élévation.
Le Pendu au tarot : signification, symbolisme
La posture du Pendu est ambiguë. Dans une première interprétation, on peut y voir un supplice, une torture, une déshumanisation. Reste à savoir qui aurait infligé cette punition : un tiers ou le Pendu lui-même, qui serait alors dominé par un sentiment d’échec et de culpabilité, comme un noeud impossible à défaire.
Une autre interprétation amène à y voir un exercice méditatif, sorte d’asana (posture rituelle dans le yoga) qui aurait pour objet de placer le cœur plus haut que la tête, ce qui implique une inversion du flux sanguin, une inversion de notre rapport aux choses. Entre tension et immobilité, cette posture serait un signe de maîtrise, d’équilibre et de conscience. L’ego est ici mis à mort par l’effort d’ascèse.
Le Pendu prouverait ainsi qu’il domine sa propre matière, son animalité, son mental déréglé. Il devient une sorte de fil à plomb, un outil de rectitude qui évoque la connaissance de soi.
Les deux troncs qui composent le gibet peuvent rappeler les deux piliers de l’arbre de vie kabbalistique, Rigueur et Miséricorde, ou encore les deux piliers situés à l’entrée du temple de Salomon (Boaz : « dans la force » et Jakin : « il établira »). Placé entre ces deux piliers, le Pendu représenterait le troisième pilier, celui de la conscience pure et équilibrée.
Remarque : dans une perspective kabbalistique, les dix boutons de la veste du Pendu pourraient symboliser les dix Sephiroth de l’Arbre de vie, c’est-à-dire dix niveaux de perception de la réalité. Ces boutons comportent différents symboles en leur centre.
Si l’on retourne la carte, les deux piliers deviennent deux arbres au feuillage verdoyant, ce qui rappelle les deux arbres du paradis de la Genèse : l’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Le Pendu incarnerait alors Adam hésitant entre ces deux arbres, les fruits du premier donnant accès à la vie éternelle, les fruits du second provoquant une chute, un renversement funeste.
Du Pendu à l’arcane sans nom
L’arcane n°12 peut être mis en relation avec l’arcane suivant, qui évoque la mort. Si l’on considère que le Pendu subit un supplice, alors cela peut déboucher sur son anéantissement. Si l’on considère au contraire qu’il s’élève en se détachant de la matière, alors sa mort physique annoncerait une renaissance spirituelle : c’est l’entrée dans le Royaume de Dieu.
Le Pendu dans une vision alchimique
En alchimie, « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut », selon la célèbre formule de la Table d’Emeraude, laquelle suggère une correspondance secrète entre le Ciel et la Terre, entre l’Esprit et la matière, entre le Soleil et la Lune.
Le but du processus alchimique est d’arriver à une matière spiritualisée (le Pendu tête en bas) autant qu’à un Esprit matérialisé (le Pendu tête en haut) : la Vérité se situe peut-être au croisement de ces énergies.
L’alchimiste est bien celui qui opère un retournement sur lui-même et en lui-même : il s’agit d’extraire l’Esprit caché au sein de la matière, et d’aborder la matière comme l’expression vivante de l’Esprit.
Tirer le Pendu au tarot : conclusion
Le Pendu est-il en train de se perdre ou au contraire d’accéder à la compréhension suprême ? Est-il dans la soumission ou la maîtrise de soi ? Est-il le mauvais larron ou Jésus sur la croix ? Est-il l’être obscur ou l’Adam Kadmon ? Il est peut-être tout cela à la fois, évoluant d’étape en étape sur le chemin de la Connaissance.
Qu’elle soit imposée ou subie, l’épreuve oblige le Pendu à voir les choses autrement. S’annonce alors une renaissance, une sorte d’accouchement tête en bas. L’être nouveau est parfaitement équilibré, tenu par le fil qui relie sa matière au Principe supérieur. Ce fil, c’est l’axe du monde qui relie le nadir au zénith par gravitation. La position adoptée par le Pendu n’est-elle pas le meilleur moyen de trouver l’alignement parfait avec l’axe du monde ? Notons que le Pendu n’est pas attaché par le cou : il ne suffoque pas, il revit !
Exemple de discours à tenir lors d’un tirage du Pendu au tarot :
Vous avez tiré le Pendu, cet arcane qui représente un personnage pendu par le pied à un gibet. Ce personnage, c’est vous. Comment vous êtes-vous mis dans cette situation ? Est-ce volontaire ? Ce renversement illustre-t-il le désordre de votre vie, votre confusion mentale, l’inconfort de votre existence ? Ou bien est-ce un exercice que vous vous imposez pour tester votre capacité à inverser votre regard ? Etes-vous capable de vous retourner sur vous-même, d’analyser votre chemin de vie ? Etes-vous capable de tenir cette posture et finalement de vous en libérer ?
Mots-clés relatifs au Pendu au tarot :
- sacrifice,
- souffrance,
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- douleur,
- ascèse,
- blocage,
- apprentissage,
- retournement,
- méditation,
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- immobilité,
- équilibre,
- rectitude.
Correspondance avec les lettres hébraïques : Lamed (cliquez pour lire une autre interprétation du Pendu)
Notre série d’articles sur le tarot :
- Le tarot, voie initiatique
- Les couleurs du tarot
- Le Mat
- Le Bateleur (I)
- La Papesse (II)
- L’Impératrice (III)
- L’Empereur (IIII)
- Le Pape (V)
- L’Amoureux (VI)
- Le Chariot (VII)
- La Justice (VIII)
- L’Hermite (VIIII)
- La Roue de Fortune (X)
- La Force (XI)
- Le Pendu (XII)
- L’arcane sans nom (XIII)
- Tempérance (XIIII)
- Le Diable (XV)
- La Maison Dieu (XVI)
- L’Etoile (XVII)
- La Lune (XVIII)
- Le Soleil (XVIIII)
- Le Jugement (XX)
- Le Monde (XXI)
- Le tarot : tirages et lecture
Pour aller plus loin :
- La voie du tarot, Alexandro Jodorowsky et Marianne Costa. Une approche symbolique du tarot au service de la connaissance de soi ; une invitation à l’aventure spirituelle.
- Le Tarot des lettres hébraïques, de Marie Elia. Ce Tarot constitué des 22 lettres hébraïques est accompagné de magnifiques textes éclairant la signification de chacune d’entre elles.
Modif. le 20 mai 2025