Le non-jugement : définition. En quoi consiste le non-jugement ? Que peut apporter cette pratique spirituelle ?
Le non-jugement est une pratique spirituelle qui consiste à observer le monde sans évaluer, critiquer ou étiqueter. Cette approche représente un défi de taille, car notre mental pratique le jugement de manière permanente et automatique.
Au quotidien en effet, nous sommes habitués à distinguer, à caractériser, à qualifier, à comparer et à juger. Nous critiquons ce qui nous semble anormal, nous imaginons autre chose, comme si nous savions mieux que quiconque ce qui devrait être et comment chacun devrait se comporter.
La tendance à juger provient d’un apprentissage social : en effet, dès notre plus tendre enfance, nous avons appris à distinguer le vrai du faux, le bien du mal.
D’autre part, nos instincts peuvent nous amener à juger sous le coup de la colère ou de la peur, le « moi » cherchant à se protéger ou à se justifier.
Enfin et surtout, le jugement est le signe de notre ignorance : nous ne comprenons pas les causes des phénomènes et des comportements, par conséquent notre ego a tendance a vouloir combler artificiellement cette lacune en acceptant ou rejetant ce qu’il perçoit, en fonction de ses intérêts.
Ainsi, le jugement fonde et soutient notre personnalité. Mais il nous enferme dans une version étriquée des choses en même temps qu’il nous éloigne des autres, ce qui produit de la souffrance. Nous allons le voir, il nous coupe aussi de la Vie véritable.
Voici une définition du non-jugement en spiritualité.
Le non-jugement en spiritualité
Nous l’avons vu, le jugement est fondé sur l’habitude, le rejet ou l’ignorance. Nos schémas, nos incompréhensions et nos angoisses renforcent notre propension à juger, ce qui peut déboucher sur de la violence sociale.
C’est la raison pour laquelle de nombreuses traditions philosophiques et spirituelles appellent à pratiquer le non-jugement.
Les stoïciens, par exemple, appelaient à se défaire de tout jugement moral pour se concentrer sur les faits :
Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, ce sont les jugements qu’ils portent sur les choses.
Epictète
Dans le bouddhisme, l’attention juste consiste à observer ses pensées et émotions en dehors de tout jugement. Le lojong est notamment le fait d’entrainer l’esprit à se défaire de ses intentions habituelles. Le lâcher-prise et l’accueil des émotions font reculer la tendance au jugement, car celui-ci est lié à la volonté de contrôle.
De même, dans le taoïsme, le sage est celui qui se refuse à prendre position : il renonce à contrôler, il laisse venir les choses à lui, il accueille les évènements et les individus tels qu’ils sont, devenant ainsi leur allié.
De même, dans le christianisme, Jésus invite ses disciples à ne pas juger :
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Luc 6, 37
Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre.
Jean 8, 7
Rappelons-le, Jésus est celui qui vient réparer le péché originel d’Adam et Eve, qui ont croqué du fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
Dans l’hindouisme, le principe d’ahimsa (non-violence), inclut également l’idée de non-jugement. Il s’agit de respecter toute forme de vie et de ne pas causer de souffrance, que ce soit par des actions, des paroles ou des pensées.
Enfin, le concept de non-jugement a été développé par le psychologue américain Carl Rogers (1902-1987), qui prônait une thérapie humaniste fondée sur le « regard positif inconditionnel ». Cette attitude est rendue possible par un ancrage dans l’ici et maintenant, par le lâcher-prise, la confiance et l’ouverture aux autres.
Pour Carl Rogers, le non-jugement n’est possible que si le « moi » ne se sent plus menacé dans sa structure même : pour cela, il faudrait voir tout élément extérieur comme constitutif du « moi ».
Lire aussi : Le mal existe-t-il ?
Le non-jugement : définition
Définition : le non-jugement consiste à accueillir toute chose, individu ou phénomène sans jugement en bien ou en mal. C’est encore l’art de percevoir les choses telles qu’elles sont, sans les passer au filtre de nos croyances, préjugés ou attentes.
Le non-jugement consiste donc à rencontrer la réalité : notre monde intérieur a vocation à s’ouvrir, à se laisser traverser et à s’insérer dans le monde réel. On parle aussi d’ancrage ou de recentrage.
Toutefois, le non-jugement ne consiste pas à renoncer à discerner ou à faire des choix : il s’agit plutôt de cultiver une attitude d’écoute, d’ouverture, d’acceptation et de compassion.
A noter que le non-jugement s’applique aussi à soi-même : il consiste à se départir de tout sentiment de culpabilité pour reconnaître que nous ne pouvons agir que selon nos moyens et nos limites.
Comment pratiquer le non-jugement ?
Pour pratiquer le non-jugement, il faut d’abord refonder notre rapport au monde. Alors que le jugement naît de l’impression que les choses et les individus sont séparés et indépendants, au contraire le non-jugement part du principe que tout est relié, formant un ensemble cohérent, chaque élément participant à l’harmonie de l’ensemble.
Le non-jugement est donc la reconnaissance des liens invisibles qui fondent l’unité du monde, et qui font que rien n’existe en soi, que tout est lié à tout. Tout est donc légitime à exister : rien n’est mauvais en soi.
Ensuite, le non-jugement peut être atteint par diverses pratiques telles la méditation, la sophrologie ou autres techniques de pleine conscience. Mais il s’agit avant tout de prendre conscience de nos propres jugements en observant nos pensées et en décryptant nos propres mécanismes mentaux.
Les bienfaits du non-jugement
Pratiquer le non-jugement peut avoir des effets bénéfiques sur le plan mental et émotionnel.
Renoncer à juger réduit les conflits internes, le stress et les tensions : nous acceptons nos imperfections et celles des autres, ce qui favorise un état de paix intérieure.
Le non-jugement améliore aussi les relations avec autrui, introduisant plus de confiance et de respect.
Enfin, le non-jugement amène une plus grande clairvoyance : nous sommes moins influencés par nos préjugés et plus ouverts à de nouvelles perspectives, ce qui peut libérer la créativité.
Conclusion
Les jugements nous coupent de la Vie véritable. Faire taire la voix du juge intérieur, c’est renoncer aux pensées qui restreignent notre bien-être.
Mais le non-jugement n’est pas qu’un outil de développement personnel. C’est une voie spirituelle : la prise de conscience des liens invisibles qui gouvernent le monde et qui font que toute chose est fondée et utile, au-delà de l’illusion de l’anormalité.
Par le non-jugement, nous retrouvons ainsi notre place dans le tout, nous nous acceptons tels que nous sommes et nous acceptons les autres tels qu’ils sont.
Au final, le non-jugement est la voie vers un haut niveau de conscience, tendant vers l’universel. Mais l’effort à produire est permanent afin de ne pas retomber dans les travers de l’opinion, de l’émotion et de l’habitude…
Pour aller plus loin :
Qu’est-ce que la spiritualité ? Quel est le but à atteindre ? En quoi consiste la méthode spirituelle ? Quel lien avec la philosophie ?
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Modif. le 6 juillet 2025