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Le monde aurait-il pu être différent ?

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Le monde aurait-il pu être autrement ? Aurait-il pu être créé différemment ? Pourrait-on imaginer un monde sans souffrance, sans violence ?

Tel qu’il nous apparaît, le monde révèle une immense beauté qui peut provoquer en nous l’émerveillement. Mais le plus souvent, c’est la violence du monde qui nous saute aux yeux, avec son cortège de tourments, d’injustices et de désordres.

Le monde est brutal. Le malheur est partout. La matière et les êtres vivants sont soumis aux chocs, aux bouleversements, aux épreuves et aux destructions. Les cataclysmes, les accidents, les maladies, les séparations, les changements et la mort constituent le quotidien de l’Homme et de la Nature, occasionnant d’incroyables souffrances. Un constat qui pourrait même nous amener à penser, comme les Cathares en leur temps, que nous vivons en Enfer.

Dès lors, on pourrait se poser la question se savoir si le monde aurait pu être créé autrement, en l’occurrence sans violence ni souffrance.

Le monde aurait-il pu être autrement ?

On pourrait imaginer un monde moins cruel, plus calme et au final, plus supportable, mais cela aurait-il pu exister ? Pour le savoir, commençons par nous demander ce qu’il faut, a minima, pour que le monde existe et se déploie.

Le monde ne peut se manifester que par une opération de différenciation, ce qui crée automatiquement le temps, la matière et l’énergie. Un monde sans différenciation serait uniforme et n’aurait aucun sens ; un monde sans mouvement serait un tableau ou une carte postale, bref quelque chose de figé, sans possibilité de vie ni de conscience : ce monde là n’en serait pas un.

Il a donc fallu que se produise une séparation au sein de l’unité pour que le monde existe ; or cette séparation produit naturellement les chocs, les collisions et le conflit. Les molécules et les astres se télescopent, explosent, réagissent et se transforment. Les êtres vivants s’entredévorent et luttent pour leur survie, tout comme les êtres humains, qui vont jusqu’à se faire la guerre.

Ainsi, le monde est rempli de luttes intestines. Ces luttes constituent son essence-même, son moteur, son énergie. Le monde est violence parce qu’il ne peut être que cela : faire un pas dans le monde, c’est déjà rencontrer cette violence, c’est risquer de gêner son semblable, d’écraser un insecte, ou de trébucher.

Dit d’une autre manière, le monde est fondé sur l’impermanence et la mort : chaque état, chaque moment, chaque individu est voué à changer, à être attaqué et à disparaître pour donner naissance à d’autres individus, à d’autres phénomènes. C’est ainsi que le monde « est ».

La lutte étant la règle, les êtres dotés d’une conscience ressentent naturellement de la souffrance, principalement due à l’instinct de survie. Plus la conscience est développée, plus ce sentiment de souffrance est susceptible de grandir, entre peur de mourir, désespoir, incompréhension et culpabilité.

Mais cette souffrance est aussi une chance : elle la preuve que nous sommes vivants, témoins du monde, en train de vivre l’expérience, capables de comprendre ce qui se joue.

Une question de regard

Le monde est peut-être tragique, et certains le trouveront insupportable, inacceptable, inhabitable. D’autres au contraire accepteront la règle du jeu et réaliseront leur chance, tout en s’émerveillant devant la beauté rendue possible par la différenciation et la diversité qui nous entoure. Il est vrai que même un volcan qui explose est beau à regarder.

Il reste la possibilité d’imaginer un autre monde, plus paisible, plus harmonieux, mais qui n’aurait de sens que par le regard de celui qui habite le monde actuel. En fait, ce monde imaginaire ne serait pas forcément vivable, ni souhaitable. Un créateur de jeux vidéos qui inventerait un monde où tout est agréable et où l’on ne perd jamais risquerait très vite d’ennuyer ses joueurs.

Au final, il semble que le monde ne puisse pas être autrement que ce qu’il est. Seule la réalité, telle qu’elle est, est possible. L’indicatif terrasse le subjonctif.

Le sage trouve la paix intérieure en acceptant cela, et en réalisant que le mal et la souffrance relèvent de l’individualité, alors que la beauté et la Justice relèvent de l’universel.

Car le monde, dans sa globalité, est beau, juste et parfait. Les chocs et les conflits qui l’animent s’inscrivent dans une cohérence d’ensemble. Ainsi, tout est lié, tout participe de la grande harmonie cosmique, conformément à la grande Loi d’amour.

Souhaites-tu rendre le monde meilleur ?
Je ne pense pas que cela puisse se faire.
Le monde est parfait.
On ne peut le rendre meilleur.

Tao Te King 29

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Modif. le 17 mars 2024

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