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La pensée symbolique (planche maçonnique)

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La pensée symbolique : quelle différence avec la pensée immédiate ou concrète ? Tentative de définition à travers cette planche maçonnique au 1er degré.

Nous sommes des êtres pensants : nous organisons notre vie autour de nos pensées et grâce à elles.

Notre quotidien s’accompagne d’une foule de pensées qui alimentent, construisent et orientent notre vie, nos projets, nos actes, nos intentions et notre imaginaire.

Ce type de pensée, que l’on peut appeler concrète, s’appuie sur notre histoire personnelle et commune. Elle tient compte de notre environnement, peut être influencée par les individus qui nous entourent, par notre instruction, nos émotions, notre psychologie mais aussi fortement dirigée et contingentée par un contexte ou des directives extérieurs précises.

Nous combinons ces facteurs avec nos perceptions tridimensionnelles émanant de nos cinq sens. Nous les analysons, les intellectualisons pour en déduire une façon d’agir, de se comporter ou de s’exprimer.

Quelle que soit les motivations de ces pensées, celles-ci sont toujours soumises à une analyse purement intellectuelle, même si elles s’accompagnent d’une part émotionnelle.

En tant qu’adeptes de la démarche initiatique, nous ne pouvons pas nous contenter de cette architecture de pensée pour satisfaire notre quête spirituelle. Nous recherchons quelque chose de plus profond et subtil.

Kant évoquait le monde nouménal, c’est-à-dire le monde non observable (ce qui rappelle aussi le monde des idées de Platon), par opposition au monde observable, le monde phénoménal. Si la raison fondée sur l’observation permet d’étudier ce dernier, il va falloir d’autres moyens de recherche pour accéder aux principes des « noumènes ».

Pour nous aider dans la mise en place de ce travail d’architecture intellectuel et spirituel, la démarche initiatique met à notre disposition un outil : le symbole.

Voir aussi cette liste de planches maçonniques

Pour être un outil efficace, le symbole doit se vivre de l’intérieur de soi-même, à un niveau de conscience toujours plus élevé.

Le symbole peut être vu comme un stimulus spirituel qui agit sur la conscience de l’initié, et susceptible de provoquer l’éveil.

Un symbole n’est jamais déchiffré définitivement : la méthode maçonnique implique une interrogation permanente sur son sens.

Le symbole se livre petit à petit, au terme d’études successives. Au cours de notre avancée sur le chemin de l’initiation, notre maturité spirituelle se renforce, notre vision intérieure se perfectionne, ce qui permet notre progression. Le travail sur les symboles est donc évolutif.

Le symbolisme permet en outre de confronter nos interprétations à celle des autres, ce qui aboutit à la constitution d’une mémoire collective, transmise de génération en génération. Il ne s’agit pas de se conformer à ce qui a déjà été dit, mais de se donner plus de chances de pénétrer la vérité cachée.

Car si le symbole cache une Vérité unique, les chemins pour y accéder étant multiples.

Le symbolisme apporte avec lui un nouveau mode de pensée : c’est la pensée symbolique.

La pensée symbolique en général, et la démarche initiatique en particulier, ne vont pas avec le dogmatisme, même s’il est symbolique.

Le dogme induit limites et restrictions alors que nous sommes en quête de liberté et de Lumière intérieure.

La richesse d’une loge est faite d’individualités qui vont s’unir pour élever l’édifice, pierre par pierre, et aller toujours plus loin dans la direction d’une vérité suggérée par un ensemble de symboles qui nous sont proposés. Suggérée et non pas dévoilée, car le symbole évoque, suggère bien plus qu’il ne révèle ou signifie.

Le symbole va nous permettre de passer du visible à l’invisible, du matériel à l’immatériel, de la raison à l’intuition, de la matière à l’esprit. C’est un réel qui évoque le non-réel.

Ainsi le symbole n’a rien de statique. Par l’étude qu’il induit, les idées qu’il cache, les liens qu’il propose, il est un principe actif, un principe vivant.

Le symbolisme nous conduit au-delà de la forme et du temps. Sans se désolidariser complètement de la raison, à laquelle elle reste liée, la pensée symbolique ouvre grand le domaine de l’Esprit.

Si la pensée concrète relève de notre conscient, la pensée symbolique, qui se veut méditative, intuitive et analogique, fait appel à d’autres plans de conscience. Elle aide à voir ce que notre raison ne peut comprendre ou de percevoir.

Elle nous ouvre un univers de pensée qui fait plus appel à l’intelligence du cœur qu’à l’intelligence cérébrale.

Toutefois la pensée symbolique ne se substitue pas à la pensée rationnelle, elle la complète pour atteindre un niveau de perception plus subtil, plus éclairé, plus universel, et permettre de créer un pont entre le monde du subconscient et du conscient.

Nous avons là le transfert d’une réalité supérieure vers notre conscient, ce qui permet de mieux saisir le sens de la vie.

Si, comme la pensée concrète, la pensée symbolique utilise l’intellect dans l’interprétation des perceptions, l’origine de ces perceptions est totalement différente. En effet, la pensée symbolique fait davantage appel au ressenti intime, à l’intuition.

C’est une pensée juste, en adéquation avec notre conscience. Une attitude méditative s’avérera plus qu’utile pour percevoir les réalités subjectives, les perceptions intuitives, les idées abstraites du monde intérieur des symboles.

Lire avec l’esprit, c’est aussi tenter de pénétrer l’aspect Vie que voile et cache l’aspect extérieur.

Toutes les formes voilent une pensée, une idée divine, ou une vérité et sont la manifestation tangible d’un concept divin.
A. Bailey

Ainsi donc, lire avec l’esprit, c’est voir au-delà de la surface des choses et entrer en contact avec l’idée qui a donné naissance à la forme.

Voir au-delà de la forme, c’est aussi se découvrir soi-même, apprendre à connaitre l’autre et l’accepter plutôt que le tolérer. Le rapprochement des hommes par l’abandon des ego superficiels est l’une des conséquences de la pensée symbolique, permettant l’exaltation d’une force universelle : l’Amour.

D’autre part, la pensée symbolique favorise le détachement en ce sens qu’elle nous délivre de l’esclavage de la forme pour nous ouvrir aux impulsions supérieures.

C’est la prédominance du spirituel sur le charnel, par une pensée centrée et stable, non plus sujette à la dispersion.

Par la pensée symbolique, nous apprenons aussi à domestiquer notre intellect, le but étant de le mettre au service de notre intuition, et non plus uniquement interprète des messages venant du monde extérieur.

Chez l’homme banal, le processus de pensée s’exerce de l’extérieur vers l’intérieur. A l’inverse, l’initié, par la pensée symbolique, apprend à percevoir de l’intérieur pour rayonner vers l’extérieur. Il prend conscience d’idées et de concepts émanant du plus profond de lui-même.

La raison devient alors un intermédiaire entre l’âme et le cerveau. Le mental se met sous l’autorité de ce nouveau centre de Vie. Il y fait allégeance sans force ni contrainte, mais en toute harmonie.

L’initié doit s’introduire mentalement à l’intérieur du symbole. Il doit se l’approprier, réalisant ainsi un acte de concentration le protégeant des phénomènes extérieurs qui pourraient le perturber. Il se préserve ainsi de la dispersion, il rassemble ce qui est épars en lui-même.

L’étape suivante mène l’initié à la découverte de l’aspect universel du symbole. Dans cette phase de méditation, l’initié entre en communication avec le sacré.

Ce faisant, et en répétant l’opération, l’initié se libère toujours plus du côté illusoire des formes. La pensée symbolique le rapproche de la Vérité.

Le symbolisme n’est pas un but en soi. C’est un moyen qui nous conduit du fini à l’infini, vers notre Soi, vers la Connaissance et la Vraie Lumière.

Il nous permet aussi de vibrer en harmonie, à l’unisson, avec nous-mêmes, avec les autres, et particulièrement les autres cherchants car le symbole est un signe de reconnaissance.

Si la pensée concrète est en quête de réponses, la pensée symbolique, elle, préfère les questions. Car c’est bien le questionnement qui nous fait progresser sur le chemin initiatique.

Alors que la première juge et sépare, la seconde rassemble et unifie. L’une s’appuyant sur le savoir, l’autre menant à la Connaissance.

Par l’accès aux vérités intérieures, nous réalisons que nous faisons partie de ce Tout, enfin accessible à notre plan de conscience. L’idée divine qui se cachait derrière le symbole devient enfin perceptible…

Pour aller plus loin :

livres maçonniques

Modif. le 3 juillet 2025

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