L’étui de mathématiques du Grand Maître Architecte : quel symbolisme ? A quoi servent les instruments qu’il contient ? Voici une planche au 12ème degré REAA.
L’étui de mathématiques est présent à deux endroits de la loge de Grand Maître Architecte :
- on le trouve sur le plateau du Président,
- il est aussi présent au septentrion, disposé sur une table en-dessous de l’étoile lumineuse à cinq branches, aux côtés des planches à tracer qui sont remises aux récipiendaires lors de leur réception. Ce sont ces éléments que le Maître des Cérémonies fait contempler aux récipiendaires dès leur entrée en loge.
A noter que l’étui est toujours présenté ouvert.
LE GRAND MAÎTRE ARCHITECTE
Frère Second Surveillant, êtes-vous Grand Maître Architecte ?LE SECOND SURVEILLANT
Grand Maître Architecte, je connais parfaitement ce que renferme un étui de mathématiques.LE GRAND MAÎTRE ARCHITECTE
Quels sont les instruments qu’il renferme ?LE SECOND SURVEILLANT
Une équerre, un compas simple, un compas à quatre pointes, une règle, un compas de proportion, un aplomb et un demi-cercle.
L’étui de mathématiques comporte donc sept instruments. On retrouve :
- la règle, outil de l’apprenti, symbole de travail et de rectitude,
- le fil à plomb, symbole de la connaissance de soi,
- l’équerre, outil du compagnon qui symbolise la rectification, nécessaire en particulier pour obtenir la pierre polie,
- ainsi que le compas, qui évoque la maîtrise spirituelle.
Mais de nouveaux outils apparaissent : le compas sous des formes particulières ainsi que le demi-cercle.
Voici une planche sur l’étui de mathématiques du Grand Maître Architecte.
Voir aussi notre liste de planches au 12ème degré
L’étui de mathématiques du Grand Maître Architecte
Au siècle des Lumières, on élaborait des « nécessaires de mathématiques » sous la forme d’étuis ou de boîtes contenant un ensemble d’instruments précieux en or, argent ou laiton, parmi lesquels des compas (à deux ou quatre branches), des rapporteurs, des règles, des ciseaux, des scalpels…
Le rituel du douzième degré R.E.A.A. fait référence à ces nécessaires de mathématiques en vogue à l’époque où ont été rédigés les rituels de perfection. On trouvait ces nécessaires dans les cabinets de physique, chez les savants, les géographes, les astronomes ainsi qu’à la cour du roi. A l’évidence, ces étuis représentent la pensée moderne, rationaliste, en quête de Connaissance et de vérité.
Nous l’avons dit, le Grand Maître Architecte sait ce que renferme un étui de mathématiques. Les instruments contenus servent à tracer, à mesurer, à rapporter et à vérifier :
- la règle sert à tracer et à mesurer,
- l’équerre sert à tracer ou vérifier la perpendiculaire,
- l’aplomb ou fil à plomb permet de vérifier la verticalité ; il permet aussi de construire le dessin (notamment en peinture),
- le compas simple sert à tracer le cercle, mais aussi à mesurer, comparer et reporter les longueurs,
- le compas à quatre pointes ou compas de réduction est un compas dont les branches inégales permettent d’effectuer des homothéties, c’est-à-dire de reproduire un motif en agrandissant ou rapetissant sa taille, tout en respectant les angles. C’est donc un instrument qui permet de changer d’échelle, ce qui n’est pas sans évoquer la correspondance entre microcosme et macrocosme,
- le compas de proportion est un instrument de mathématique et de géométrie composé de deux règles plates assemblées à leur charnière et portant sur leurs faces des lignes divisées. Dès l’Antiquité, c’est un instrument de calcul, de dessin et de conception fondé sur la proportionnalité entre les côtés homologues de deux triangles similaires. Il est utilisé avec la règle graduée et le compas à pointe sèche pour le dessin, pour établir des perspectives ou des correspondances,
- le demi-cercle ou rapporteur sert à mesurer, tracer et rapporter des angles.
Le symbolisme de l’étui de mathématiques au douzième degré R.E.A.A.
Tous les instruments contenus dans l’étui de mathématiques servent à mesurer, à tracer, à calculer ou à reproduire sous une autre échelle. Mais comment doivent-ils être utilisés ? Le Grand Maître Architecte a-t-il capacité à concevoir ou doit-il se borner à relever des mesures ?
Des indications sont données dans le rituel d’initiation au douzième degré :
LE GRAND MAITRE ARCHITECTE
Conformément aux ordres suprêmes, il faut nous occuper maintenant d’achever le troisième étage et la décoration du Saint des saints selon les plans qui en furent donnés par le Grand Architecte de l’Univers. La direction des travaux de ce troisième étage est réservée au Grand Maître Architecte qui doit remplacer le Maître des Maîtres dans cette fonction.
(…)
Cependant, il convient que le candidat qui se présente nous fasse connaître la Perfection de ses dessins car il n’appartient qu’aux Grands Maîtres Architectes de bâtir des tabernacles.
(…)
Pour commencer, il vous est ordonné de faire trois fois le tour des ouvrages du Temple. Ayez soin d’en relever les plans avec exactitude. Vous me les présenterez ensuite afin que je juge si vous êtes dignes de remplacer notre Respectable Maître Hiram.
Les récipiendaires se voient ensuite confier une planche à tracer et effectuent leur triple voyage ; ils relèvent les plans des ouvrages du Temple, avant de présenter rituellement leurs dessins au Grand Maître Architecte, qui les examine.
En premier lieu, les instruments de l’étui de mathématiques servent à relever ce qui existe déjà : il s’agit de pénétrer le caractère parfait de l’existant, avant d’espérer pouvoir aller plus loin et reproduire cette perfection. Ainsi, la créativité du Grand Maître Architecte est soumise au respect de cette perfection, expression de la Loi divine.
Les instruments de l’étui de mathématiques servent donc autant à relever qu’à tracer. Il s’agit de mettre son action, son tracé, en conformité avec le Plan. D’ailleurs, il est précisé que l’édifice devra être achevé conformément aux plans divins : il ne s’agit pas de concevoir et de construire dans un but personnel mais bien de travailler à la gloire du Grand Architecte de l’Univers.
Devenir Grand Maître Architecte, c’est donc faire la preuve que l’on est en capacité de voir et de comprendre le « Code », afin de pouvoir soi-même continuer le travail en conformité avec le Plan.
L’emplacement de l’étui de mathématiques
L’étui de mathématiques est placé au septentrion, sous l’étoile lumineuse à cinq branches, aux côtés des planches à tracer. L’étoile représente « la vertu qui doit guider toutes les actions des hommes, comme l’étoile polaire guide les navigateurs ».
Cela signifie que les instruments doivent être utilisés en conscience, en connaissance de cause, en conformité avec l’ordre divin. Auparavant décentrée, l’action se recentre, guidée par l’étoile la plus haute, la plus brillante, image de l’axe du monde dont il s’agira de ne pas dévier.
Conclusion
Au final, les instruments contenus dans l’étui de mathématiques servent autant à relever (à révéler) qu’à concevoir. Il s’agit dans un premier temps de tenter de percer les mystères de la matière, de la même manière que les instruments des nécessaires de mathématiques du XVIIIe siècle servaient à explorer tous les aspects de la manifestation.
Rappelons-le, nous sommes dans une école d’architecture : le but est donc d’observer, d’apprendre, de comprendre et de prendre exemple. Ensuite seulement, nous pourrons concevoir, créer sur la base d’un idéal fondé sur la raison.
Au-delà de la simple imitation, les instruments de l’étui de mathématiques invitent donc à découvrir et maîtriser les lois géométriques et mathématiques qui régissent le monde de la matière, et par conséquent nous-mêmes. Désormais conscients de la perfection qui règne en toute chose, nous nous plaçons sous le commandement divin, nous laissons le Grand Architecte créer et bâtir à travers nous.
Pour aller plus loin :
Ce livre numérique pdf (41 pages) comporte 10 planches relatives au grade de Grand Maître Architecte.
Décryptez les notions essentielles de ce degré, de l’étui de mathématiques aux ordres d’architecture, en passant par le bijou, l’âge, le mot de passe, les étoiles…
Modif. le 8 septembre 2024