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Unus mundus : définition (psychologie, métaphysique)

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Unus mundus : définition en psychologie analytique et métaphysique. Qu’est-ce que le « monde Un » ? Comment se matérialise-t-il ?

Unus mundus est une locution latine qui signifie « monde un ». Elle est utilisée en alchimie spirituelle, en philosophie, ainsi que par le fondateur de la psychologie analytique : Carl Gustav Jung.

Notion à la fois métaphysique et psychologique, unus mundus décrit un monde unitaire, au sein duquel la dualité, la multiplicité et la diversité se trouvent réunifiées dans l’Un : les oppositions deviennent complémentaires et participent de l’harmonie universelle.

Ainsi donc, l’unus mundus correspondrait à l’ultime réalité, par définition difficilement atteignable du fait de notre subjectivité.

De fait, la notion de « monde un » interroge le rapport entre le monde réel et la conscience que nous en avons. Car il existe deux mondes : notre monde intérieur (dépendant de nos caractéristiques psychiques et de notre niveau de conscience) et le monde extérieur (la réalité), un gouffre séparant les deux.

Dès lors, la question est : comment parvenir à cet unus mundus ? Comment approcher la réalité et entrer dans le « monde un », pour nous qui avons tendance à tout analyser, à tout séparer, à tout juger ?

Tentons une définition de l’unus mundus.

L’unus mundus : définition et manifestations

L’unus mundus pourrait être défini comme la réalité sous-jacente générant et réunifiant tous les phénomènes matériels, spirituels et mentaux. Dans cette réalité, matière et esprit se trouvent réconciliés, tout comme l’unité et la dualité, la transcendance et l’immanence, le mental et le physique, ou encore l’Homme et le cosmos.

L’unus mundus peut donc être vu comme la racine commune de toute chose et de tout phénomène, puisque tout en est issu et tout y retourne.

L’unus mundus peut encore être décrit comme un domaine psychophysique neutre, global, unitaire, faisant émerger tous les phénomènes physiques et mentaux. Ici, il faut dépasser la distinction habituelle entre esprit et matière : les phénomènes de l’esprit influencent la matière, et vice-versa, puisqu’en réalité ils ne sont pas séparés.

Pour Jung, l’unus mundus se manifeste, entre autres, à travers :

  • l’inconscient collectif : l’imaginaire commun aux hommes,
  • les archétypes (contes, mythes, légendes, folklore, rites…) qui relèvent de la psyché « objective » car transpersonnelle,
  • la synchronicité : analogies mentales spontanées, sans lien de causalité apparent entre les éléments associés. Par exemple, un objet ou un symbole peuvent évoquer une réalité sous-jacente. Ceci s’explique par le fait que lorsque l’unus mundus est fractionné, des corrélations apparaissent naturellement entre les fractions qui en résultent.

Mais l’unus mundus reste inaccessible : aucun individu ne peut prétendre l’approcher, pour la simple raison qu’il reste soumis à ses limites, à ses déterminismes et prisonnier de son regard subjectif.

Au final, l’unus mundus serait cette conscience universelle capable d’englober toute chose, tout individu et tout phénomène : la manifestation de l’ordre et de la cohérence cosmiques.

Unus mundus : parallèle avec Un-le-Tout (alchimie)

En alchimie spirituelle, Un-le-Tout est l’expression qui décrit le principe de l’Unité du monde.

Un-le-Tout synthétise le double aspect créateur et création : on assiste à une création vivante toujours en devenir, mais qui reste cohérente en elle-même.

Un-le-Tout traduit un dépassement des notions d’être et de non-être, de matière et d’esprit, de visible et d’invisible, de chaos et d’ordre, de dedans et de dehors, ou encore de transcendance (ce qui tient son principe de l’au-delà) et d’immanence (ce qui contient son principe en soi-même).

Un-le-Tout est à la fois lui-même et le dépassement de lui-même : le Père et le fils de lui-même, à l’image du serpent ouroboros qui se mord la queue.

Un-le-Tout est un concept proche de l’unus mundus (voire identique) en ce sens qu’il traduit l’unité fondamentale du monde, une unité qui reste cependant non perceptible par les sens.

Comment percevoir l’unus mundus ? Peut-on englober tout le réel ?

Il est impossible de percevoir directement l’unus mundus, c’est-à-dire la réalité ultime du monde.

Pourtant, l’unus mundus présent en arrière-plan se retrouve aussi en nous, puisque nous sommes le résultat de toutes les influences cosmiques et les héritiers de l’histoire du monde, aussi bien sur le plan physique que mental, les deux aspects étant liés.

Réaliser cela, c’est déjà ressentir la présence de l’unus mundus, même si cet unus mundus ne peut être parfaitement connu par la conscience humaine (si tel était le cas, nous serions Dieu).

La connaissance de soi et de nos propres mécanismes psychiques constitue l’une des clés pour approcher l’unus mundus. Il s’agira d’accéder au Soi véritable en comprenant que nos pensées, bien que partielles, limitées, subjectives voire erronées, sont en réalité le reflet de l’ordre cosmique.

Rappelons que pour Jung, le Soi regroupe toutes les composantes du psychisme humain, conscientes et inconscientes. Jung appelle « processus d’individuation » le chemin qu’un individu emprunte pour devenir conscient de la totalité de ce qu’il est. Même s’il ne peut connaître dans le détail la source de ses pensées, il comprend le mécanisme à l’oeuvre et en ce sens, il approche l’unus mundus.

La quête du Soi aboutit non pas à voir le monde tel qu’il est, mais tout du moins à l’accepter tel qu’il est : c’est la voie de la réconciliation, de la sagesse et de la sérénité.

Citation

Il ne fait pas de doute que l’idée de l’unus mundus est fondée sur l’hypothèse que la multiplicité du monde empirique repose sur la base d’une unité de ce même monde, et que deux ou plusieurs univers séparés dans leur principe ne peuvent exister ensemble ou être confondus l’un dans l’autre. Bien au contraire, tout ce qui est séparé et distinct appartient suivant cette conception à un seul et même monde qui, toutefois, n’est pas sensible, mais représente un postulat.
Carl Gustav Jung, Mysterium Coniunctionis, 1956

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Modif. le 18 mars 2024

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