Le symbolisme du printemps : l’éclosion des illusions ?

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Le symbolisme du printemps : qu’évoque le printemps dans l’hémisphère nord ? Que suggère cette saison ? Interprétation.

Le printemps est la saison comprise entre mars et juin. Dans le calendrier républicain, les mois de germinal, floréal et prairial décrivent bien cette saison où la Nature se déploie.

Plus précisément, le printemps débute à l’équinoxe de printemps, moment de bascule où la durée du jour prend le pas sur celle de la nuit. Il se termine par une fête, celle de la saint Jean d’été, l’occasion d’un grand feu qui marque l’apogée de la lumière : c’est le solstice d’été.

Après le froid paralysant de l’hiver, le printemps est un temps d’activité, de vigueur, de vitalité, ce que traduit bien le mot anglais spring (ressort, bond). Cette saison est synonyme de renouveau, de renaissance, de jeunesse. Avec la fonte des neiges, voilà le réveil de la Nature et de la vie. Les animaux sortent sur leur période d’hibernation, les arbres bourgeonnent, les fleurs s’ouvrent, les oiseaux font leur nid.

Mais le printemps a quelque chose d’immature, d’incomplet, d’inachevé. Quelque chose d’éphémère aussi : les fleurs ont vocation à se flétrir, les feuilles des arbres à tomber ; de même, certains espoirs se trouveront déçus…

Entrons dans le symbolisme du printemps.

Le symbolisme du printemps : interprétation

Dans de nombreuses cultures, le printemps est célébré comme un temps de fertilité, de croissance et d’abondance. C’est aussi la saison de la séduction, de la reproduction, des amours, des naissances.

Le printemps marque un renouveau, un nouveau départ, ce qui en fait la saison de l’émergence, de la génération et de la transformation, à l’image de la chenille qui devient papillon.

Le printemps symbolise la renaissance : tel le Phénix, la vie triomphe de la mort et prend une forme meilleure. Le printemps plonge ses racines dans l’obscurité, dans la mort, dans l’hiver : il se nourrit de l’épreuve et apparaît comme une transmutation aboutie.

Ce qui en fait le temps de l’espérance, une espérance fondée sur l’idée que la vie finit toujours par triompher.

La violence printanière

Le printemps a quelque chose de guerrier, de conquérant : la vie lance ses nouvelles divisions à l’assaut de la matière. A ce titre, le printemps est une saison violente, qui contraste avec la douceur et la sagesse de l’automne.

Au printemps, pas de paix, pas de tranquillité, pas de repos. Mais à trop lutter pour la vie, les êtres risquent l’épuisement plus que l’épanouissement…

Le printemps : approche spirituelle

Alors que l’hiver était la saison de l’élaboration, de la genèse et donc de l’intériorité, le printemps est celle du résultat et de l’extériorisation. C’est pourquoi le printemps marque la fin (provisoire) de la vie intérieure. C’est le temps de l’inconscience durant lequel on se laisse aller aux passions, aux pulsions, aux désirs charnels.

Le printemps glorifie les aspects extérieurs de l’être : c’est le retour des apparences, de l’ego, du moi. C’est la saison des illusions : illusion de la victoire, illusion du triomphe sur la matière, illusion de l’immortalité, illusion de la toute-puissance, illusion de la permanence.

C’est l’oubli des grandes réalités spirituelles, notamment l’impermanence selon laquelle ce qui naît aujourd’hui est condamné à s’éteindre demain. Ainsi, le printemps cache la fragilité des choses… la beauté éclatante des fleurs annonce déjà leur flétrissure prochaine.

Au final, le printemps porte en lui sa propre fin : au-delà des apparences, la mort avance masquée, elle est partout présente derrière l’insolente exubérance du vivant.

Parallèles symboliques

Le printemps peut être associé, entre autres, aux éléments symboliques suivants :

• la couleur verte,
• la couleur rose,
• la rose,
• Pâques et le symbolisme de la résurrection,
• le muguet, symbole de concorde, de bonheur et d’espérance,
• l’hirondelle,
• l’eau et la fontaine,
• l’adolescence,
• le matin,
• la romance,
• l’amour courtois,
• le carnaval, au sens de célébration de la fécondité de la Nature,
• Perséphone, déesse grecque qui, chaque année, émerge des Enfers pour faire éclore la végétation printanière,
• la fête d’Ostara ou Eostre dans le néopaganisme et la Wicca,
• le ressort,
• la spirale,
• etc.

Conclusion

Chère, voici le mois de mai,
Le mois du printemps parfumé
Qui, sous les branches,
Fait vibrer des sons inconnus,
Et couvre les seins demi-nus
De robes blanches.

Voici la saison des doux nids,
Le temps où les cieux rajeunis
Sont tout en flamme,
Où déjà, tout le long du jour,
Le doux rossignol de l’amour
Chante dans l’âme.

Ah ! de quels suaves rayons
Se dorent nos illusions
Les plus chéries,
Et combien de charmants espoirs
Nous jettent dans l’ombre des soirs
Leurs rêveries !

Chère, voici le mois de mai, Théodore de Banville

Aucune saison n’est célébrée comme le printemps, dont l’arrivée est accueillie avec soulagement et espoir.

Mais le printemps ne possède ni le caractère fondateur de l’hiver, ni le côté accompli de l’été : c’est une saison éphémère qui comporte un côté illusoire. La vie exulte mais la conscience recule…

L’abondance et la séduction des sens risquent de détourner l’âme de la quête intérieure vers les plaisirs éphémères. Ainsi, sous l’éclat printanier, le sage se rappelle que toute lumière projette son ombre et que chaque commencement porte en lui sa propre fin…

Le printemps est toutefois essentiel à la vie : il permet le déploiement de toutes les forces latentes, de toutes les énergies qui permettront à un nouveau cycle de se déployer.

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Modif. le 20 août 2025