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« Gloire au travail » (planche maçonnique)

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« Gloire au travail » : voici une planche maçonnique au 2ème degré. Comment interpréter la glorification du travail au grade de compagnon ? Quelle est la nature du travail à accomplir ?

Le cartouche « Gloire au travail » apparaît aux yeux du récipiendaire lors de son cinquième et dernier voyage initiatique, qu’il effectue les mains libres. Ce moment précède immédiatement l’éclairage de l’Etoile flamboyante.

Le travail et l’effort sont donc glorifiés. Mais de quel travail s’agit-il ? Le compagnon travaille sur le chantier : il taille la pierre avec le ciseau et le maillet, puis il place la pierre dans l’édifice à l’aide du levier. Il contrôle en permanence son travail à l’aide de la règle, du fil à plomb, du niveau et de l’équerre.

Or il s’agit ici d’un chantier symbolique : la pierre est le compagnon lui-même, l’édifice est la société dans laquelle il s’insère, et qu’il participe à construire. L’effort à produire est donc un effort sur soi-même autant qu’un effort envers les autres, les deux étant liés.

A l’évidence, passer de la pierre brute à la pierre cubique n’est ni facile, ni naturel. Canaliser ses défauts nécessite attention et concentration. Combattre ses préjugés demande un effort constant d’analyse et de réflexion.

Voici une analyse de la signification du cartouche « Gloire au travail ».

Voir aussi le rituel d’initiation au grade de compagnon

Suite à la révélation du cartouche « Gloire au travail », le Vénérable Maître s’exprime ainsi :

Comme nos ancêtres, nous sommes avant tout des travailleurs. Le travail est la grande vocation de l’Homme, il lui est enseigné comme un devoir impératif. L’homme a d’abord le devoir de servir et ensuite seulement, il peut réclamer des droits qui seront la contrepartie des services rendus. Mieux encore nous, les Initiés, nous devons travailler non pas à contrecœur, sous la pression de la nécessité, mais bien avec entrain, en artistes pour qui l’œuvre seule compte et n’est pas nécessairement subordonnée à une récompense. Pour nous, Francs-Maçons, le travail constitue une véritable mission. Quelle que soit la place que nous occupions sur le chantier, même la plus humble, nous savons que notre effort concourt à la réalisation de l’ordre cosmique, nous savons qu’en travaillant, nous coopérons à l’exécution du Grand Œuvre selon le plan du Grand Architecte de l’Univers.
La Franc-Maçonnerie, mon Frère, est une véritable école du Travail.

Et, après avoir demandé à tous de se lever et de se mettre à l’ordre, il poursuit :

Mes Frères, élevons nos cœurs dans une commune pensée pour glorifier le Travail, la première et la plus haute vertu maçonnique. Le Travail, dignité de l’homme libre, nous donne l’estime de nous-même et nous rend utiles aux autres. Il nous assure la Liberté, nous enseigne l’Égalité et fait mûrir en nous la Fraternité. Que le Travail soit Glorifié pour les bienfaits du passé et pour les conquêtes de l’avenir !
GLOIRE AU TRAVAIL !

Le travail est présenté comme la première des vertus maçonniques. Il est synonyme de devoir, mais aussi de vocation. Il se fait avec dévouement, ferveur, zèle. Il est donc très différent du travail au sens profane qui évoque la souffrance, la peine ou la contrainte, dans la droite ligne du péché originel d’Adam et Eve qui, en croquant du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, ont provoqué leur propre chute du paradis et leur entrée dans un monde fait de labeur et de sueur.

Le travail maçonnique présente les caractéristiques suivantes :

  • il n’est pas machinal ni productif mais conscient : il touche à l’artisanat et à l’art,
  • il permet de nous réaliser et de trouver notre juste place dans la société,
  • il est joyeux,
  • il est libérateur et épanouissant : rappelons que le récipiendaire accomplit son cinquième voyage « les mains libres » en signe d’affranchissement,
  • il est tourné vers les autres : c’est le devoir de comprendre, d’assister, de servir,
  • il se fait sans attendre de contrepartie,
  • il nourrit l’harmonie sociale et la fraternité,
  • il permet le progrès social et individuel,
  • il se fait à la gloire du Grand Architecte de l’Univers,
  • il s’inscrit dans l’ordre cosmique, donc dans une perspective de participation à l’accomplissement du schéma universel.

Concrètement, ce travail consiste, une fois que nous avons acquis la connaissance de nous-même, à développer nos valeurs humanistes, à les cultiver, à les faire vivre dans la société.

Traditionnellement, chez les Compagnons du devoir, l’apprenti doit effectuer un « Tour de France » pour réaliser une pièce de réception, c’est-à-dire un chef-d’œuvre qui lui permettra de devenir compagnon.

Le travail se fait donc en voyageant, en rencontrant les autres et en s’ouvrant à eux : ici, la richesse vient du partage et non de l’accumulation égoïste. Le travail consiste donc à « aller vers », à se donner, à se livrer, ce qui invite au dépassement de soi et à la tolérance.

En franc-maçonnerie, le chef d’oeuvre peut être symbolisé par la pierre cubique à pointe, image de l’homme accompli mais aussi de l’édifice achevé, dans la perspective d’une correspondance parfaite entre microcosme et macrocosme. On peut aussi y voir la représentation d’une société harmonieuse, soudée, solidaire, fraternelle, fondée sur les complémentarités fécondes, toujours en voie d’amélioration.

La lettre G de « Gloire au travail » entre en correspondance avec le G de « Grand Architecte de l’Univers » ou de « God ».

Précisément, dans les religions abrahamiques, la « gloire » décrit la manifestation de la présence de Dieu : elle est alors synonyme de perfection, de rayonnement (on pense à l’Etoile flamboyante), de splendeur, de béatitude ou encore de paradis.

Nous sommes donc bien loin d’une gloire personnelle, teintée d’orgueil.

Au sens maçonnique, le travail est une nourriture spirituelle. Il est autant un travail sur soi-même qu’un travail envers les autres et la société, une quête intime autant que la quête de l’action juste.

La glorification n’est pas liée à la réussite personnelle mais à la joie de progresser ensemble, en conformité avec l’ordre cosmique. L’édifice dépasse de loin l’individu ; sa beauté est l’aboutissement d’une oeuvre collective dont chacun peut tirer un bénéfice a posteriori.

Ainsi, le travail est devoir, et acceptation de ce devoir qui consiste à prendre la place qui est la nôtre sur le chantier de l’humanité, en luttant contre notre tendance à la haine et au repli. Quant à la gloire, elle peut être la prise de conscience de la présence du principe supérieur dans chacune de nos réalisations, dans chacun de nos gestes.

Gloire au travail !

Voir aussi notre liste de planches au 2ème degré maçonnique

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Modif. le 26 février 2024

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