Carl Gustav Jung et les symboles : comment le créateur de la psychologie analytique définit-il les symboles ? Quelle est l’utilité du symbolisme dans le processus d’individuation ?
Qu’est ce qu’un symbole ? Nous allons voir que le symbole peut être vu comme une pierre cassée en deux parties. Ces deux fragments sont spécifiques par la forme de leur cassure.
Carl Gustav Jung est un médecin psychiatrie suisse, né en 1875 et mort en 1961, qui a mené des recherches, entre autres, sur les symboles et le symbolisme.
Jung distingue signe, allégorie (ou métaphore), et symbole :
- avec le signe, quelque chose de connu signalise quelque chose de connu : Les nuages sont signes de pluie ou encore La fièvre est le signe d’une infection,
- l’allégorie, quant à elle, est une image connue qui désigne une situation connue, un lieu, une idée, etc. C’est par exemple l’allégorie de la caverne de Platon,
- en revanche, l’image symbolique utilise du connu pour désigner ou signifier quelque chose qui est encore inconnu. Par exemple, une idée ou un sentiment en train d’émerger de l’inconscient.
Dans le signe et l’allégorie, nous allons de quelque chose de connu vers quelque chose de connu. Dans le symbole, nous allons de quelque chose de connu vers quelque chose d’inconnu, et qui reste à découvrir.
Citons Carl Gustav Jung :
Le symbole contient quelque chose d’inconnu, d’indicible, de mystérieux, c’est un contenu de l’inconscient qui n’est pas encore conceptualisé et qui essaie de se formuler au travers d’une image.
Le symbole n’est ni rationnel ni irrationnel. D’une part accessible à la raison, il lui échappe d’autre part, puisqu’il est composé, à côté des données rationnelles, de celles, irrationnelles, qui viennent de la pure perception interne et externe.
Quand le sens devient parfaitement clair et que l’on a trouvé la formulation qui rend le mieux compte de la chose cherchée, attendue, ou pressentie, le symbole meurt. Il n’a plus qu’une valeur historique.
Pour qu’un symbole reste vivant, l’intellect critique ne doit pas en venir à bout, sinon il est réduit au rôle de signe conventionnel.
Lorsque l’esprit entreprend l’exploration d’un symbole, il est amené à des idées qui se situent au-delà de ce que notre raison peut saisir.
Les symboles et le processus d’individuation selon Jung
L’individuation est un concept jungien influencé par la compréhension de la symbolique alchimique. L’individuation est la notion clé de la psychologie jungienne.
Ce concept s’articule autour de la bascule qui s’opère au milieu de la vie.
La phase d’accommodation (la persona, vers l’extérieur)
La première partie de vie d’un individu est focalisée sur l’intégration sociale, les études, le travail, la fondation d’une famille, etc. Tout cela demande à se fondre dans une conformité au collectif. Nous nous adaptons pour être conformes à ce qui est attendu par les autres.
Selon Jung, le Soi est, à ce stade, refoulé au profit de l’adaptation au cadre social. C’est « l’abdication de soi-même ». C’est une phase d’accommodation où l’ego tient une place importante. C’est une phase normale et utile que Jung nomme le stade de la persona, c’est-à-dire le stade du masque social.
Vers le milieu de la vie, une insatisfaction, une angoisse, un choc ou un évènement aboutissent à une prise de conscience.
Un besoin d’accomplissement se fait alors sentir : la persona se fissure et l’ombre émerge, une ombre qui peut contenir des éléments problématiques, mais également des éléments utiles, précieux, inutilisés jusqu’alors. C’est le point de départ du processus d’individuation.
L’introspection (le Soi, vers l’intérieur)
L’individuation est l’individu qui prend conscience de son unicité, de son originalité, de sa différence. C’est une rupture avec l’identité collective, c’est la prise de conscience du Soi au sens de Jung.
On découvre alors davantage que ce que l’on pensait être ; on prend aussi conscience de faire partie de quelque chose de plus grand. L’ego tend vers la transparence, ce qui favorise une plus grande humilité. Le désir de puissance, de paraître, les vanités individuelles, les rivalités et fâcheries deviennent dérisoires.
Le processus d’individuation peut se décrire comme une circumambulation, un cheminement en spirale vers le centre, le centre étant l’essence incommunicable de la psyché.
Jung dit :
On pourrait donc traduire le mot d’individuation par réalisation de soi-même, réalisation de son Soi.
Plus on prend conscience de soi-même, grâce à la connaissance que l’on en acquiert petit à petit, et grâce aux rectifications du comportement qui en découlent, plus s’amincit et disparaît la couche de l’inconscient personnel.
Le Soi, qui est notre nature fondamentale, essaie tout au long de notre vie de devenir conscient ; il s’exprime peu à peu à la lumière. Nous pouvons enfin trier en nous, et rectifier ce qui mérite de l’être.
Jung aborde le processus d’individuation en analysant la symbolique contenue dans les rêves. Il puise dans l’alchimie pour analyser cette activité onirique, et recherche également des analogies dans la mythologie.
Les symboles et l’alchimie jungienne
En s’intéressant à l’alchimie, Jung découvre, à propos de la transmutation alchimique, deux éléments frappants :
- le Grand œuvre alchimique est davantage un processus psychologique que matériel,
- la transmutation alchimique comporte de multiples similitudes avec le processus d’individuation qu’il a conceptualisé.
Pour Jung, ce que l’alchimiste voit dans la matière, ce sont les données de son propre inconscient :
Il découvre dans la matière, comme appartenant apparemment à celle-ci, certaines propriétés et certaines significations potentielles de la nature psychique desquelles il est totalement inconscient.
Les alchimistes sont aux prises avec le problème de la matière lorsque la conscience, dans son exploration, se heurte au monde obscur de l’inconnu dans lequel elle croit percevoir des formes, des lois, qui, en fait, n’appartiennent pas à la matière mais à la psyché.
Précisément, l’étude des symboles permet à l’individu (l’alchimiste) de s’extraire de ces images préconçues, apparemment matérielles, et d’aborder des vérités plus profondes.
La confrontation avec les symboles
Jung met en évidence l’intérêt du symbole : celui-ci est un formidable outil qui peut accélérer le processus d’individuation et la transmutation alchimique, permettant de passer du moi obscur au Soi complet.
Le travail d’analyse des symboles, s’il est toujours plus approfondi, nourrit les différentes étapes de la transformation personnelle menant à la réalisation du Soi.
En effet, le symbole place l’individu face à lui-même : il favorise l’intuition et les découvertes sur notre identité réelle, il aide à l’émergence des éléments qui constituaient notre inconscient et nourrit ainsi la spiritualité.
On l’a compris, les symboles permettent à des contenus inconscients de s’exprimer de manière indirecte, à travers des images, des rêves, des mythes ou des œuvres d’art. Autrement dit, ils sont des ponts entre l’inconscient et le conscient : ils facilitent la compréhension de soi.
Se confronter aux symboles, c’est donc se donner la possibilité de recomposer les deux fragments uniques de la pierre : le moi peut enfin retrouver le Soi, autrement dit notre véritable nature, complète et universelle.
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Modif. le 29 juin 2025