Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Qui est Maître Hiram ? Planche au 3ème degré

5/5 (1)

Qui est Maître Hiram ? Quelle différence entre Hiram roi de Tyr et Hiram Abi ou Abiff ? Quelles sont les sources du mythe d’Hiram ? Quelles sont les qualités d’Hiram ?

Le mythe d’Hiram est fondamentalement maçonnique. Il s’appuie sur la légende de la construction du temple de Salomon telle que présentée dans le Premier Livre des Rois de l’Ancien Testament.

La paix régnant dans son royaume, Salomon se lance dans la construction de la maison de l’Eternel, projet que son père le roi David n’avait pu mener à bien.

Il s’appuie pour cela sur plusieurs personnages qui portent le nom d’Hiram ou un nom approchant :

  • Hiram roi de Tyr, ancien ami du roi David, avec lequel Salomon conclut une alliance pour qu’il lui fournisse le bois de cèdre du Liban nécessaire à la construction du temple. En contrepartie, Salomon lui fait don de blé et d’huile,
  • Adoniram, chef des corvées (I Rois 5, 28), supervise les dizaines de milliers de travailleurs envoyés par le roi Salomon sur les chantiers du Liban,
  • Hiram (I Rois 7, 13 et suivants), ouvrier du bronze que Salomon recrute auprès d’Hiram roi de Tyr : c’est lui qui deviendra le personnage principal de la légende maçonnique.

Bien que provenant de Tyr (ville du sud Liban), ce dernier personnage est appelé Hiram-Abi (ou Hiram-Abiff) afin de le distinguer d’Hiram roi de Tyr. Le qualificatif Abi (« mon père ») apparaît en effet dans le Deuxième Livre des Chroniques, dans lequel le roi Hiram de Tyr s’exprime ainsi :

Je t’envoie donc un homme habile et intelligent, Huram-Abi, fils d’une femme d’entre les filles de Dan, et d’un père Tyrien. Il est habile pour les ouvrages en or, en argent, en airain et en fer, en pierre et en bois, en étoffes teintes en pourpre et en bleu, en étoffes de byssus et de carmin, et pour toute espèce de sculptures et d’objets d’art qu’on lui donne à exécuter. Il travaillera avec tes hommes habiles et avec les hommes habiles de mon seigneur David, ton père.

II Chroniques, 2, 13-14

Voyons plus précisément qui est Maître Hiram dans la Bible et en franc-maçonnerie.

Dans l’Ancien Testament, Hiram-Abi n’est pas un architecte mais un artisan de grande qualité, chargé de la décoration du temple.

Le roi Salomon envoya chercher Hiram de Tyr. Fils d’une veuve de la tribu de Nephtali, et d’un homme de Tyr, artisan en bronze, il était rempli de sagesse, d’intelligence et de connaissance pour faire tout travail du bronze. Il moula les deux colonnes de bronze ; la hauteur d’une colonne était de dix-huit coudées. Un fil de douze coudées en aurait fait le tour ; de même pour la seconde colonne.

I Rois, 7, 13-15

Au-delà de la conception des deux colonnes Boaz et Jakin, le récit continue par la description de toutes les réalisations d’Hiram-Abi : les chapiteaux sur les colonnes, les entrelacs (éléments de décors), les grenades, la mer d’airain, les chariots, les cuves de bronze et les bassins extérieurs.

En résumé, Hiram-Abi est un homme rempli d’habileté, de savoir-faire et de connaissance. Il est l’un des meilleurs artisans du bronze et parvient à achever l’ensemble de l’ouvrage, ce qui satisfait pleinement le roi Salomon.

Remarque : les vertus d’Hiram-Abi font écho à la sagesse du roi Salomon, dont il est beaucoup question dans l’Ancien Testament et dans le Coran.

Maître Hiram est cité dans les rituels maçonniques dès les années 1720. Il le sera systématiquement avec l’adjonction d’un troisième degré au deux premiers degrés maçonniques, dans les années 1730.

La légende maçonnique s’éloigne assez clairement du récit biblique : dans les rituels, Hiram n’est plus un ouvrier-artisan, mais un maître architecte qui commande à d’autres ouvriers. Surtout, il n’a cette fois pas le temps d’achever le chantier, puisqu’il est assassiné par les trois mauvais compagnons.

Dans le rituel du troisième degré REAA, Hiram est ainsi présenté :

Le sage Roi Salomon avait conçu le pieux dessein d’élever un Temple à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers ; Hiram, savant dans l’Art de l’Architecture, comme dans le Travail des Métaux, fut choisi pour diriger les ouvriers, dont il fut nommé Maître.

Hiram possède les plans, les secrets et les mots des maîtres. Lorsqu’il est attaqué par les trois mauvais compagnons qui lui demandent d’être admis au rang des maîtres, sa réponse est sage et maîtrisée :

Je ne puis, dit Hiram avec sa bonté coutumière, à moi seul t’accorder cette faveur. Il faut aussi le concours de mes Frères. Lorsque tu auras complété ton temps et que tu seras suffisamment instruit, je me ferai un devoir de te proposer à la Chambre des Maîtres. (…) Travaille, persévère, et tu seras récompensé.

Alors que le dernier des mauvais compagnons insiste, Hiram répond :

Plutôt la mort que de violer le Secret qui m’a été confié.

Et le rituel de conclure : « Ainsi périt l’Homme juste, fidèle au Devoir jusqu’à la mort ! »

Hiram est le symbole même de l’être authentique et éveillé : l’Homme-étoile. Travaillant aux ordres du roi Salomon et à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers, il accomplit son devoir avec zèle, se montre dévoué, juste et exemplaire. Selon le rituel, il est le dernier à quitter le chantier lorsque le Soleil se couche.

A l’évidence, Hiram connaît les arts et les sciences, notamment la géométrie et l’architecture. Il accède à la gnose. Sa maîtrise des métaux suggère qu’il pratique l’alchimie spirituelle, et donc qu’il a réussi à se transformer lui-même, à se spiritualiser.

Hiram ne travaille pas pour lui-même, mais pour les autres. Dans l’épreuve, il est prêt au sacrifice pour une cause qui le dépasse : tel Jésus, c’est en s’effaçant physiquement qu’il s’élève spirituellement.

Précisément, la racine hébraïque du nom Hiram signifie « frère de l’élévation ». En arabe, la racine hrm signifie « sacré, inviolable, défendu ». Le haram est par exemple le territoire sacré des villes saintes, interdit aux non-musulmans. Parmi les mots dérivés de cette racine, on trouve « vénérable » ou « respectable ». Enfin, rappelons qu’Abi signifie « mon père », ce qui renvoie à l’autorité et à la sagesse.

Hiram est celui qui réussit à se séparer de son corps physique : il est capable du plus grand des détachements, ce qui signifie que son esprit est totalement libre. Par sa mort acceptée, Hiram-Abi fusionne avec le Grand Architecte de l’Univers : il incarne alors ce qu’il y a de plus grand.

Le rituel d’instruction au troisième degré nous donne un parfait résumé des qualités d’Hiram :

Hiram apparait comme l’Homme du Devoir, prêt à tout lui sacrifier, même la vie ; le Penseur, bâillonné par les tenants des routines et les suppôts du faux-ordre établi ; le Juste, qui souffre et périt pour une noble cause ; le Libérateur, qui succombe pour affranchir l’Humanité et qui revient toujours poursuivre son combat.

Rituel d’instruction au troisième degré REAA

Voir aussi notre liste de planches au troisième degré

Les essentiels du troisième degré maçonnique Adrien Choeur

Ce livre numérique pdf (98 pages) comporte 26 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du troisième degré maçonnique.

Il offre des points d’appui pour qui souhaite pénétrer plus profondément l’esprit et le sens de ce degré.

Modif. le 14 mars 2024

Vous pouvez noter cet article !