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Le symbolisme de l’hermine : « plutôt la mort que la souillure »

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Le symbolisme de l’hermine : que représente cet animal ? Quelle signification dans les légendes du Moyen âge et en héraldique ?

L’hermine est un petit mammifère dont le pelage blanc en hiver a donné lieu à un symbolisme très riche. C’est un animal sacré ou mystérieux dans certaines cultures, possédant parfois des pouvoirs magiques, ayant donné lieu à de nombreuses légendes. L’hermine est principalement associée à la pureté, à l’innocence et à la féminité.

Au Moyen âge, la fourrure d’hermine, l’une des plus chères, était réservée à la plus haute société. On la retrouvait dans la doublure des manteaux royaux et celle des robes des plus hauts dignitaires de l’Eglise.

Les doges de Venise, les lords britanniques et les doyens des universités d’Oxford et de Cambridge portent aussi de la fourrure d’hermine (l’hermine figure sur le blason de l’université de Cambridge).

L’hermine est difficile à chasser. C’est un animal qui se cache au fond de la forêt ; à ce titre, il évoque le secret ou encore le joyau caché au coeur de la sombre Nature. Le fait que l’hermine soit utilisée en doublure des manteaux renforce aussi ce côté dissimulé. La chasse à l’hermine a longtemps véhiculé un imaginaire quasi-mystique, évoquant la quête spirituelle, une quête exigeante, presque impossible…

Remarque : en botanique, le Philadelphus « Manteau d’Hermine » ou seringat est un arbuste buissonnant aux fleurs blanches.

Tentons d’approfondir le symbolisme de l’hermine.

En tête de cet article : La Dame à l’hermine de Léonard de Vinci.

Animal au pelage d’un blanc immaculé, l’hermine symbolise la pureté absolue. Selon une croyance, l’hermine ne se salit jamais : elle reste à l’écart des tourments de la matière, même si elle vit au coeur de la Nature épaisse.

Dans de nombreux contes, l’hermine préfère mourir que de se voir souillée. Cette pureté est synonyme d’innocence et de probité ; c’est la raison pour laquelle l’hermine est souvent associée à la justice.

On retrouve la fourrure d’hermine sur la robe des magistrats et des avocats, plus précisément sur leur épitoge (morceau de tissu porté sur l’épaule, par-dessus la toge). En France, les docteurs en droit portent une épitoge à trois rangs d’hermine.

En héraldique, l’hermine représente la vertu morale. C’est, avec le vair, l’une des deux sortes de « fourrures », représentées sur champ d’argent, c’est-à-dire sur fond clair.

hermine symbole
Moucheture d’hermine (héraldique)

Le symbole ci-dessus est issu de la manière traditionnelle d’agrafer les queues d’hermines (dont le bout est toujours noir) sur les fourrures blanches. Les trois points supérieurs représentent les trois agrafes. On obtient ainsi une croix, emblème de la pureté baptismale et morale.

D’autre part, la croix herminée est une croix composée de quatre mouchetures d’hermine :

croix herminée

L’hermine et est le symbole attaché à l’ancien duché de Bretagne et repris pour orner le drapeau de cette région :

drapeau de bretagne hermine
Drapeau de la Bretagne
armoiries des ducs de bretagne
Armoiries des ducs de bretagne
de 1316 à 1514

D’après une légende aux multiples versions, la duchesse Anne aperçoit un jour une hermine poursuivie par des chasseurs ; or l’hermine choisit de se rendre plutôt que de traverser une mare de boue où elle aurait tâché sa fourrure. Admirative, Anne obtient la grâce de l’animal et le prend pour emblème.

Cette légende a donné la devise « plutôt mourir que d’être souillé », en breton Kentoc’h mervel eget bezan saotret, en latin Potius mori quam fœdari.

On retrouve l’hermine sur les armoiries de nombreuses familles bretonnes.

Aujourd’hui, le collier de l’Hermine est remis par l’Institut Culturel de Bretagne aux personnes qui ont œuvré leur vie durant au service de la Bretagne.

Dans l’imaginaire du Moyen âge, l’hermine exprime les plus hautes valeurs morales : droiture, honnêteté, intégrité, honneur. Elle est associée à la dignité, à la noblesse et aux valeurs chevaleresques.

C’est son sens du sacrifice qui est le plus remarquable. L’hermine préfère mourir plutôt que de se compromettre ou risquer de perdre son âme. Cet aspect évoque le dépassement de soi, la capacité à transcender la matière, et donc à renaître sous une forme meilleure. C’est la raison pour laquelle l’hermine est souvent associée à la transformation, à la renaissance et au baptême. De même, le fait que l’hermine change de pelage selon les saisons est signe de métamorphose.

Le sens du sacrifice de l’hermine évoque bien sûr Jésus. Nous avons-là l’idée que le sang versé par sacrifice ne souille pas mais au contraire purifie. La récompense est l’entrée dans la vie véritable, dans le Royaume de Dieu.

Celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera.
Marc 8, 35

Dans son exemplarité, l’hermine fait preuve de discrétion et d’humilité. Elle est rarement visible, elle ne révèle ses qualités que dans des situations extrêmes.

Enfin, il faut insister sur le côté féminin, froid, hivernal et nocturne de l’hermine. L’hermine, qui prend sa robe blanche en hiver pour se confondre avec la neige, est à l’image de la Vierge : passive, obéissante, dévouée, exempte de tout péché, discrète, humblement soumise à la volonté divine. Dans l’hiver de la matière, la Vierge reflète toute la puissance de l’Amour de Dieu. De même, l’hermine, miroir de justice, reçoit et renvoie la Lumière divine.

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Modif. le 23 avril 2025

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