De quoi sommes-nous faits ? De quoi se compose la matière humaine ? Quelle est notre nature profonde ? Tentative d’analyse.
Savoir de quoi nous sommes faits, connaître notre substance intime, c’est apporter un début de réponse aux grandes questions existentielles parmi lesquelles : qui sommes-nous ? d’où venons-nous ? où allons-nous ? Mais aussi : quelle est notre place dans l’univers ? quel est le sens de la vie ?
L’humain peut être abordé et décrit sur différents plans :
- physique : il est un amas de matière,
- biologique : il porte la vie,
- spirituel : il développe un certain niveau de conscience, qui lui permet notamment de s’interroger sur lui-même et le monde.
On retrouve ici le triptyque corps-âme-esprit. Mais plutôt que de séparer artificiellement les choses, il peut être intéressant d’étudier le lien entre matière, vie, psychisme et conscience. Y a-t-il une énergie commune, universelle, qui animerait à la fois la matière, la vie et la conscience ? Cette énergie a-t-elle une direction, un sens ?
Tentons de savoir de quoi nous sommes faits…
La matière humaine
L’azote dans notre ADN, le calcium de nos dents, le fer dans le sang, le carbone dans nos tartes aux pommes ont été faits à l’intérieur d’étoiles qui se sont effondrées. Nous sommes faits de poussières d’étoiles.
Carl Sagan, astrobiologiste
L’être humain est d’abord un amas de matière. Notre corps, nos organes, nos cellules sont composés d’atomes dont certains ont été formés au moment du big bang (13,8 milliards d’années : hydrogène, hélium…), et d’autres au moment de l’apparition des premières étoiles, quelques centaines de millions d’années plus tard (carbone, oxygène, fer…). C’est à ce moment-là que les protons, neutrons et électrons se sont organisés en systèmes atomiques, puis moléculaires.
L’âge des briques élémentaires qui composent notre corps est donc supérieur à 13 milliards d’années : nous sommes très vieux !
Mais au fait, qu’est-ce qu’un atome ? C’est un constituant élémentaire qui véhicule une certaine masse et une certaine énergie, alors même qu’il est vide. Nous sommes donc des êtres vides, mais remplis d’énergie…
Les cellules
La vie est apparue sur Terre il y a environ 3,7 milliards d’années, pour des raisons que l’on explique pas clairement, aucun consensus scientifique n’existant sur le sujet.
On sait cependant que la vie est apparue par assemblage de certains atomes et molécules , une combinaison qui a généré les premières molécules organiques simples (acides aminés, nucléotides…), lesquelles se sont ensuite organisées en structures plus complexes, telles l’ARN, capable de s’auto-répliquer. L’évolution a ensuite conduit aux premières cellules procaryotes (bactéries), marquant le début de la vie cellulaire.
L’être humain est composé d’environ 30 000 milliards de cellules, qui s’organisent en organes et en systèmes : système nerveux, cardiovasculaire, digestif, respiratoire, musculo-squelettique, etc. Par son organisation interne, l’être humain est capable de s’auto-réguler (homéostasie), d’interagir avec son environnement et de se reproduire pour transmettre son patrimoine génétique.
Le phénomène de la vie
Tout cela conduit à nous interroger sur le mystérieux phénomène de la vie, son but et son sens. La matière vivante, comme la matière inerte, est constituée de vide et d’énergie. Mais contrairement à la matière inerte, la matière vivante se caractérise par un métabolisme et une tendance à développer un fonctionnement autonome. En effet, un être vivant produit sa propre énergie, synthétise ses propres protéines et maintient son propre système. Il développe une capacité à détecter et répondre de manière créative aux stimuli de son environnement, à s’adapter et à évoluer.
Alors que la matière inerte, passive, n’a pas la possibilité de se reproduire et de transmettre de l’information, les êtres vivants se répliquent et transmettent des caractères à leurs descendants.
D’autre part, les êtres vivants transforment l’énergie solaire (photosynthèse) ou chimique (respiration), au service de leur existence biologique.
Enfin, la plupart des êtres vivants se caractérisent par une organisation interne hiérarchique tendant à la complexité.
Ainsi, tout se passe comme si le phénomène vivant créait des microcosmes (des « petits mondes »), à la fois séparés et inclus dans le grand monde, entre autonomie et dépendance, séparation et imbrication.
Bien sûr, la vie ne peut s’écarter des lois de la matière. Mais les systèmes qu’elle crée proposent une nouvelle organisation de la matière, selon un plan spécifique et évolutif. Pourquoi cela ? La vie a-t-elle un but et si oui, quel est-il ? La complexification menant à l’apparition d’une conscience animale et finalement humaine fait-elle partie de ses objectifs ?
Psychisme et conscience
Les animaux développent une conscience immédiate qui leur permet de se protéger et de s’adapter de manière plus efficace et plus réactive à leur environnement.
L’être humain va plus loin en développant une capacité à s’observer lui-même et à philosopher, c’est-à-dire s’interroger sur le monde. Son univers mental, pourtant limité et subjectif, a tendance à vouloir saisir la réalité de façon globale.
Cet élargissement de la conscience, cette tendance du microcosme à vouloir se rapprocher du macrocosme, pourrait être interprété comme la volonté du cosmos de se comprendre lui-même. En effet, pour que le Tout puisse se connaître, il doit créer en son sein une entité réduite capable de s’interroger sur plus grand qu’elle. Ce microcosme humain est éphémère, limité et imparfait ; mais précisément, ces défauts lui permettent de s’engager dans la quête du Tout éternel, absolu et parfait.
Nous sommes le cosmos rendu conscient, et la vie est le moyen par lequel l’univers se comprend.
Brian Cox
Nous sommes un moyen pour le cosmos de se connaître lui-même.
Carl Sagan
La vie, c’est quand les atomes peuvent contempler les atomes.
Richard Feynman
Ces citations de scientifiques peuvent éclairer le sens de la vie : le but de la matière serait, à travers le phénomène vivant, de prendre du recul sur elle-même.
Ces considérations nous amènent aussi à mieux comprendre notre condition humaine paradoxale : nous avons la sensation d’exister par nous-mêmes, indépendamment du reste du monde ; cependant, l’effort de réflexion nous conduit aussi à réaliser que nous sommes une émanation du Tout, ce qui nous donne accès à certaines réalités supérieures.
Nous naviguons ainsi entre repli et ouverture, entre inconscience et conscience, entre animalité et sagesse, entre dualité et unité. Ces allers-retours nous font avancer.
Conclusion
De quoi sommes-nous faits ? L’être humain est un assemblage de milliards d’atomes, organisés en milliards de cellules. Mais il est bien plus que cela : il est un système organisé générant de la conscience, une conscience fondée sur le mystérieux phénomène de la vie.
Ainsi, nous sommes des poussières d’étoiles dont l’assemblage crée de la lucidité. Serions-nous l’univers qui fait l’expérience de lui-même ? Peut-être. Mais alors cette expérience, loin d’être parfaite, fait l’objet d’une quête jamais achevée, de découvertes jamais définitives.
A l’inverse, on pourrait penser qu’il n’y a pas de volonté particulière du cosmos de se connaître, mais simplement une intelligence cosmique en constante évolution, s’exprimant sous des formes diverses…
Dans tous les cas, nous devrions nous émerveiller de la chance qui est la nôtre de pouvoir contempler et expérimenter le cosmos, sans perdre de vue que seule la connaissance de soi et des autres mène à la connaissance du Tout :
« Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux »
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Modif. le 16 novembre 2025
