Marie Madeleine et la Vierge Marie : similitudes et différences

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Marie Madeleine et la Vierge Marie : similitudes et différences. Qu’ont en commun les deux Marie ? Qu’est-ce qui les différencie ? Analyse.

Marie Madeleine et la Vierge Marie sont les deux personnages féminins les plus importants du Nouveau Testament. La première est disciple de Jésus, la seconde est sa mère. Leur histoire et leurs caractéristiques diffèrent, mais les deux femmes se retrouvent côte à côte, notamment au moment de la crucifixion : leur complémentarité apparaît alors au grand jour.

Jusqu’à Vatican II, Marie Madeleine est assimilée à la pécheresse anonyme du Repas chez Simon (Luc 7, 36-48) : elle est la prostituée repentie qui lave les pieds du Messie avec ses larmes, les essuie avec ses cheveux, les baise et les enduit de parfum, ce qui amène Jésus à la citer comme exemple et à lui pardonner ses péchés. C’est cette image symbolique qui perdure dans la culture populaire, et celle que nous reprendrons dans cet article.

Quant à la Vierge Marie, elle est la mère de Jésus, tombée enceinte par l’action du Saint Esprit. Elle représente la perfection qui lui vaut d’être élue pour donner naissance au Messie et l’accompagner durant tout son ministère.

Tentons d’aborder les similitudes et les différences entre Marie Madeleine et la Vierge Marie.

Marie Madeleine et la Vierge Marie : différences

Marie Madeleine est une prostituée alors que Marie mère de Jésus est à la fois vierge et mariée : la première représente le péché, la seconde la pureté.

Cette différence est présente dans l’iconographie : Marie Madeleine est représentée les cheveux lâchés alors que la Vierge Marie est voilée. Le voile représente le corps soumis, dissimulé, ce qui permet l’union avec Dieu. A l’inverse, les cheveux lâchés symbolisent la luxure et la vanité ; toutefois, lorsqu’ils sont laissés naturels, non coiffés, non coupés, ils suggèrent une certaine authenticité.

Quoi qu’il en soit, contrairement à Marie Madeleine, la Vierge Marie apparaît d’emblée parfaite. La tradition en fait une immaculée libre de tout péché, incorruptible, fondamentalement pure. Sa modestie et sa piété lui valent d’être choisie pour porter l’enfant de Dieu ; ses qualités la conduisent à être élevée à la gloire céleste (Assomption).

A l’inverse, Marie Madeleine doit accomplir un long chemin pour accéder à la pureté et à la sainteté. Elle doit se repentir. A plusieurs reprises, elle verse des larmes, ce qui annonce une prise de conscience. L’évangile apocryphe de Marie Madeleine évoque par ailleurs « sept mondes de la colère », sept démons intérieurs qu’elle doit traverser pour s’élever.

La femme et la mère

Marie Madeleine et la Vierge Marie présentent l’image opposée de la femme et de la mère. Alors que la Vierge véhicule un amour désintéressé, Marie Madeleine fait preuve d’un amour passionné pour Jésus, symbolisé par l’onction des pieds. Cette dernière représente la féminité dans son mystère et sa complexité, entre sensualité et spiritualité.

Rappelons que certains évangiles apocryphes affirment que Marie Madeleine était la compagne de Jésus et qu’ils s’embrassaient sur la bouche (Evangile de Philippe) ; d’autres sous-entendent qu’elle était sa préférée parmi les disciples (Evangile de Marie Madeleine).

Cette dualité femme-mère pourrait être celle de la matière et de l’esprit, deux aspects de la réalité qui ont toutefois vocation à se rencontrer. Autrement dit, la matière a vocation à se spiritualiser et l’esprit à se matérialiser, la Vérité se trouvant peut-être entre immanence et transcendance, dans un double-mouvement vers le haut et vers le bas.

Dans une autre perspective, Jésus-Dieu naît de ces deux femmes, qui permettent à l’Esprit de prendre pied à la fois dans la matière et dans le péché. Cette double-descente permet l’émergence du message christique : la lumière surgit de l’ombre.

Marie Madeleine et la Vierge Marie : similitudes

Marie Madeleine et la Vierge Marie accompagnent ensemble Jésus tout au long de sa vie, jusqu’à la Passion. La Vierge se tient parmi les disciples : elle accompagne son fils, jouant parfois un rôle actif, comme lors des noces de Cana. De même, Marie Madeleine figure parmi les disciples, jouant elle-aussi un rôle actif, comme lors du repas chez Simon.

Ainsi, les deux Marie permettent la révélation. Par ailleurs, elles assistent toutes deux à la crucifixion et à la mise au tombeau. Elles sont encore présentes lors l’ouverture du sépulcre vide (Luc 24, 1-10 ; Marc 16, 5-8), ce qui montre la conjonction finale de leur rôle dans la révélation.

Pourtant, c’est seule que Marie Madeleine est témoin de la Résurrection.

Marie Madeleine, premier témoin de la Résurrection

Marie Madeleine est la première à voir Jésus ressuscité, et donc la première à devoir annoncer la Bonne nouvelle au monde. C’est pour cette raison qu’elle sera considérée comme l’apôtre des apôtres.

13 / Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé. »
14 / Ayant dit cela, elle se retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus.
15 / Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre. »
16 / Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître.
17 / Jésus reprend : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »
18 / Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit.

Jean 20, 13-18

Marie Madeleine sera même considérée comme l’évangélisatrice des apôtres : dans divers évangiles gnostiques (évangile de Marie Madeleine, Pistis Sophia, évangile de Thomas et de Philippe) elle reçoit la Connaissance de Jésus et la transmet aux apôtres à travers diverses formules hermétiques.

En ce sens, Marie Madeleine met au monde la parole de Dieu, comme la Vierge Marie a mis au monde Jésus.

Au final, la Vierge Marie et Marie Madeleine représentent la diversité des chemins spirituels, en l’occurrence la sainteté par la pureté et la sainteté par la conversion, le second chemin étant plus long que le premier mais sans doute plus riche et plus profond…

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Modif. le 2 septembre 2025