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Kabbale et physique quantique : points communs

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Kabbale et physique quantique : quels points communs ? Peut-on établir un parallèle entre les principes de la Kabbale et ceux de la mécanique quantique ?

Tradition vieille de près de deux mille ans, la Kabbale est la grande voie mystique et ésotérique du judaïsme. La doctrine kabbalistique offre une réponse subtile au mystère de l’origine du monde, sans opposer création et éternité, matière et esprit. En ce sens, nous allons voir qu’elle fait écho à certains principes de la physique quantique.

Rappelons d’abord les grandes notions de la Kabbale :

  • Ein Sof (« sans limite ») : c’est Dieu en tant qu’Etre transcendant, unique, plein, éternel et sans fin, situé au-delà de toute compréhension,
  • le Tsimtsoum. Pour permettre à quelque chose d’exister, pour créer l’espace, le temps et la vie, Dieu opère le Tsimtsoum, c’est-à-dire le retrait de lui-même. Après la création du monde, Dieu se retrouve dissimulé au sein de la matière : il devient un principe immanent. Les ténèbres s’installent, mais l’existence même de ces ténèbres constitue le chemin du retour à Dieu, et le moyen pour Dieu de se connaître lui-même,
  • Adam Kadmon : c’est le grand corps cosmique, le « Tout » qui apparaît suite au retrait de Dieu de lui-même. C’est la trace de l’ancien espace occupé par Dieu. C’est encore le reflet de Dieu, l’expression de ses « facettes » selon différents niveaux de manifestation et d’interprétation,
  • l’Arbre de vie des Sephiroth : après la naissance d’Adam Kadmon, apparaissent dix émanations ou attributs par lesquels on reconnaît la trace de Dieu dans le monde : ce sont les Sephiroth, représentées sous la forme de vases ou de sphères reliées entre elles. Les Sephiroth expriment la réalité à différents niveaux, aussi bien sur le plan matériel que spirituel. Elles sont à la fois une carte du cosmos et une carte de la conscience.

A présent, rappelons les principaux axiomes de la physique quantique :

  • la dualité onde-corpuscule : les objets quantiques (électrons, photons, etc) peuvent se comporter à la fois comme des particules et des ondes,
  • la superposition : un système quantique peut exister dans plusieurs états simultanément, jusqu’à ce qu’une mesure soit effectuée. Par exemple, un électron dans une boîte peut se trouver dans une superposition ou une combinaison de différents états possibles,
  • le principe de non-localité : une particule n’est plus un corpuscule localisé, mais s’inscrit dans un champ de probabilités. D’autre part, plusieurs particules quantiques peuvent être corrélées instantanément même si elles sont séparées par une grande distance (intrication quantique). Autrement dit, les particules semblent évoluer en dehors des règles de l’espace-temps,
  • l’influence de l’observateur sur l’objet observé : le choix de l’observateur de mesurer la trajectoire d’une particule en tant qu’objet ou en tant qu’onde influe sur les résultats de la mesure. Si l’observateur effectue une mesure sur une particule en tant qu’objet, la fonction d’onde qui décrit l’état de la particule « s’effondre » en l’un des états possibles correspondant à la mesure effectuée. Cela signifie que l’acte de mesure modifie l’état de la particule.

Au premier abord, il n’est pas évident de voir le lien entre Kabbale et physique quantique. Reconnaissons d’abord que la mécanique quantique bouleverse notre rapport à la matière en montrant qu’elle n’est ni « solide » ni prévisible. La matière n’est plus une « substance » mais un réseau dynamique d’énergie, d’information et d’interactions qui laisse entrevoir le rôle de la « conscience ».

Certains physiciens quantiques, tels que Maria Stromme, parlent d’une conscience qui précède la matière : le temps, l’espace et les phénomènes physiques ne seraient que des manifestations secondaires d’un champ de conscience fondamental.

Etudions les liens et correspondances entre la Kabbale et la physique quantique.

Aborder la Kabbale par le spectre de la physique quantique peut sembler étonnant. Pourtant, nous allons voir qu’un parallèle est possible.

Tout d’abord, Ein Sof (l’Etre unique inconnaissable) pourrait correspondre à l’énergie quantique fondamentale, sorte de champ de conscience universelle et indifférenciée. Ce champ de conscience ne peut être observé en tant que tel, car une observation provoquerait son « effondrement » en un état particulier.

Précisément, cet effondrement peut évoquer le Tsimtsoum (retrait de Dieu de lui-même). En effet, la volonté de Dieu de se connaître lui-même aurait pu mener à la création du monde. Le Big Bang représenterait alors l’effondrement des potentialités en un état particulier, ce qui peut correspondre à la naissance d’Adam Kadmon, le grand corps cosmique.

Au sein de ce Tout manifesté, l’espace-temps permet l’apparition de formes de conscience particulières, à travers la vie et la complexification biologique, jusqu’à l’apparition de la conscience humaine.

Or la conscience humaine évolue dans un contexte de structuration intense, qui correspond pour nous à l’impression que les choses sont séparées. Mais elle est aussi en capacité de remonter différents niveaux de réalité, lesquels peuvent être représentés par les Sephiroth de l’Arbre de vie :

10 sephiroth arbre de vie signification daath

Au départ prisonnière du corps-matière, la conscience humaine peut donc s’élever à travers différents niveaux, psychique, mystique, métaphysique, jusqu’à l’idée-même de Dieu, en alternant raison (pilier des limites ou de la rigueur) et intuition (pilier de l’énergie ou de la miséricorde).

Ainsi, en progressant, l’Homme comprend qu’il fait partie de ce champ de conscience fondamental, universel et éternel. Un champ de conscience qui par ailleurs sous-tend toute réalité, et toute interprétation de la réalité.

Kabbale et mécanique quantique ont en commun l’idée que la forme provient de l’informe.

On peut considérer que le monde avant la Création était rempli d’énergie indifférenciée, à l’état virtuel. Le monde après la Création représenterait alors un effondrement de cette unité originelle en une réalité caractérisée par des forces, des contraintes, des lois physiques particulières.

Mais on aurait tort d’attribuer un caractère temporel à cet avant-après. Il serait plus sage de parler de deux états de la réalité : un état latent et un état manifesté. L’observateur joue un rôle dans l’expression de cette réalité : il la perçoit selon son niveau de conscience. A lui de tenter de voir au-delà de la matière duale pour accéder à un état d’être plus authentique, plus proche de « Dieu ».

Ainsi, en tant qu’espace de conscience rattaché à la conscience universelle, l’Homme est en capacité de poser un autre regard sur le monde…

Au final, Kabbale et mécanique quantique éclairent la structure du monde et nous renseignent sur notre place dans celui-ci. Les deux disciplines relient les notions de transcendance et d’immanence, de Création et d’éternité, de limité et d’illimité, d’Amour et de séparation, d’Esprit et de matière. Voilà les balises qui peuvent nous guider sur le chemin du retour à l’unité et à l’Essence.

Les essentiels de la Kabbale - Adrien Choeur

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Modif. le 1 décembre 2025

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