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Instruction 13ème degré REAA : Chevalier de Royal-Arche

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Instruction 13ème degré maçonnique REAA : voici le rituel d’instruction au grade de Chevalier de Royal-Arche, texte complet.

La légende telle que présentée ci-dessous est issue du manuscrit Francken (l’une des principales sources du REAA), autrement dit de la transcription faite en 1783 par Henry Andrew Francken des hauts grades, tous venus de France, qu’Étienne Morin organisa en un Rite de Perfection en vingt-cinq degrés, à Saint Domingue et à la Jamaïque, dans les années 1760-1770.

On y constate la place exceptionnelle donnée au Nom Ineffable ; presque tous les mots et noms hébraïques sont en réalité des noms ou attributs divins ou des louanges adressées à Dieu.

Cette légende est souvent complétée de celle des Trois Mages.

Voici le texte complet d’instruction au 13ème degré REAA, grade de Chevalier de Royal-Arche.

D – Qui êtes-vous ?
R- Je suis ce que je suis. Mon nom est GUIBULUM.

D – Quel titre portez-vous ?
R- Chevalier de Royal-Arche ou de la Neuvième Arche.

D – Qui vous a investi de cette qualité?
R – Le roi SALOMON et HIRAM, roi de Tyr, en récompense de mon zèle et de ma constance.

D – Avez-vous été reçu seul ?
R- Non, j’ai été reçu avec JOHABEN et STOLKIN, mes compagnons.

D – Quelle est la légende du grade ?
R – C’est la suite de la légende d’HIRAM. Dès que le Temple fut achevé, le roi SALOMON, satisfait de l’exécution des travaux et de la réalisation du dessein du Grand Architecte de l’Univers, renvoya les ouvriers.

Les Grands Maîtres Architectes n’ignoraient pas que, du vivant du Maître HIRAM, SALOMON disposait d’un lieu souterrain dans lequel il se réunissait avec lui et HIRAM roi de Tyr pour s’entretenir secrètement des choses sacrées.

Informés que le roi de Tyr était à Jérusalem, quelques Grands Maîtres Architectes s’assemblèrent pour aller chez le roi SALOMON et lui dirent : « Nous venons vous supplier de nous recevoir Chevaliers de Royal-Arche. Nous savons que vous pratiquiez ce degré avec le roi de Tyr et Maître HIRAM ».

SALOMON répondit, les bras tendus vers le ciel et la tête inclinée : « Vous ne pouvez l’espérer maintenant. En vous révélant son Nom, le Grand Architecte de l’Univers permettra peut-être que vous accédiez un jour à la connaissance que vous convoitez aujourd’hui ». SALOMON, HIRAM roi de Tyr et HIRAM l’Architecte avaient fait serment de ne pas donner ce degré s’ils n’étaient au moins trois initiés à connaître les secrets du grade. HIRAM ayant été assassiné, ils ne pouvaient, à ce moment, le communiquer à d’autres.

La Voûte sacrée était située sous le sanctuaire du Temple ; elle avait été creusée par ÉNOCH avant le déluge. Selon la légende, le Grand Architecte de l’Univers était apparu en vision à ÉNOCH et l’avait transporté au sommet d’une montagne qui s’élevait jusqu’aux cieux. Là, il lui montra son Vrai Nom gravé sur une plaque d’or et lui enseigna la façon de le prononcer. Puis ÉNOCH se sentit emporté, il descendit verticalement à travers neuf voûtes souterraines creusées les unes sous les autres. Dans la plus basse, il vit une plaque d’or semblable portant les mêmes caractères : c’était le Nom Ineffable que Dieu lui ordonna de ne jamais prononcer. ÉNOCH creusa neuf voûtes superposées identiques à sa vision. Il réalisa ensuite une plaque d’or triangulaire enrichie des gemmes les plus précieuses et la scella sur une pierre d’agate taillée et polie. Ayant transporté son ouvrage sous la Neuvième Arche, la plus profonde, il grava sur la plaque d’or les lettres que le Grand Architecte de l’Univers lui avait montrées.

Les neuf voûtes terminées et closes, personne ne pouvait y pénétrer. Seul ÉNOCH savait le précieux trésor que recélaient ces arches. La véritable prononciation du Grand Nom fut perdue jusqu’au moment où Dieu la communiqua de nouveau à Moïse sur le Mont Sinaï.

La tradition du Temple d’ÉNOCH s’est transmise à travers les âges bien que l’édifice fût depuis longtemps tombé en ruines. De nombreuses générations se succédèrent avant que SALOMON, réalisant le dessein du Grand Architecte de l’Univers, fit construire le Temple de Jérusalem sur son emplacement.

Après la mort d’HIRAM, SALOMON, fidèle au serment qu’il avait fait avec lui et avec le roi de Tyr, condamna la trappe conduisant à la Voûte sacrée, située dans le sanctuaire du Temple.

Quelque temps après, le roi fit chercher JOHABEN, STOLKIN et GUIBULUM. Afin de mettre le Temple en état d’être dédié, il leur ordonna d’aller fouiller les gravats pour découvrir les choses précieuses qui pouvaient s’y trouver.

L’un des trois, GUIBULUM, accrocha sa pioche à un gros anneau ; il appela ses deux compagnons pour leur faire part de sa découverte. Présumant qu’il devait se trouver quelque chose d’extraordinaire à cet endroit, ils travaillèrent tous trois, avec zèle et ardeur, pour dégager la terre. Ils virent alors que cet anneau était fixé à une pierre parfaitement carrée. Avec beaucoup de travail et de peine, ils parvinrent à la soulever, découvrant une cavité obscure.

GUIBULUM se proposa pour y descendre. On le ceignit d’une corde et il fut convenu que ses compagnons le remonteraient lorsqu’il secouerait la corde par trois fois. Ses deux compagnons observèrent strictement ses directives. Lorsque GUIBULUM toucha le sol, il se trouva dans une crypte voûtée et, sur le sol pavé, il découvrit une nouvelle trappe. Il la franchit et trouva une troisième trappe qu’il franchit à son tour pour parvenir dans la troisième crypte. Là, il découvrit une quatrième trappe ; mais, effrayé à l’idée des’ enfoncer plus avant, il tira sur la corde et fut remonté par ses deux compagnons.

Il leur expliqua ce qu’il avait vu et leur proposa de descendre l’un après l’autre, afin de faire de nouvelles découvertes. Mais ses deux compagnons refusèrent et GUIBULUM décida de poursuivre en convenant qu’à chaque fois qu’il franchirait une arche, il le signalerait par une petite secousse ; s’il désirait qu’on le remonte, il secouerait fortement la corde par trois fois.

Il descendit à nouveau et franchit trois nouvelles arches. Arrivé à la sixième, il tira fortement sur la corde et fut remonté au jour. Il expliqua alors à ses deux compagnons qu’il avait découvert six arches superposées et que, dans la dernière crypte, il avait trouvé une trappe permettant de s’enfoncer plus profondément encore. Une fois de plus, il proposa à ses compagnons de descendre à sa place. Cette proposition effraya tout autant JOHABEN que STOLKIN et ils refusèrent obstinément de descendre. Leur refus ranima le zèle de GUIBULUM.

Courageusement, il prit un flambeau allumé et redescendit, après avoir rappelé à ses compagnons leurs conventions. Lorsqu’il pénétra sous une neuvième arche, des morceaux de pierre et de mortier tombèrent soudain de la voûte. Son flambeau s’ éteignit. Les rayons du soleil pénétrèrent jusqu’à lui et illuminèrent directement et brillamment une plaque d’or de forme triangulaire richement ornée de pierres précieuses. L’éclat lumineux fut tel que GUIBULUM en fut presque aveuglé et qu’il fit le signe d’admiration. C’était ce même signe que SALOMON et HIRAM roi de Tyr avaient fait quand GUIBULUM s’était présenté avec ses deux compagnons devant eux et avait émis le vœu d’être admis dans la crypte secrète et au Sublime Degré.

GUIBULUM tomba sur les genoux, la main droite protégeant ses yeux, la gauche derrière son dos. Il secoua la corde par trois fois et JOHABEN et STOLKIN le remontèrent. Il leur décrivit les choses stupéfiantes qu’il avait vues sous la Neuvième Arche.

Ils décidèrent alors de descendre tous trois à l’aide d’une échelle de corde. Quand ils furent sous la Neuvième Arche, JOHABEN et STOLKIN, stupéfiés à leur tour par l’éclat de la Lumière, se prosternèrent avec GUIBULUM.

JOHABEN et STOLKIN, revenus de leur étonnement, se mirent debout et relevèrent GUIBULUM en disant ; GUIBULUM est un bon Maçon. Puis, ils examinèrent le Triangle d’Or sur lequel ils virent des signes qu’ils ne pouvaient comprendre. La plaque d’or était scellée sur une pierre d’agate. Ils l’admirèrent avec respect et comprirent que ces signes représentaient le Nom Ineffable du Grand Architecte de l’Univers.

Se rappelant que, depuis la mort du Maître HIRAM, les deux Rois, n’étant plus en nombre suffisant, ne pouvaient conférer le degré de Royal-Arche, ils espérèrent que la découverte du précieux trésor leur permettrait maintenant d’y accéder.

Ils remontèrent la Pierre d’Agate sur laquelle était fixé le Triangle d’Or et l’apportèrent à SALOMON qui était en compagnie d’HIRAM roi de Tyr.

À la vue du précieux trésor, les deux Rois firent le signe d’admiration et tombèrent à genoux. S’étant relevé, SALOMON dit que le Grand Architecte de l’Univers leur avait octroyé la faveur de découvrir le plus précieux trésor des Maçons.

C’est pourquoi, en récompense de leur zèle et de leur constance, ils furent créés Chevaliers de Royal-Arche.

SALOMON expliqua aux trois Chevaliers que Dieu avait promis à Noé, à Moïse et à David qu’un jour son Nom Véritable, celui par lequel il pouvait être invoqué, serait découvert gravé sur un triangle d’or et que cette promesse s’était accomplie.

Mais SALOMON leur dit aussi qu’il leur était interdit de l’écrire ou de le prononcer, qu’ils n’avaient que la latitude de l’épeler et que, même dans ce cas, la plus grande prudence serait de rigueur.

D – Le rituel du treizième degré, dans ses différentes versions historiques, s’appuie sur la Kabbale. Quest-ce que ce courant ésotérique ?
R – Kabbale provient de Kabala, mot hébreu signifiant « ce qui a été reçu, chose transmise, tradition ». La Kabbale est un courant philosophique et ésotérique juif dont les débuts remontent au Ier siècle de notre ère. Des éléments gnostiques et néo-platoniciens y sont décelables. La Kabbale postule que Dieu est infini, parfait et inaccessible à l’esprit et à l’intellect humain. Le seul moyen permettant d’approcher une certaine compréhension de la Divinité ne saurait donc être que l’étude de sa manifestation dans la Création. De ce fait, les Kabbalistes se lancèrent dans l’étude de l’Univers et de la nature selon l’Ancien Testament, aux profondeurs multiples accessibles grâce à l’outil fourni par les propriétés particulières des 22 lettres de l’alphabet hébreu.

D – Que connaissez-vous de cette tradition ?
R- Dieu, en hébreu, est EIN-SOPH, « l’Infini ». Cet EIN-SOPH inconnaissable, source des mystères de l’Univers, se manifeste de quatre manières : ATSILUTH, l’Emanation, BERIAH, la Création, YETSIRAH, la Formation, et ASIAH, l’Action. Ces quatre plans de manifestation sont répartis entre les dix SEPHIROTH, étapes de l’émanation de Dieu en tant que Créateur et principes grâce auxquels le monde créé peut exister. En tant que telles, les SEPHIROTH sont, elles aussi, des attributs et des noms divins.
Les SEPHIROTH ont été considérées aussi comme des modalités, des étapes de la connaissance, dévoilant la multiplicité des rapports de l’esprit humain avec le monde. Elles permettent une classification des éléments de la vie intérieure grâce à une hiérarchisation des données de la conscience.

D – Quelles sont les SEPHIROTH et quelle est la signification de leurs noms ?
R- Le mot SEPHIROTH lui-même est le pluriel de SEPHIRA, décompte, étape. Les SEPHIROTH sont au nombre de dix ; leur sens courant dans l’ordre le plus fréquemment utilisé est le suivant :

  1. KETHER, couronne
  2. KHOKHMAH, sagesse
  3. BINAH, intelligence
  4. KHESED, amour, grâce
  5. GUEBURAH, force, vigueur
  6. TIFERETH, beauté
  7. NETSAKH, victoire, éternité
  8. HOD, splendeur, majesté
  9. IESOD, fondation
  10. MALKHUTH, royaume, royauté.

D – Que signifient les groupements de SEPHIROTH ?
R – La triade KETHER, BINAH, KHOKHMAH représente la Connaissance.
La triade GUEBURAH, KHESED, TIFERETH représente les manifestations de l’Esprit.
La triade HOD, NETSAKH, IESOD représente le monde de l’action intellectuelle.
Enfin, la triade HOD, NETSAKH, MALKHUTH représente le monde de l’action matérielle.

D – Arrivé à ce grade, où en est le cheminement de l’initié ?
R- Selon un ancien rituel, « l’esprit de l’initié se détache de la matière et se prépare à de plus sublimes connaissances ».

D – Comment se nomme la loge du treizième degré?
R – La Loge Royale ou Collège.

D – Où se trouve-t-elle ?
R – Au centre de l’endroit le plus sacré de la Terre.

D – Comment êtes-vous parvenu à cet endroit ?
R – Par l’effet de la Providence.

D – Expliquez-vous.
R- J’ai parcouru neuf arches souterraines et, à la fin, j’ai découvert le Delta lumineux scellé sur une pierre d’agate. Dieu avait promis aux Saints Patriarches que ce Delta serait trouvé quand les temps seraient venus.

D – Qu’est-ce que ce Delta ?
R- Un triangle d’or, resplendissant d’une grande lumière, sur lequel ÉNOCH grava le Grand et Mystérieux Nom du Grand Architecte de l’Univers.

D – Connaissez-vous la véritable prononciation du Grand Nom ?
R – C’est un Nom Sacré. J’en connais les lettres, mais j’en ignore la prononciation.

D – Quelles sont les lettres de ce Nom Sacré et que signifient-elles ?
R – Le Nom Ineffable se compose des lettres IOD, HE, VAV, HE.

  • IOD est le principe de toute activité, c’est l’unité du Principe Créateur.
  • HE traduit l’expansion du souffle créateur. C’est la vie et l’action.
  • VAV figure le rapport entre la cause et l’effet, loi selon laquelle s’exerce toute activité.
  • HE manifeste le résultat de l’action. C’est la création en voie d’accomplissement.

D – Quelle autre interprétation peut-on donner au Tétragramme ?
R- Il évoque ce qui était, ce qui est et ce qui sera, c’est-à-dire l’Éternel.

D – Pourquoi, à ce grade, ne pouvez-vous pas prononcer le Nom Ineffable ?
R- Parce que la mort du Maître HIRAM préfigure la destruction du Temple et la perte de la Parole.

D – En quel lieu se réunit la Loge Royale ?
R – Dans un lieu voûté, souterrain, sans porte ni fenêtre où l’on s’introduit par une trappe placée à son sommet.

Selon la légende, la Voûte, peinte en blanc, était supportée par neuf arches sur chacune desquelles était écrit le nom d’un des neuf premiers architectes : IOD, IAHO, IAH, EHEIEH, ELIAH, IAHEB, ADONAÏ, ELKHANAN, IOBEL.

D – Peut-on donner un autre sens à ces neuf noms ?
R – Ce sont des noms de Dieu.

D – Dans les rituels précédents, quelle substitution de ces noms avait été faite ?
R – Ces noms avaient été remplacés par ceux des SEPHIROTH, qui sont également des attributs divins.

D – Quels sont les décors de la Loge Royale ?
R – Au centre du Temple, sur l’autel, si possible de forme triangulaire, sont placés :

  • le Volume de la Loi Sacrée,
  • un triangle d’or sur lequel est gravé le Tétragramme IOD, HE, VAV, HE.

Une étoile blanche est placée sur le plateau du Président. Cinq étoiles blanches sont disposées autour de l’autel.

D – Quels sont les officiers de la Loge Royale ?
R – IL y a cinq officiers :

  • le Président représente le roi SALOMON, il prend le titre de Trois Fois Puissant Grand Maître ;
  • le deuxième officier représente HIRAM, roi de Tyr, il se place à l’Orient, à la gauche et à côté de SALOMON ;
  • le troisième représente GUIBULUM, placé au Septentrion, c’est le Grand Trésorier ;
  • le quatrième représente JOHABEN, placé au Midi, c’est le grand Secrétaire ;
  • le cinquième représente STOLKIN ; placé à l’Occident, c’est le Grand Inspecteur.

D – Quel est le décor du Chevalier de Royal-Arche ?
R – Un cordon pourpre, porté en sautoir, auquel pend le bijou.

D – Quel est le bijou ?
R- Un triangle d’or, ou bien une médaille sur un côté de laquelle est gravée une trappe et sur l’autre un triangle.

D – Quel est l’ordre au treizième degré ?
R – Il n’y a pas d’ordre à ce degré ; les Frères se tiennent debout, les mains placées le long du corps. On exécute le signe d’admiration pour se faire reconnaître.

D – Quels sont les signes du grade ?
R – Il y a deux signes :

  1. Le signe d’admiration se fait en levant les mains vers le ciel, la tête penchée à gauche, le corps restant droit ;
  2. Le signe d’adoration : étant dans la position du signe d’admiration, fléchir le genou gauche (dans les rituels anciens, on tombait les deux genoux à terre).

D – Quel est l’attouchement ?
R- Se placer face à face. Porter les mains sous les aisselles du Frère comme pour l’aider à se relever.
L’un prononce TOUE – BAHANI – HAMAL – ABEL. L’autre répond ZEBULOUN.

D – Quelle est la batterie ?
R – Cinq coups, par deux et trois : • • / • • •

D – Quelle est la marche ?
R – Ordinaire.

D- Quelle est l’heure d’ouverture des travaux ?
R – Quand le soleil se lève.

D – Quelle est l’heure de fermeture des travaux ?
R- Quand le soleil se couche.

D- Quel est l’âge du Chevalier de Royal-Arche ?
R – Soixante-trois ans accomplis (7 fois le carré de 3).

D – Quel est le nom sacré ?
R- IEHOVAH

D – Quel est le mot de passe ?
R – Il n’y en a pas.

Voir aussi le rituel d’initiation au grade de Chevalier de Royal-Arche.

Modif. le 10 décembre 2023

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