Physique quantique et spiritualité : quel rapport ? quel lien avec l’enseignement des prophètes ? Approche décalée…
La physique classique, avec ses équations bien coiffées, se figurait avoir mis l’univers au garde-à-vous. Newton avait tout enfermé dans de petites boîtes – trajectoires, masses, forces – comme un vieil oncle méticuleux classe ses vis dans des bocaux étiquetés. Puis surgit la physique quantique, et avec elle, l’anarchie certifiée conforme. On ouvrit le tiroir de l’atome et on n’y vit… presque rien. Du vide, mais vibrant. Une mascarade où les particules se travestissent en ondes, et vice versa.
Les mystiques, eux, esquissèrent un sourire : depuis des siècles, ils affirmaient que le monde visible n’est qu’un décor de théâtre. Les physiciens venaient simplement d’arriver à l’entracte…
Physique quantique et spiritualité
Voyons en quoi la physique quantique peut rejoindre les enseignements des sages…
I. La matière qui se dérobe
À l’œil nu, le monde se donne des airs de bastion imprenable, rassurant comme un vieux meuble qu’on polit par habitude. Mais sitôt qu’on descend, guidé par Planck et Einstein, dans les profondeurs, tout se lézarde : l’atome n’est pas une bille compacte, mais une bulle de champagne à la mousse fugace. La matière ? Un spectre suspendu entre l’être et le néant, comme si Hamlet, lassé de ses tirades, avait accepté un stage mal payé en mécanique quantique.
Les anciens nommaient cela « maya », l’illusion. Les modernes, plus frileux, parlent de probabilité. Dans les deux cas, la table sous vos doigts n’est qu’un vide tenu en laisse par des champs invisibles. De quoi faire vaciller les certitudes les mieux arrimées.
II. L’œil qui fabrique ce qu’il voit
Le plus scandaleux, c’est l’observateur. Dans ces expériences, l’électron change de comportement selon qu’on l’épie ou qu’on le laisse en paix. Voilà qui pulvérise l’innocente frontière entre le spectateur et le spectacle, comme un rideau qui s’effondre sur la scène.
Les physiciens, embarrassés, balbutient des mots comme « fonction d’onde » ou « décohérence ». Les mystiques, eux, haussent les épaules : « Tu es ce que tu contemples. » Ibn ‘Arabî, Maître Eckhart ou un moine zen exilé dans un monastère brumeux auraient paraphé ce protocole d’expérience sans y retrancher une virgule.
III. Le temps, ce comédien maladroit
En relativité, le temps se vrille comme un vieil escalier grinçant. En quantique, il va jusqu’à égarer son costume, sortant nu sur scène. Deux particules intriquées peuvent se répondre instantanément, même séparées par des années-lumière, comme deux conspirateurs qui s’échangent un signe à travers un continent. Les physiciens appellent cela « non-localité », les mystiques, éternel présent.
Chez les uns comme chez les autres, la distance devient une plaisanterie. Le cosmos se transforme en salon où toutes les horloges ont été confisquées et les montres, reléguées au musée des illusions.
IV. Le vide qui accouche du monde
On s’imaginait que le vide était le néant, un silence cosmique. Les physiciens ont découvert qu’il est saturé d’énergie, une soupe invisible où des particules jaillissent et s’évaporent comme des bulles effervescentes dans une eau qui frissonne.
Les maîtres spirituels, eux, n’en font pas un plat : dans le Tao, la coupe se vide et se remplit sans fin. Dans la Kabbale, l’Ayin — le Rien — enfante l’Être. Les bouddhistes nomment cela vacuité, non pour signifier l’absence, mais une plénitude insaisissable, comme un ciel sans nuages gorgé de lumière.
Deux dialectes pour un même vertige
Gardons-nous des raccourcis candides : la physique quantique n’est pas un missel, et la mystique n’a pas griffonné la constante de Planck sur un parchemin jauni. Mais toutes deux ont en commun de dynamiter les murs derrière lesquels nous nous blottissions, persuadés d’être à l’abri.
Le physicien le plus tatillon et le mystique le plus nu s’accordent dans la même confession désarmante : Plus j’avance, moins je sais.
Et derrière cet aveu à demi-mot, pointe l’intuition vertigineuse que la Réalité – si ce terme survit encore – n’est pas une proie à capturer, mais un océan où l’on se jette en acceptant d’y être englouti.
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Modif. le 13 août 2025