Epiphanie, théophanie, hiérophanie : définitions

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Comment définir les mots épiphanie, théophanie et hiérophanie ? Quelle relation et quelles différences ? Explication.

Le suffixe -phanie (du grec phanos : « lumière » et phaino : « montrer ») indique une apparition ou une manifestation, en particulier dans un contexte religieux.

On trouve ainsi les mots :

• épiphanie (du grec epiphania : « qui apparaît ») : c’est la manifestation de ce qui était caché. Chez les chrétiens, l’Epiphanie est la fête qui commémore la manifestation de Jésus nouveau-né aux Rois mages,
• théophanie : c’est la manifestation de Dieu. Ce concept relève surtout de la liturgie et de la théologie chrétienne,
• hiérophanie (du grec hieros : « sacré » et phainein : « révélé ») est un mot inventé par Mircea Eliade en 1949 et qui signifie « manifestation du sacré ». Selon cet auteur, toute religion se fonde sur le récit d’un événement d’ordre transcendantal, magique ou surnaturel.

On trouve encore les mots :

• christophanie : manifestation, apparition du Christ,
• protophanie : première apparition du Christ ressuscité,
• etc.

Les mots en -phanie traduisent donc la manifestation d’une réalité cachée. On peut y voir un double mouvement : d’une part, les réalités supérieures se dévoilent (sens descendant) ; d’autre part, l’esprit humain développe une capacité de pénétrer ces réalités (sens ascendant).

La manifestation du sacré se situe donc entre transcendance et immanence : le surgissement se produit à la fois au-delà de soi-même et à l’intérieur de soi-même. En d’autres termes, pour arriver à percevoir ce qui apparaît, il faut y être prêt.

Tentons d’aborder le sens profond des mots épiphanie, théophanie et hiérophanie.

Epiphanie : définition

L’épiphanie traduit à la fois une manifestation et une reconnaissance.

Au sens chrétien, l’Epiphanie décrit la première rencontre de l’esprit humain avec Jésus :

1- Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem 2- et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
3- En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui.
4- Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ.
5- Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : 6- Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. »
7- Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
8- puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
9- Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant.
10- Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.
11- Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
12- Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Évangile selon saint Matthieu, II

La manifestation divine se fait par l’intermédiaire d’une étoile qui guide les mages vers Bethléem et l’enfant Jésus (à noter que dans le récit, les mages ne sont pas des rois).

Au-delà de l’aspect magique de l’apparition de cette étoile, la signification symbolique est puissante. L’étoile peut représenter l’étincelle intuitive qui surgit à l’esprit humain. Au départ, les mages sont les seuls à pouvoir percevoir cette lumière nouvelle.

En effet, les mages sont ceux qui pratiquent l’astrologie et les sciences occultes : ils sont donc en capacité de voir l’invisible. Les présents qu’ils offrent sont la preuve qu’ils ont reconnu le Messie : l’or, l’encens et la myrrhe semblent se rapporter aux trois qualités royale, divine et prophétique de Jésus.

Dans un sens plus général, l’épiphanie peut être associée à prise de conscience soudaine et éclairée de l’essence profonde des choses. Derrière cela, il y a l’idée qu’il ne suffit pas d’être placé devant la Vérité pour la recevoir : encore faut-il faire l’effort de la reconnaître.

Epiphanie et hiérophanie

L’Epiphanie est une hiérophanie, c’est-à-dire une manifestation du divin ou du sacré. Or il existe bien d’autres types de hiérophanies. En réalité, tout ce qui est reconnu par l’Homme comme ayant un caractère sacré peut être qualifié de hiérophanie, par exemple :

• certains textes,
• certains mythes et légendes,
• certains symboles,
• certaines paroles,
• certaines personnes,
• certains lieux (montagnes, rivières, jardins…),
• ou encore certaines traditions, certains rites.

De fait, la hiérophanie désigne tout phénomène, objet ou être vivant qui se révèle à l’Homme comme étant sacré.

Notons que la spiritualité peut être définie comme l’extension du domaine du sacré : une succession de hiérophanies, au premier rang desquelles la prise de conscience du caractère sacré de la vie et de l’expérience qu’il nous est donné de vivre.

Cependant, la manifestation du sacré n’est jamais définitive : la porte, la fenêtre mentale qui s’ouvre sur le sacré peut très vite se refermer. Les pratiques spirituelles (prière, méditation, visualisation, postures, écriture…) ont alors pour but de réouvrir le plus souvent possible ces espaces de conscience.

Pour aller plus loin :

Modif. le 12 juin 2025