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Le Zohar : présentation, contenu, extraits

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Qu’est-ce que le Zohar ? Pourquoi ce texte est-il considéré comme fondamental dans la Kabbale ? Quel est son contenu ? Que faut-il en retenir ?

Le Zohar ou Sepher ha-Zohar (« Livre de la Splendeur ») est l’ouvrage le plus célèbre de la Kabbale.

Le mot « Zohar » signifie « Lumière ». Ce mot fait référence à un passage du Livre de Daniel :

Ceux qui ont l’intelligence resplendiront comme la splendeur (Zohar) du firmament, et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude brilleront comme les étoiles pour toujours et à jamais.
Livre de Daniel 12, 3

D’autre part, l’étymologie de « Zohar » (Zo : « ceci » et Har : « montagne, sommet ») évoque un livre au-dessus des autres, au sommet de tous les autres.

Le Zohar a pour objet la transmission des enseignements secrets de la Kabbale. Ce secret est appelé Sod.

L’auteur légendaire du Zohar est Shimon bar Yohaï, rabbin mort vers 161 après J.C. Il aurait rédigé l’ouvrage avec ses disciples dans une caverne au moment de la persécution du peuple juif par les Romains, avant de le cacher. L’ouvrage aurait été redécouvert par un concours de circonstances au XIIIe siècle.

En réalité, le Zohar a certainement été rédigé par Moïse de León (rabbin espagnol mort en 1305) et son entourage entre 1270 et 1280. Il s’agissait alors d’imposer les principes de la Kabbale face au courant aristotélicien, très présent dans les communautés juives du XIIIe siècle.

Le Zohar est une compilation de traditions orales. Il reprend les thèmes les plus anciens, notamment ceux de la Littérature des Palais (IVe – VIIIe siècle, somme d’écrits relatant les visions extatiques des sept Palais), mais aussi de nombreux enseignements médiévaux.

Le livre connaît d’abord le succès dans les communautés juives d’Espagne. Il devient même un étendard de la résistance juive lors des persécutions de 1391. Progressivement, il influence tout le monde juif, autant dans la pensée que dans les rites et les coutumes.

Le Zohar est principalement écrit en araméen. Il se présente comme une exégèse de la Torah : chaque livre de la Torah est commenté sous la forme d’un dialogue entre rabbins.

Voici une présentation du Zohar et de son contenu.

Le Zohar est composé de plus de 3000 folios rassemblés en plusieurs tomes abordant les cinq livres du Pentateuque (Torah) :

  • Le Zohar I – la Genèse (Bereshit) : texte majeur qui comporte des explications mystiques sur la création du monde. Le mot « Bereshit » (« Au commencement », premier mot de la Bible) est interprété de multiples façons. Les concepts clés de la Kabbale sont abordés : Ein Sof, les Sephiroth, Adam Kadmon… Cette partie comporte des débats entre les sages sur la nature de Dieu, la Lumière primordiale ou encore le rôle de l’Homme. L’âme humaine est vue comme un fragment divin aspirant à retourner à sa source, l’Homme ayant pour mission de réparer le monde (Tikkoun).
  • Le Zohar II – l’Exode (Shemot) : ce texte comporte des interprétations ésotériques de la période de l’esclavage en Égypte, des dix plaies, de la sortie d’Égypte et du don de la Torah. Il explore l’exil spirituel, des forces du mal (Klippot) et les niveaux de l’âme. Moïse est décrit  comme le prototype du maître spirituel, incarnant la connaissance divine. Les thèmes sont ceux de la libération spirituelle, de la purification, de l’élévation de l’âme et de la révélation divine.
  • Le Zohar III – le Lévitique (Vayikra) : cette partie s’intéresse à la recherche de la pureté, aux rituels, et propose une lecture allégorique des lois sacrificielles. Chaque rituel reflète un processus intérieur d’élévation de l’âme.
  • Le Zohar III – les Nombres (Bamidbar) : cette partie présente les voyages dans le désert comme symboles du parcours de l’âme dans le monde matériel. La structure tribale d’Israël est abordée comme un reflet des ordres célestes. Le texte propose une analyse de la parole prophétique, du rôle des anges et des jugements divins. Le thème central est celui de la traversée spirituelle vers la Terre promise.
  • Le Zohar III – le Deutéronome (Devarim) : cette partie récapitule l’histoire mythique et mystique d’Israël, avec une lecture symbolique des paroles de Moïse. Elle insiste sur le libre-arbitre, l’intention pure (Kavanah), et le choix entre le bien et le mal. Parmi les thèmes abordés : la vie de l’âme après la mort, la réincarnation (Gilgoul), la récompense et la punition spirituelle. L’âme doit se préparer à sa mission ultime de retour à la Source.

Le Zohar comporte d’autres sections essentielles, notamment :

  • Idra Rabba (« La Grande Assemblée ») : cette section rassemble des discussions entre Rabbi Shimon bar Yohaï et ses disciples sur les mystères de la divinité. Elle traite des aspects les plus ésotériques de Dieu, en particulier la structure du divin à travers les Sephiroth. C’est, pour certains kabbalistes, le cœur du Zohar,
  • Sifra de-Tseniuta (« Le Livre du Secret ») est le résumé ésotérique du Zohar. Il concentre en peu de mots les mystères les plus profonds,
  • Tikkunei HaZohar (« Les Réparations du Zohar ») comporte 70 interprétations mystiques du mot « Bereshit ».

Le Zohar propose une méthode d’exégèse particulière qui voit dans chaque passage de la Bible quatre interprétations possibles :

  • le sens littéral (Peshat),
  • le sens allégorique (Remez),
  • le sens homilétique (Drash), obtenu par recherche et comparaison,
  • le sens mystique (Sod), de nature ésotérique : c’est la signification la plus profonde.

Les initiales de ces quatre mots, P, R, D, S, forment le mot PARDES (« verger » ou « jardin » en hébreu), ce qui évoque le jardin secret, le paradis, dans le sens d’une rencontre avec Dieu. Cela évoque aussi l’Arbre de vie.

Ainsi, la Bible comporterait différentes couches : une couche matérielle (littérale), une couche morale, une couche spirituelle et une couche céleste.

Le Zohar considère que la Bible cache en elle la structure du monde, de l’Homme et de Dieu. Il y a un code à déchiffrer, et c’est le déchiffrage de ce code qui permet d’entrer en contact avec le divin. Ce déchiffrage doit se faire à la fois par la raison et par le cœur.

Au-delà de cet aspect, le Zohar rassemble tous les concepts essentiels de la Kabbale, d’Ein Sof au Tikkoun en passant par les Sephiroth de l’Arbre de vie. Seule la notion de Tsimtsoum est absente, car apparue postérieurement.

Le Zohar décrit les dix Sephiroth de l’Arbre de vie, dont la compréhension permet d’approcher Dieu. Chaque Sephirah est une émanation de Dieu sous une forme particulière.

Le Zohar rattache les Sephiroth à un corps cosmique anthropomorphe et androgyne, image de Dieu : c’est Adam Kadmon, l’être cosmique qui porte aussi en lui les deux principes universels, masculin et féminin.

Le Zohar approfondit le concept de Shekhinah (« présence divine »), qui décrit la présence de Dieu parmi son peuple et, plus largement, l’immanence divine. L’Homme doit tenter de percevoir Dieu en lui-même et dans ce qui l’entoure.

La shekhinah est associée à la Sephirah « Malkhut », c’est-à-dire la princesse, le principe féminin. Ce principe est décrit comme exilé du « Roi » et a besoin d’être réuni avec les sphères supérieures. Autrement dit, la séparation doit faire l’objet d’une réparation.

Le Zohar précise le concept de Tikkoun (« réparation ») : l’Homme doit réparer sa condition et retrouver l’unité primordiale. Il doit rechercher la présence des étincelles divines dispersées dans le monde afin de retrouver le « sens ».

Il y a aussi l’idée que, par la prière, la méditation et l’action, l’Homme peut influencer le divin et aider le cosmos à restaurer son unité perdue.

Le Zohar parle abondamment du cycle des âmes et de la réincarnation (Gilgoul). Ainsi, l’âme humaine ne serait pas limitée à une seule existence corporelle mais reviendrait plusieurs fois dans le monde physique afin d’achever sa mission spirituelle et réparer ses fautes.

Le principe de la transmigration est l’amélioration spirituelle continue en vue d’atteindre la perfection de l’âme. La doctrine du Gilgoul introduit aussi l’idée que les souffrances de la vie ne sont pas nécessairement des « punitions » mais peuvent être des opportunités de réparation de fautes anciennes…

Le Yod est pourvu à sa base d’un délié qui symbolise l’ouverture de la matrice. Cette lettre constitue la première des saintetés. En second lieu, « et lorsque le Seigneur vous aura fait entrer » est le commentaire de la lettre Hé dont la matrice s’ouvre par Yod. Telle est l’interprétation du Hé comme seconde lettre du Nom sacré… le Vav procède des deux lettres précédentes qu’il unit… et le Hé final contient les lettres précédentes et les unit.
Zohar I, 13b, 14a

La Lumière, c’est le principe masculin qui émane de Hesed. Et l’obscurité, c’est le principe féminin qui émane de Gevurah, la partie gauche et sombre de la Création.
Zohar I, 16b

Israël, la Torah et le Saint, béni soit-Il, sont Un.
Zohar I, 24a

Il y a une lumière qui brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne la comprennent pas – c’est la lumière cachée pour les justes.
Zohar I, 31b

Il n’y a pas de Lumière sans obscurité, et pas d’obscurité sans Lumière.
Zohar I, 32a

Quand la Shekkinah s’éloigne du monde, il n’y a plus personne pour veiller sur le monde, et le Jugement de Rigueur domine tout. Mais quand les Coupables disparaitront et quitteront le monde, la Shekkinah reviendra établir sa résidence dans le monde.
Zohar I, 68b

Toutes les voies de [Dieu] sont justes, et toutes Ses voies sont empreintes de Vérité. Mais les habitants du monde ne le savent pas : ils croient que le monde est rempli de multiples injustices.
Zohar I, 175b

Israël, c’est le mystère de l’Homme.
Zohar I, 211a

[Dieu] voit toutes les actions avant qu’elles aient lieu.
Zohar I, 227b

Tout comme cette Rose est rouge et son nectar est blanc, ainsi [Dieu] dirige Son monde en transformant l’attribut de Rigueur en attribut d’Amour bienveillant, comme il est écrit : « … si vos fautes sont comme l’écarlate, elle deviendront blanches comme la neige ».
Zohar II, 20a

L’homme est un monde en miniature, comprenant en lui toutes les sphères célestes et les éléments de la création.
Zohar II, 42a

Si Sa Lumière ne s’étendait pas sur toutes les créatures, comment pourraient-elles Le reconnaître, et comment pourrait se réaliser le verset prophétique : « Toute la Terre est remplie de Sa Gloire » ?
Zohar II, 42 b

Bien que [Dieu] se comporte parfois avec Rigueur, il a cependant Pitié de l’œuvre de Ses mains.
Zohar II, 47b

Les œuvres de [Dieu] sont vraies et nécessaires. Il n’y a rien dans le monde que l’Homme soit amené à repousser et à dédaigner, car toutes Ses œuvres sont vraies et tout est nécessaire.
Zohar II, 68b

L’âme ne peut exister sans vêtement, et ces vêtements sont les actes de l’homme dans ce monde.
Zohar II, 229b

Dieu regarde les actions de l’homme, non pour le juger sévèrement, mais pour le rapprocher de Lui.
Zohar II, 234b

L’équité est parfumée, les rigueurs sont apaisées. C’est l’heure de l’Union du Mâle et de la Femelle et tous les mondes créés sont dans l’amour et dans la joie.
Zohar III, 290-291

Lorsque viendra le temps, la Shekkinah reviendra à sa place, et ils seront tous Deux réunis, comme il est écrit : « … en ce jour, Hachem sera Un et son Nom sera Un. » Et si tu dis « Maintenant, n’est-Il pas Un ? » Non, car les coupables dans le monde sont la cause qu’Il n’est pas Un, car la Reine s’est éloignée du Roi, et ils ne sont plus unis.
Zohar III, 77b

Tout est mêlé l’un dans l’autre : l’inclination au bien et l’inclination au mal, la droite et la gauche, Israël et les autres nations, le blanc et le noir. Et tout dépend de Celui qui est Un.
Zohar III, 80b

La Torah n’est pas simplement un récit ; chaque mot contient des mondes, des secrets et des mystères.
Zohar III, 152a

Le monde ne subsiste que grâce à ceux qui ferment les lèvres au moment du conflit, et ouvrent le cœur dans la prière.
Zohar III, 179a

[Dieu] est vivant, et il réside parmi ceux qui sont Vivants, et non parmi ceux qui sont appelés Morts.
Zohar III, 287b

Le Juste est le fondement du monde, car en lui se révèle l’union céleste entre les mondes supérieurs et inférieurs.
Zohar III, 231a

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Modif. le 17 mai 2025

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