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Les principaux sophistes grecs et leur pensée

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Les principaux sophistes grecs : qui étaient les sophistes ? Voici une liste de sophistes célèbres, ainsi qu’un résumé de leur doctrine.

Les sophistes (du grec sophistès, « savant » ou « expert ») sont des philosophes et des enseignants itinérants présents en Grèce au Ve siècle av. J.-C., dans un contexte marqué par l’importance de la parole publique.

Les sophistes instruisaient leurs clients, souvent de riches citoyens souhaitant accéder à des postes importants, sur l’art de parler en public et d’argumenter.

La sophistique n’est pas à proprement parler une doctrine cohérente ; en effet, les sophistes adaptaient leur art aux demandes de leurs clients. Cependant, on peut discerner des traits caractéristiques de la sophistique grecque : relativisme, nominalisme, pragmatisme, réalisme ou encore conventionnalisme.

Pour les sophistes, il n’existe pas de vérité universelle, mais seulement des opinions qui varient d’un individu à l’autre.

Voici une liste de sophistes célèbres :

  • Protagoras,
  • Gorgias,
  • Prodicos de Céos,
  • Critias d’Athènes,
  • Antiphon,
  • Hippias d’Élis,
  • Thrasymaque,
  • Lycophron,
  • ou encore Xéniade de Corinthe.

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Voici une description de la pensée des principaux sophistes de la Grèce antique.

A noter que la pensée des sophistes grecs nous est parvenue le plus souvent indirectement, par l’intermédiaire d’autres auteurs non sophistes ou de philosophes rejetant leur doctrine, notamment Platon.

Protagoras d’Abdère (vers 490–420 av. J.-C.) était l’un des plus célèbres sophistes grecs, maître de rhétorique et penseur influent. Sa pensée repose sur deux principes clés :

  • l’homme est la mesure de toute chose (homo mensura) : la vérité et la morale sont relatives à chaque individu ; elles dépendent de ses perceptions et de son contexte,
  • l’agnosticisme religieux : Protagoras affirmait qu’on ne peut savoir si les dieux existent, ce qui lui valut un procès pour impiété.

Pour Protagoras, la persuasion et l’éducation sont essentielles pour réussir dans la cité. Il enseignait l’art du débat et la vertu civique, mêlant pragmatisme et relativisme, marquant durablement la philosophie et la culture athénienne.

Parmi les principaux sophistes grecs, Gorgias (vers 485–380 av. J.-C.) était un rhéteur et philosophe sicilien. Il enseignait l’art de la persuasion, considérant que le langage, par sa puissance, pouvait façonner la réalité perçue.

Pour Gorgias, rien n’existe vraiment, et si quelque chose existait, on ne pourrait le connaître, ni le communiquer. Sa pensée, sceptique et relativiste, met en avant l’importance de la rhétorique pour convaincre, indépendamment de la vérité objective. Il influencera profondément la philosophie et la pratique oratoire grecques.

Autre sophiste d’envergure, Prodicos de Céos (vers 465–395 av. J.-C.) est resté célèbre pour ses réflexions sur la morale, la religion et le langage. Il proposait une approche naturaliste et utilitariste de la vertu, affirmant que les dieux étaient des inventions humaines visant à expliquer les phénomènes naturels.

Prodicos étudiait et distinguait les synonymes (par exemple « plaisir » et « joie ») pour clarifier au maximum la pensée. Son enseignement, axé sur la justice sociale et la modération, visait à rendre les hommes meilleurs par la raison et l’éducation.

Critias d’Athènes (vers 460–403 av. J.-C.) était un homme politique, poète et sophiste, membre des Trente Tyrans, régime oligarchique pro-spartiate. Sa pensée, marquée par un pessimisme radical, est connue par ses fragments poétiques et dramatiques. Il y défend l’idée que les lois sont des inventions pour contrôler les hommes, et que la nature pousse à la domination des uns par les plus forts.

Son œuvre Sisyphe critique la religion comme un outil de manipulation sociale. Son cynisme politique reflète son engagement violent pendant la guerre civile athénienne…

Parmi les principaux sophistes grecs, il faut citer Antiphon (vers 480–411 av. J.-C.), athénien, pionnier de la rhétorique judiciaire et penseur original.

Antiphon défendait l’idée que les lois, conventions humaines, devaient être distinguées des principes naturels (physis), universels et immuables.

Pour lui, la nature pousse l’homme à rechercher son intérêt, tandis que les lois, souvent injustes, le contraignent. Il prônait une égalité naturelle entre les hommes, critiquant les privilèges sociaux. Ses fragments montrent aussi un intérêt pour la psychologie et la justice.

Hippias d’Élis (Ve siècle av. J.-C.) est un sophiste resté célèbre pour son encyclopédisme et son expertise en mnémotechnie, astronomie, mathématiques et politique.

Hippias affirmait que la connaissance devait être universelle et pratique, visant à former des citoyens compétents. Il défendait l’idée d’une loi naturelle unifiant les hommes, au-delà des différences culturelles, et prônait l’autonomie des cités.

Son relativisme culturel et son éclectisme en firent une figure majeure de la sophistique, bien que ses œuvres ne nous soient parvenues que de manière très fragmentaire.

Thrasymaque de Chalcédoine (Ve siècle av. J.-C.) est un sophiste connu surtout à travers le Gorgias de Platon et la République, où il incarne le réalisme politique.

Pour lui, la justice n’est que l’intérêt du plus fort : les lois, imposées par les gouvernants, servent leur pouvoir. Il rejette l’idée d’une justice universelle, affirmant que l’injustice, si elle est habile, peut être plus profitable. Sa pensée, cynique et provocante, met en lumière les tensions entre morale et pouvoir.

Lycophron (IVe–IIIe siècle av. J.-C.), originaire de Chalcis, était un sophiste et poète tragique grec, connu pour son œuvre énigmatique Alexandra (ou Cassandre). Ce poème obscur, rempli de prophéties et de références mythologiques complexes, reflète son goût pour l’érudition et le style cryptique.

Bien que peu de détails subsistent sur sa pensée, il semble avoir valorisé la rhétorique sophistiquée et une approche littéraire de la philosophie, mêlant tragédie, mythologie et jeu linguistique.

Xéniade de Corinthe (Ve siècle av. J.-C.) est une figure moins connue des sophistes, mentionnée surtout par Platon. Il fut le tuteur de Périclès et est associé à une approche pragmatique et politique de la sophistique.

Sa pensée met l’accent sur l’éducation des élites pour le pouvoir, combinant rhétorique, stratégie et gestion des affaires publiques. Il défendait l’idée que la réussite dépend de la maîtrise des techniques de persuasion et de l’adaptation aux circonstances, reflétant l’esprit utilitariste de certains sophistes.

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Modif. le 16 octobre 2025

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