Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

La légende des Trois Mages : texte complet (13ème degré)

5/5 (2)

La légende des Trois Mages : texte complet au 13ème degré REAA, Chevalier de Royal-Arche. Qu’est-ce que cette légende et d’où vient-elle ? Que contient-elle ?

Créé vers 1730, le degré de Royal Arche a connu différentes versions, faisant appel à différentes légendes. La plus connue est basée sur la légende d’Enoch, mais il existe une version alternative souvent citée, à savoir la légende des Trois Mages.

Cette légende s’inscrit dans le cadre historique du Temple de Jérusalem, après la destruction du premier Temple en 586 avant JC, alors que la légende d’Enoch se situe avant la consécration du Temple par Salomon.

Dans cette belle légende, les Trois Mages parviennent « au centre de l’Idée ».

Voici donc le texte complet de la légende des Trois Mages souvent évoquée au 13ème degré REAA.

Longtemps après la mort d’HIRAM et de SALOMON, après que les armées de NABUCHODONOSOR eurent détruit le royaume de Juda, rasé la ville de Jérusalem, renversé le Temple, emmené en captivité ceux qui avaient survécu au massacre des populations, alors que la montagne de Sion n’était plus qu’un désert aride, trois voyageurs arrivèrent un matin au pas lent de leurs chameaux.

Ces trois voyageurs étaient des Mages, des Initiés de Babylone, membres du Sacerdoce Universel, qui venaient en pèlerinage et en exploration aux ruines de l’ancien Sanctuaire.

Les pèlerins parcoururent l’enceinte ravagée. Les vestiges des murs et les fûts des colonnes leur permirent de déterminer les limites du Temple. Ils se mirent ensuite à examiner les chapiteaux gisant à terre ainsi que les pierres pour y découvrir des inscriptions ou des symboles.

Pendant qu’ils procédaient à cette exploration, ils découvrirent une excavation sous un pan de mur renversé au milieu des ronces. C’était un puits situé à l’angle sud-est du Temple. Ils s’employèrent à en déblayer l’orifice, après quoi l’un deux, le plus âgé, se couchant à plat ventre sur le bord, regarda à l’intérieur.

On était en été au milieu du jour, le Soleil culminait et ses rayons plongeaient presque verticalement dans le puits. Un objet brillant frappa les yeux du Mage. Il appela ses compagnons qui se placèrent dans la même position et regardèrent. Il y avait là un objet digne d’attention : sans doute un bijou sacré. Les trois pèlerins résolurent de s’en emparer. Ils dénouèrent les ceintures qu’ils avaient autour des reins, les attachèrent bout à bout et en jetèrent une extrémité dans le puits. Alors, deux d’entre eux, s’arc-boutant, se mirent en devoir de soutenir le poids de leur chef qui descendrait. Celui-ci, empoignant la corde, disparut par l’orifice.

Quel était donc l’objet qui avait attiré l’attention des pèlerins ? Quand le Maître, devant la porte de l’Orient, eût reçu le coup de pince du deuxième mauvais compagnon, il s’enfuit pour gagner la porte du Sud ; mais, craignant soit d’être poursuivi, soit de rencontrer un troisième mauvais compagnon, il enleva de son cou un bijou qui y était suspendu par une chaîne de soixante-dix-sept anneaux (ndlr : durée de la construction du Temple : 77 mois), et le jeta dans le puits qui s’ouvrait au sud-est du Temple. Ce bijou était un Delta d’une palme de côté, fait du plus pur métal, sur lequel HIRAM avait gravé le Nom Ineffable et qu’il portait sur lui, la face en dedans, le revers seul exposé aux regards, ne montrant qu’une surface unie.

S’aidant des mains et des pieds, le Mage descendit dans la profondeur du puits, il constata que la paroi était divisée en zones ou anneaux faits en pierres de couleurs différentes, chacun d’eux d’une coudée environ de largeur.

Quand il fut en bas, il compta ces zones et trouva qu’elles étaient au nombre de dix. Il baissa alors son regard vers le sol, vit le bijou d’HIRAM, le ramassa, le regarda et constata avec émotion qu’il portait le Mot Ineffable qu’il connaissait lui-même, car il était, lui aussi, un initié parfait. Pour que ses compagnons, qui n’avaient pas, comme lui, reçu la plénitude de l’initiation, ne pussent le lire, il suspendit le bijou à son col par la chaînette, mettant la face en dedans, ainsi qu’avait fait le Maître. Il regarda ensuite autour de lui et constata l’existence, dans la muraille, d’une ouverture par laquelle un homme pouvait pénétrer. Il y entra, marchant à tâtons dans l’obscurité. Ses mains rencontrèrent une surface qu’au contact, il jugea être du bronze. Il recula alors, regagna le fond du puits, avertit ses compagnons pour qu’ils tinssent ferme la corde et remonta.

En voyant le bijou qui ornait maintenant la poitrine de leur chef, les deux Mages s’inclinèrent devant lui, ils devinèrent qu’il venait de subir une nouvelle consécration. Il leur dit ce qu’il avait vu, leur parla de la porte de bronze. Ils pensèrent qu’il devait y avoir là un mystère ; ils délibérèrent et résolurent d’aller ensemble à la découverte.

Ils placèrent une extrémité de la corde faite des trois ceintures sur une pierre plate placée près du puits et sur laquelle on lisait encore le mot « JAKIN ». Ils roulèrent dessus un fût de colonne où l’on voyait le mot « BOAZ », puis s’assurèrent qu’ainsi tenue, la corde pouvait supporter le poids d’un homme.

Deux d’entre eux firent ensuite du feu sacré à l’aide d’un bâtonnet de bois dur roulé entre les mains et tournant dans un trou fait en un morceau de bois tendre. Quand le bois tendre fut allumé, ils soufflèrent pour aviver la flamme. Pendant ce temps, le troisième était allé prendre, dans les paquetages attachés en croupe des chameaux, trois torches de résine qu’ils avaient apportées pour écarter les animaux sauvages de leurs campements nocturnes. Les torches furent successivement allumées au feu sacré. Chaque Mage, tenant sa torche d’une main, se laissa glisser le long de la corde jusqu’au fond du puits.

Ils s’enfoncèrent, sous la conduite de leur chef, dans le couloir menant à la porte de bronze. Arrivé devant celle-ci, le vieux Mage l’examina attentivement à la lueur de sa torche. Il constata, au centre, l’existence d’un ornement en relief ayant la forme d’une couronne royale entourée d’un cercle composé de points, au nombre de vingt-deux.

Le Mage s’absorba dans une profonde méditation, puis il prononça le mot « MALKHUTH » et la porte s’ouvrit brusquement.

Les explorateurs se trouvèrent alors devant un escalier qui s’enfonçait dans le sol, ils s’y engagèrent, en comptant les marches. Quand ils en eurent descendu trois, ils rencontrèrent un palier triangulaire sur le côté gauche duquel commençait un nouvel escalier. Ils s’engagèrent dans celui-ci et, après cinq marches, trouvèrent un nouveau palier de mêmes forme et dimension. Cet escalier continuait du côté droit et se composait de sept marches.

Ayant franchi un troisième palier, ils descendirent neuf marches et se trouvèrent devant une deuxième porte en bronze. Le vieux Mage l’examina comme la précédente et constata l’existence d’un autre ornement en relief représentant une pierre d’angle, entourée aussi d’un cercle de vingt-deux points. Il prononça le mot « IESOD » et cette porte s’ouvrit à son tour.

Les Mages entrèrent dans une vaste salle voûtée et circulaire dont la paroi était ornée de neuf fortes nervures partant du sol et se retrouvant au point central du sommet.

Ils l’examinèrent à la lueur de leurs torches, en firent le tour pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’autre issue que celle par laquelle ils étaient entrés. Ils n’en trouvèrent point et songèrent à se retirer ; mais leur chef revint sur ses pas, examina les nervures les unes après les autres, chercha un point de repère, compta les nervures et, soudain, il appela. Dans un coin obscur, il avait découvert une nouvelle porte de bronze.

Celle-là portait comme symbole un soleil rayonnant, toujours inscrit dans un cercle de vingt-deux points. Le chef des Mages ayant prononcé le mot « HOD », elle s’ouvrit encore et donna accès à une deuxième salle.

Successivement, les explorateurs franchirent sept autres portes également dissimulées et passèrent dans de nouvelles cryptes.

Sur l’une de ces portes, il y avait une tête de lion ; sur la suivante, une lune resplendissante ; puis ce furent : une règle, une courbe molle et gracieuse, un œil, un rouleau de la Loi et enfin, une couronne royale.

Les mots prononcés furent : NETSAKH, TIPHERETH, KHESED, GUEBURAH, KHOKHMAH, BINAH et KETHER.

Quand ils entrèrent dans la neuvième Voûte, les Mages s’arrêtèrent surpris, éblouis, effrayés. Celle-là n’était point plongée dans l’obscurité ; elle était, au contraire, brillamment éclairée. Dans le milieu, étaient placés trois lampadaires d’une hauteur de onze coudées, ayant trois branches sur chacune desquelles étaient trois lampes. Ces lampes brûlaient depuis des siècles, malgré la destruction du royaume de Juda, le démantèlement de Jérusalem et l’écroulement du Temple, et brillaient d’un vif éclat, illuminant d’une lumière à la fois douce et intense tous les détails de la merveilleuse architecture de cette Voûte sans pareille, taillée en plein roc.

Les pèlerins éteignirent leurs torches devenues inutiles, ôtèrent leurs chaussures et rajustèrent leur coiffure comme en un lieu saint, puis ils s’avancèrent en s’inclinant neuf fois vers les gigantesques lampadaires.

A la base du triangle formé par ceux-ci, était dressé un Autel de marbre blanc, cubique, de deux coudées de côté. Sur la face est étaient représentés, en or, les outils de la maçonnerie, la règle, l’équerre, le compas, le niveau, la truelle et le maillet. Sur la face nord, on voyait des figures géométriques : le triangle, le carré, l’étoile à cinq branches et le cube. Sur la face latérale sud, on lisait les nombres 27, 125, 343, 729, 1331 et 2197 (ndlr : ce sont les cubes de 3, 5, 7, 9 11 et 13). Enfin, sur la face arrière, était représenté l’acacia symbolique. Sur cet autel, était posée une pierre d’agate de trois palmes de côté : dessus, on lisait, écrit en lettres d’or, le mot « Adonaï ».

Les deux Mages disciples s’inclinèrent, adorèrent le nom de Dieu, mais leur chef, relevant au contraire la tête, leur dit : « Il est temps pour vous de recevoir le dernier enseignement qui fera de vous des Initiés complets. Ce nom n’est qu’un vain symbole qui n’exprime pas réellement l’idée de la Conception Suprême ».

Il prit alors à deux mains la pierre d’agate, se retourna vers ses disciples en leur disant : « Regardez ! La Conception Suprême, la voilà ! Vous êtes au centre de l’Idée ! ».

Les disciples épelèrent les lettres « IOD »,« HE », « VAV », « HE », et ouvrirent la bouche pour prononcer le Mot, mais il leur cria : « Silence ! C’est le Nom Ineffable qui ne doit sortir d’aucune lèvre ! » Il reposa ensuite la pierre d’agate sur l’autel, prit sur sa poitrine le bijou du Maître HIRAM et leur montra que les mêmes signes s’y trouvaient gravés.

« Apprenez maintenant, continua-t-il, que ce n’est pas SALOMON qui fit creuser cette Voûte hypogée, ni construire les huit voûtes qui la précèdent, pas plus qu’il n’y cacha la pierre d’agate. La pierre fut placée là par ÉNOCH, le premier de tous les Initiés, l’Initié initiant, qui ne mourut point et qui survit dans tous ses fils spirituels. ÉNOCH vécut longtemps avant SALOMON, avant même le Déluge. On ne sait à quelle époque furent bâties les huit premières Voûtes et celle-ci creusée dans le roc vif ».

Cependant, les nouveaux grands Initiés détournèrent leur attention de l’Autel et de la pierre d’agate, regardèrent le ciel de la salle qui se perdait à une hauteur prodigieuse, parcoururent la vaste nef où leurs voix éveillaient des échos répétés. Ils arrivèrent ainsi devant une onzième porte, soigneusement dissimulée et sur laquelle le symbole était un vase brisé. Ils appelèrent leur Maître et lui dirent : « Ouvre-nous encore cette porte, elle doit cacher un nouveau mystère». « Non, leur répondit-il, il ne faut point ouvrir cette porte. Elle cache un mystère, mais c’est un mystère terrible, un mystère de mort ! ». « Oh ! Tu veux nous cacher quelque chose, le réserver pour toi ; mais nous voulons tout savoir, nous l’ouvrirons nous-mêmes cette porte ». Ils se mirent alors à prononcer tous les mots qu’ils avaient entendus de la bouche de leur Maître ; puis, comme ces mots ne produisaient aucun effet, ils dirent tous ceux qui leur passèrent par l’esprit.

Ils allaient renoncer quand l’un deux prononça : « Nous ne pouvons pas cependant continuer à l’infini (EIN SOPH) ». Sur ce mot, la porte s’ouvrit avec violence, les deux imprudents furent renversés au sol, un vent furieux souffla dans la Voûte ; les lampes magiques en furent éteintes.

Le Maître se précipita sur la porte, s’y arc-bouta, appela ses disciples à l’aide ; ils accoururent à sa voix, s’arc-boutèrent avec lui ; et leurs efforts réunis parvinrent à refermer la porte.

Mais les lumières ne se rallumèrent point ; les Mages furent plongés dans les ténèbres les plus profondes. Ils se rallièrent à la voix de leur Maître. Celui-ci leur dit : « Hélas ! Cet événement terrible était à prévoir. Il était écrit que vous commettriez cette imprudence. Nous voici en grand danger de périr dans ces lieux souterrains ignorés des hommes. Essayons cependant d’en sortir, de traverser les huit Voûtes et d’arriver au puits par lequel nous sommes descendus. Nous allons nous prendre par la main, nous marcherons jusqu’à ce que nous trouvions une muraille, nous suivrons ensuite celle-ci jusqu’à ce que nous rencontrions la porte de sortie. Nous recommencerons dans toutes les salles jusqu’à ce que nous soyons arrivés au pied de l’escalier de vingt-quatre marches ». Ainsi firent-ils. Ils passèrent des heures d’angoisse, mais ils ne désespérèrent point. Ils arrivèrent au pied de l’escalier de vingt-quatre marches.

Ils le gravirent en comptant« 9 », « 7 », « 5 », « 3 » et se retrouvèrent au fond du puits. Il était minuit ; les étoiles brillaient au firmament ; la corde pendait toujours.

Avant de laisser remonter ses compagnons, le Maître leur montra le cercle découpé dans le ciel par l’ouverture du puits et leur dit : « Les dix cercles que nous avons vus en descendant symbolisent les neuf Voûtes et l’escalier. La dernière correspond au nombre onze, celle d’où a soufflé le vent du désastre : c’est le ciel infini et ses luminaires hors de notre portée qui le peuplent ».

Les trois Initiés regagnèrent l’enceinte du Temple en ruines ; ils roulèrent de nouveau le fût de colonne, sans y voir le mot « Boaz » ; ils détachèrent leurs ceintures, s’en enveloppèrent, se mirent en selle. Puis, sans échanger de paroles, plongés dans une profonde méditation, sous le ciel étoilé, au milieu du silence de la nuit, ils s’éloignèrent, au pas lent de leurs chameaux, dans la direction de Babylone.

Voir aussi le rituel d’instruction au 13ème degré REAA : Chevalier de Royal-Arche

Modif. le 7 décembre 2023

Vous pouvez noter cet article !